* Au niveau des échanges commerciaux, on commence l'année avec une reprise du signe positif des exportations * Sur le plan monétaire et selon un communiqué de la Banque Centrale, la masse monétaire M3 a progressé, au cours du premier trimestre de l'année 2010 de 1,7%
Encore une fois nous sommes soumis à la pression d'une conjoncture internationale imprévisible et surtout hostile. Après les incidents du 11 Septembre 2001, la guerre du Golfe de 2003, 3 années de sècheresse, une crise alimentaire mondiale, une hausse des cours du pétrole et des principales matières premières, et la crise financière et économique en 2008 ; voilà que rebondit une crise chez nos principaux partenaires commerciaux à savoir la zone euro. Mais malgré ces évènements et cette conjoncture, la Tunisie s'est bien acquis une immunité contre les chocs grâce à la clairvoyance de la politique économique, et les différentes réformes introduites pour solidifier les bases de l'économie nationale. En effet, après une année 2009 difficile, on commence une année 2010 sous de bons auspices selon les indicateurs du premier tiers de l'année. Mais le reste de l'année doit être placé sous le signe de la vigilance. Des indicateurs au vert et certaines bémols : Plusieurs indicateurs économiques se sont améliorés par rapport à l'année 2009, ce qui nous laisse un peu d'optimisme pour une éventuelle reprise. Au niveau des échanges commerciaux, on commence l'année avec une reprise du signe positif des exportations. En effet, durant les 4 premiers mois de l'année les exportations ont augmenté de 15.9% totalisant 7307 MD. Les résultats du commerce extérieur apportent certaines satisfactions. Les exportations des Industries mécaniques et électriques ont augmenté de 32.5%, ce qui constitue un bon signe. Quant aux exportations de textiles, habillements et cuir, la hausse est encore molle, mais s'installe dans un sens positif, enregistrant une amélioration de + 5.9%. Ces deux rubriques représentent plus de 55% de nos exportations. Mais ce résultat ne doit pas cacher l'importance du déficit commercial qui a atteint 2867MD, avec des importations qui ont augmenté de plus de 30%.
Du côté de l'inflation, l'objectif étant de la maîtriser à 4.5% en 2010, mais le résultat enregistré jusqu'au mois d'Avril dernier l'a dépassé. L'indice des prix à la consommation a augmenté de 5.1%, avec une hausse importante de plus de 8% de la rubrique alimentation. Faut-il rappeler que selon le modèle de développement pour le prochain plan 2009-2014, l'objectif est de maîtriser l'inflation au niveau de 3.6%. Un objectif qui semble jusqu'à présent difficile à atteindre. Concernant l'indice des prix à la Vente Industrielle, il a augmenté au cours des deux premiers mois de l'année de 0.1%, ce qui est un signe positif témoignant de la compétitivité de notre industrie. En effet malgré une augmentation des prix des hydrocarbures et du gaz de 4.3%, et un euro qui a monté en flèche durant les précédents mois, on arrive à presque stabiliser les prix. Ce résultat au niveau des prix à la vente est enregistré malgré une hausse des prix à la production industrielle de 8.7% durant les 3 premiers mois de l'année. Les prix à la production au niveau de l'industrie manufacturière ont augmenté de 8.9%, avec des pics au niveau de l'industrie mécaniques et électriques de 25.6% et ceux de l'industrie chimique de 35%. L'autre « clignotant » de l'économie nationale qui s'est mis au vert au début de cette année, est celui des IDE. En effet, au cours des 4 premiers de l'année les investissements étrangers ont atteint 594 millions de dinars dont 569,3 millions de dinars d'investissements directs et 24,7 millions de dinars en portefeuille contre respectivement 542 millions de dinars d'investissements directs et 17,4 millions de dinars en portefeuille au cours de la même période de l'année 2009 soit une augmentation de 6,2 %. Après une baisse de plus de 30% l'année dernière, les IDE retrouvent un signe positif. Concernant les investissements déclarés dans l'industrie, n'ont pas connu le même sort. Ils enregistrent un décroissement de 19,8% durant les 03 mois 2010, totalisant seulement 760 MD, contre 947 MD durant la même période 2009. Sur le plan monétaire et selon un communiqué de la Banque Centrale, « la masse monétaire M3 a progressé, au cours du premier trimestre de l'année 2010 de 1,7% et les concours à l'économie ont augmenté, durant la même période, de 3,9%, soit un rythme élevé reflétant l'effort consenti par le secteur bancaire en matière de financement de l'économie ». Pour faciliter à nos chers lecteurs la lecture de ces chiffres il est important d'ouvrir une parenthèse à ce niveau concernant les agrégats monétaires. En effet il existe trois types d'agrégats monétaires M1, M2, et M3 - L'agrégat M1, regroupe le total des pièces et billets en circulation et des dépôts bancaires à vue (comptes courants). - L'agrégat M2 est égal à M1 plus le "crédit à court terme". - L'agrégat M3 égale M2 plus divers placements monétaires, essentiellement des dépôts à terme d'une durée supérieure à 2 ans, et des OPCVM monétaires. L'agrégat M3 est l'indicateur le plus large concernant le crédit bancaire, mais non pas l'ensemble du crédit dont une partie passe directement par les marchés financiers. On espère qu'on n'a pas encore compliqué les choses.
Depuis le début de l'année, le dinar s'est apprécié face à l'euro de 0.4% et il s'est déprécié de 7.4% face au dollar.
Au niveau du tourisme le début de l'année est très mitigé avec une légère hausse des entrées et une baisse des revenus. En effet, au cours du premier trimestre de l'année 2010, environ 1, 100 million de touristes ont visité notre pays, en progression de 0,6%, par rapport à la même période de l'année écoulée. Ils ont passé plus de 4,463 millions de nuitées, enregistrant ainsi, une hausse de 4,6% par rapport au premier trimestre de l'année 2009. Du côté des recettes elles se sont stabilisées à 545 MD, soit une baisse de -2% en dinars tunisiens. Même avec cette baisse des recettes touristiques, les avoirs nets en devises se sont élevés à 13 103 Millions de dinars au cours des deux premiers mois 2010 contre 12 132 millions de dinars un an plus tôt permettant la couverture de 178 jours d'importation contre 149 au cours de la même période de 2009. La Bourse de Tunis semble s'inscrire dans une tendance haussière depuis le début de l'année. Le Tunindex a enregistré un accroissement de 0,48% la semaine dernière, contre 0,15% la semaine précédente. Depuis le début de l'année, ses gains cumulés se sont élevés à 15,47% contre 16,55% pour la même période de 2009, selon la BVMT. En revanche, le volume des échanges a baissé, d'une semaine à l'autre, de163 millions de dinars à 45 millions de dinars .
Le flou pour le reste de l'année Même avec un début d'année plutôt bon pour l'économie nationale, les perspectives pour le reste de l'année sont floues, surtout à la lumière des récents rebondissements dans la zone euro. Il faut ainsi s'attendre à une baisse des exportations vues le possible baisse de la demande dans la zone. Il faut aussi surveiller les réservations touristiques de la part des Européens qui peuvent baisser suite aux mesures d'austérité adoptées et l'érosion du pouvoir d'achat des ménages européens. L'euro qui se maintient à son niveau habituel face au dinar, risque de baisser dans les prochains mois ce qui contribuerait à réduire notre déficit commercial et le coût de nos importations. Du côté du dollar, qui ne cesse pas de marquer des points face au dinar, il risque de pénaliser le coût de nos importations énergétiques qui s'effectuent en cette monnaie. Cette hausse au niveau du change, peut être compensée par une baisse des cours du brut qui viennent de tomber au dessous de 70 dollars. Au niveau de l'agriculture les prémices sont plutôt bonnes et on s'attend à une production moyenne de blé, et une bonne saison pour l'huile d'olive. Les indicateurs de l'économie nationale sont à surveiller au cours des prochains mois à la lumière du dénouement de la crise de la zone euro. Certains indicateurs sont à suivre plutôt que d'autres. Il s'agira surtout du déficit commercial, du taux d'inflation, des revenus touristiques, et de l'indice des prix à la production industrielle.