L'agriculture de demain que nous souhaitons installer dans nos compagnes mérite mieux que les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), les semences hybrides sélectionnées dans les laboratoires, les apports intensifs des pesticides et engrais chimiques et le verdissement du model d'exploitation industrielle. L'agriculture durable a plutôt besoin de paysans, et en ce sens, il ne peut y avoir d'agriculture durable sans paysans dans les territoires ruraux. L'héritage de connaissance agricole et le savoir faire des agriculteurs locaux sont les mieux placés pour percevoir la complexité et la globalité de l'environnement, associés à l'évolution de nos connaissances scientifiques et à la concertation avec les citoyens, permettent d'engendrer bon nombre des systèmes de production performants en agriculture durable, de proposer et d'accompagner des changements opportuns. Il n'existe pas de modèle achevé et figé de la durabilité. C'est un état d'esprit et une dynamique dans laquelle il est nécessaire de s'améliorer constamment, selon une démarche qui prévoit cette clause de progression et les moyens pour l'évaluer. Dans quelle cadre s'organisent-ils nos agriculteurs pour se revendiquer de l'agriculture durable ? C'est dans le cadre des 27 principes du développement durable approuvés par les 174 pays réunis à Rio 1992 lors de la 2ème conférence organisée par les nations unis sur l'environnement et le développement qui, rapportés aux domaines agricole et rural, peuvent se regrouper en quatre dimensions indissociables: l'efficience économique, l'équité sociale, la protection des ressources naturelles, la culture et l'éthique
A cet effet, l'application des principes de développement agricole durable est impérativement liée à la forme d'organisation des petits et moyens agriculteurs locaux afin de mettre sur place les structures adéquates au développement du secteur et l'amélioration des conditions d'exploitation agricole pour faire face aux effets de: · l'utilisation irrationnelle et non adaptée des facteurs qui concourent à la production et aux services rendus pour l'amélioration des revenus des agriculteurs. · déséquilibre entre l'offre et la demande, et l'influence qui impose la distribution des produits agricoles sur les consommateurs et les producteurs, ne permettant pas à la production agricole dans ses diversités à générer un développement harmonieux du secteur et assurer des revenus suffisants et stables aux agriculteurs locaux. · l'industrialisation et la concentration de l'agriculture capitalistique qui poussent à produire toujours plus à de moins en moins d'actifs. · de l'appropriation du vivant dans un but mercantile et non respectueux des équilibres naturels comme les OGM alimentaires. · la préservation de l'environnement et la dégradation de la biodiversité.
L'établissement d'une collaboration fructueuse saine et équitable entre les agriculteurs solidaires dans les domaines de production et des distributions entraîne inéluctablement le milieu rural dans une dynamique de développement socio-économique assurant une stabilité sociale par la création de l'emploi et la réduction de l'exode. C'est ainsi qu'il faudrait œuvrer pour un développement par objectif qui donne un rôle principal au secteur agro-alimentaire et de distribution des produits qui prendra le devant de la scène et jouera le rôle de locomotive pour un développement rationnel et ciblé de l'agriculture tunisienne et des revenus des agriculteurs locaux. Cet outil n'est autre que la création d'un ensemble des coopératives et consortiums de production et distribution des produits agro-alimentaires. C'est en fait le développement d'un tissu associatif performant dans le milieu rural qui aura pour objectif la promotion des plates formes ou des centres de collecte, de transformation, de conditionnement, de stockage frigorifique et d'exportation. Ces plates formes rayonneront sur les régions des productions, définiront la politique agricoles à suivre par les agriculteurs locaux, assisteront techniquement, financièrement les producteurs et les agents d'encadrement. Ils serviront en fait comme précurseurs et stimulateurs de développement du secteur agricole durable. Elles interviendront également dans l'identification des projets mixtes et la promotion de partenariat entre les deux rives de la méditerranée dans les secteurs de distribution et de conditionnement des produits agricoles. Elles établiront un processus de développement soutenu des capacités de production et de transformation par: * Le transfert des technologies de production et de transformation durables. * La mise en place des processus de production selon un système de traçabilité fiable. * La mise à disposition des moyens matériels et financiers au profit des opérateurs et des agents de développement des secteurs.