M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale a passé en revue les objectifs fixés par ce plan, à travers duquel la Tunisie ambitionne de réaliser au cours du ce prochain quinquennat un taux de croissance annuel de 5,5%. Les objectifs principaux sont L'accroissement du revenu par tête d'habitant à 7.000 dinars, la réduction du taux de la pauvreté, la création de 425.000 emplois au cours de la période du plan afin de résorber les demandes additionnelles d'emplois et l'amélioration des indices de développement humain (IDH) en Tunisie en vue de les porter à des taux similaires à ceux enregistrés dans les pays développés. Des efforts seront également consentis pour promouvoir les ressources humaines, ancrer l'économie du savoir, réaliser la sécurité alimentaire et optimiser la gestion des ressources humaines. Ainsi, le financement des projets prévus par le plan de développement nécessite la mobilisation d'une enveloppe d'une valeur de 120 milliards de dinars dont 73% générés par l'épargne nationale, 14,3% par les investissements directs étrangers (IDE) et 12% sous forme de prêts. Il faut accroître les investissements privés de 14% par an au cours de la période 2010-2014, libéraliser les services, améliorer la qualité des programmes d'enseignement et de formation atteindre, à l'horizon 2014, quelque 37.000 diplômés du supérieur dans les filières des sciences et d'ingénierie, contre 26.000 en 2009. M. Hédi Djilani, président de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), a, pour sa part, recommandé d'améliorer les taux d'encadrement et de productivité dans les entreprises tunisiennes. Ces taux demeurent bien en deçà de ceux enregistrés dans les pays de l'Union Européenne (UE), premier partenaire économique de la Tunisie. La petite taille du marché local nécessite d'orienter les investissements vers des secteurs exportateurs et à forte employabilité, notamment au profit des diplômés du supérieur. Le président de la centrale patronale a appelé, dans ce contexte, à une révision de la législation du travail. De son côté M. Mabrouk Bahri, président de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP), a suggéré l'élaboration d'un programme cohérent dans le cadre du plan de développement pour améliorer la productivité. Il a également proposé la création de mécanismes destinés à réduire les impacts des changements climatiques, notamment la sécheresse, sur le secteur agricole. M. Ghoulem Debbech, président de l'Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT), a, pour sa part, préconisé de renforcer les administrations publiques en compétences, après le départ de plusieurs d'entre elles vers le secteur privé. D'où la nécessité d'offrir des incitations à l'ensemble des agents de l'administration en récompense de leur abnégation dans le souci de réaliser la qualité requise.
Tunisie: la feuille de route du gouvernement pour 2010-2014 Feuille de route du gouvernement pour le prochain quinquennat, ce plan, qui sera l'instrument pour la mise en œuvre du programme présidentiel 2009-2014, se traduira par une migration de l'économie nationale vers un modèle tiré par l'innovation et le savoir. Plusieurs réformes seront engagées, à cette fin, et seront articulées autour de six principaux axes: évolution de la structure économique vers une économie amie de l'environnement et à forte composante technologique (création de pôles de compétitivité), amélioration de l'environnement des affaires et de l'attractivité du site Tunisie, renforcement de l'intégration de l'économie nationale dans l'économie mondialisée (intensification de la libéralisation des échanges et orientation vers la convertibilité totale du Dinar) et préservation des équilibres financiers (facteur déterminant pour garantir la pérennité du processus de développement du pays). Il s'agit, également, de développer les ressources humaines (amélioration de la qualité de l'apprentissage à tous les niveaux et son adaptation aux ratios internationaux) et d'impulser le développement régional (diversification de la base économique des régions, modernisation de l'infrastructure, création de 48 nouvelles zones industrielles, sédentarisation des habitants des zones frontalières). Les secteurs participeront à la croissance au taux (5,5%) de 4,9% pour l'agriculture, 18,6% pour les industries manufacturières, 6,5% pour les industries non manufacturières et 70% pour les services. Le taux des diplômés du supérieur sans emploi diminuera, quant à lui, au cours de la même période, de 21,7% à 13,6%. S'agissant de l'investissement, le plan prévoit un accroissement de 11,2% pour atteindre 98.321 MDT, soit 26% du PIB. La part du secteur privé dans l'investissement sera portée à 60,8 % à la fin du quinquennat. L'investissement direct étranger (IDE) suivra le mouvement à la hausse et augmentera pour atteindre les 17.200 MDT dont 905 MDT d'investissements de portefeuille. Par ailleurs, le schéma de développement du plan prévoit de porter l'épargne à 23,6% du PIB tandis que le déficit budgétaire sera maintenu dans la limite de 2,7% du PIB. Le taux de consommation publique et privée est fixé, respectivement, à 4,8% (11.015,8 MDT) et à 5,4% (40.250 MDT). Les exportations augmenteront au taux de 6,5% (28.337,9 MDT). Les importations croîtront au taux de 7 % (30.323 MDT). Le taux d'encadrement passera de 15,5 % durant la période 2007-2009 à 21,5 % durant le quinquennat 2010-2014. Les sources de développement seront assurées à hauteur de 23% par la productivité du travail, 28,4% par la productivité du capital et 48,6% par la productivité globale des facteurs de production. Le schéma de développement retenu a pour ambition de contribuer à la réalisation de la sécurité alimentaire et à l'amélioration de l'exploitation des ressources naturelles. A cet effet, les stratégies sectorielles tendent à accroître la production, à améliorer la productivité et la compétitivité des produits agricoles à travers le renforcement de l'encadrement des agriculteurs, leur approvisionnement en moyens de production et l'assurance d'une meilleure complémentarité recherche et production. L'accent sera mis sur l'extension des périmètres irrigués, l'adaptation aux changements climatiques, la réduction des pertes de production, l'augmentation de la capacité de stockage et surtout des stocks régulateurs et le développement de la transformation des produits agricoles. Une attention particulière sera accordée à l'autosuffisance en céréales, particulièrement, en blé dur, à l'extension des cultures fourragères et des cultures bio et géothermiques et au développement de l'aquaculture pour porter sa part dans la production de poisson à 10%. Concernant la préservation des ressources naturelles, les efforts porteront sur la protection des terres agricoles contre l'expansion urbaine, l'érosion et la désertification. Le but est de porter le taux du couvert végétal et pastoral à 16%, à l'horizon 2014, contre 12,8% actuellement. L'ensemble de ces objectifs ont été fixés sur la base de projections tablant sur une reprise de l'économie mondiale, les bonnes classifications obtenues par la Tunisie auprès des agences de notation internationales et des avantages comparatifs de plusieurs filières de l'économie tunisienne à l'instar de l'exportation des services de santé, les technologies de l'information et de la communication (TIC), les industries des composants automobiles, aéronautiques, électriques, électroniques et mécaniques.