Le Prix Nobel de la paix vient d'être décerné au président américain Barack Obama. L'effet de surprise a été ménagé: seuls trois présidents américains ont été récompensés pendant leur mandat. Il semble que, après neuf mois d'exercice du pouvoir au niveau le plus haut de la planète, Obama continue de surfer sur un état de grâce rarement atteint par un locataire de la Maison-Blanche. La performance est à marquer d'une pierre blanche sur les tablettes de l'Histoire. Cette performance s'explique par une vision tolérante, ouverte et pacifiste sur le monde. Un monde qui se débat encore dans les miasmes de la violence, dans les remous des guerres et qui a besoin d'un grand coup de balai pour que soient éradiqués à tout jamais les germes de la discorde. Obama appelle à une dénucléarisation de la planète, une dénucléarisation qui se ferait sans une quelconque exception. Ce serait là un grand pas dans la voie de la paix dans le monde. Mais c'est aussi un pari quasi-insurmontable quand on sait que, pour certains pays, la bombe nucléaire est considérée comme un moyen, qu'ils prétendent, vital pour leur survie. Et nous en arrivons particulièrement ici au cas d'Israël. Bâti sur la violence, ce pays ne peut évoluer que sur l'exigence permanente de violence. L'injustice appelle l'injustice, et c'est là qu'Obama pourrait perdre pied. Et on le voit ces derniers temps dans les atermoiements de sa démarche en ce qui concerne le règlement du conflit israélo-arabe. C'est presque la douche froide après la bouffée d'espoir suscitée par sa thèse des deux Etats, palestinien et israélien, et par son fameux discours du Caire, véritable diatribe contre l'idée, vénéneuse du choc des civilisations. Mais peut-être le Prix Nobel l'aidera-t-il à franchir cet écueil et à continuer à prôner la notion de centralité du problème palestinien.