Incontestablement, cette décision revêt une haute valeur historique. C'est peut-être un tournant déterminant dans la politique internationale telle qu'elle a été menée jusqu'à aujourd'hui par la Maison-Blanche. Un grand ouf de soulagement. Ne dit-on pas qu'une guerre, il est facile de savoir quand elle commence mais difficile de savoir quand elle finirait! Surtout quand les enjeux géopolitiques, stratégiques et économiques s'y entrecroisent étroitement. Dans cette annonce, on peut percevoir des accents de triomphalisme chez Obama. Mais on ne peut pas lui en tenir rigueur. Tout d'abord parce que dans cette guerre, Obama n'a aucune responsabilité. Ce n'est pas sa guerre. Elle a été décidée et menée par son prédécesseur d'une manière frappée au sceau de la honte et de la barbarie. C'était pire que la guerre du Vietnam dans la mesure où cette dernière s'était inscrite dans un contexte complexe et périlleux, celui de la guerre froide entre les deux blocs de l'Est et de l'Ouest. Celle de l'Irak n'avait aucune raison d'être. Aucune justification. Les deux arguments-massues invoqués ne tiennent pas la route: le premier étant la mainmise sur le pétrole du pays et la soi-disant menace que Saddam Hussein faisait planer sur Israël. Ce serait plutôt ce dernier qui représenterait une constante menace planant sur le monde arabe. Ensuite, la décision de mettre le holà aux missions de combat figurait déjà dans son programme en vue de l'élection présidentielle. Il faut donc reconnaître le mérite d'Obama en la matière, le mérite d'avoir sauté le pas, même si d'autres périls se profilent à l'horizon, obscurcissant tout retour à la normale, c'est-à-dire à la situation du pays (stabilité politique, prospérité économique, rayonnement culturel, etc.) d'avant l'invasion du pays. Aucune responsabilité dans ce drame incommensurable de la part du président américain? Oh que non! Il a, lui aussi, une part de responsabilité, non pas en tant que haut responsable des E-U mais en tant que citoyen de la communauté étatsunienne. Oui, c'est tout le peuple américain qu'il faut mettre sur la sellette. Et ce ne sont pas les quelques réactions frileuses des pacifistes qui atténueront cette pénible constatation. On n'a pas pu soulever les foules comme au temps de la guerre du Vietnam. Attaquer et détruire froidement un pays a laissé froid la grande majorité des Américains. On n'oubliera pas de si tôt ce crime monstrueux. A moins que, prenant son courage à deux mains, Obama ne frappe un grand coup dans la fourmillère du Moyen-Orient et mette au pas l'arrogant Israël! Il aura à ce moment-là mérité le Prix Nobel de la paix qui lui avait été inconsidérément décerné. Il aura permis au peuple américain d'expier son crime. Mettre fin à 60 ans de guerre injuste, n'est-ce pas la plus belle et la plus noble des performances!