Par Khaled Guezmir - Au soir du 4 novembre 2008 il y a juste deux ans, Barack Obama vainqueur de l'élection présidentielle, s'adressait en ces termes à l'Amérique dont le cœur a palpité pour lui : « Si quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos fondateurs est vivant… la réponse lui est donnée ce soir » et d'ajouter : « L'attente a été longue mais ce soir … l'Amérique a connu ce moment déterminant de changement », puis prophétiquement il conclut par un retour au réalisme pragmatique si présent dans la culture américaine : « C'est votre victoire… vous comprenez l'énormité de la tâche qui nous attend. Le chemin sera long. La montée sera rude. Nous n'y arriverons peut-être pas en un an ni même un mandat… ! » Beau tribun que ce Monsieur Obama n'est-ce pas ! En effet Obama qui est un politicien brillant et un homme de terrain averti, savait à l'avance à quel point l'héritage de son prédécesseur George W. Bush et son administration douteuse avaient fait mal à l'Amérique. En effet, étouffée par une crise économique et financière sans précédent, celle-ci à la veille de l'investiture d'Obama était embourbée dans des guerres très coûteuses, injustes et sans aucune productivité. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, cet homme bien courageux a dû faire face à de graves dégradations écologiques en mer et sur terre, en Louisiane et au Golfe du Mexique sans compter les répercussions désastreuses sur le moral des Américains et les signes d'essoufflement de la reprise des affaires, de l'investissement et de l'emploi. Miracle? L'Amérique post-Bushienne était en pleine déconfiture et même sur le plan stratégique et diplomatique la marge de manœuvre du président était bien limitée du fait de la perte vertigineuse de crédibilité et de prestige de son administration ! Remettre l'Amérique en marche avec des caisses vides et un endettement colossal, relevait du miracle en cette période bien précise. Or les miracles ne courent pas les rues par temps de crise mondiale où les Etats cherchent à survivre plutôt qu'à être solidaires. Obama est un peu abandonné par tout le monde ! Les Européens sont indifférents, les Russes ont bien du pain sur les planches chez eux et les Chinois, nouveaux patrons de l'économie mondiale n'attendent que l'effritement de l'Amérique pour accéder au leadership politique qu'ils estiment légitime parce que mérité ! Que fallait-il faire ! Prendre le taureau par les cornes et mettre en œuvre son programme électoral réformateur et ambitieux ou gérer la crise, jouer la patience et avancer prudemment ! Obama a très vite déchanté de la première stratégie. La crise financière, plus grave que prévue, et Israël y sont pour quelque chose. Les deux conjointement, avec des complicités certaines des « résidus Bushiens » de son administration, ont limité de façon considérable ses élans réformistes. La première a absorbé toutes ses réserves financières et d'intervention parce qu'il a été obligé de renflouer les banques privées par l'argent des contribuables, donc à sauver les meubles plutôt que d'attiser l'économie vers un mouvement ascendant générateur de croissance et d'emploi. Le second, Israël, par l'arrogance de MM. Netanyahu et Lieberman ont mis à nu l'impuissance de l'Amérique à peser pour éteindre le feu du Moyen-Orient et redonner espoir aux alliés de l'Amérique dans le monde arabe et musulman et ce pour lui permettre de se retirer honorablement de l'Afghanistan et d'Iraq et de neutraliser l'Iran ! Deux ans c'est peu Manque de pot, la malchance, et les dures réalités ne pouvaient faire d'Obama un faiseur de miracles en deux ans à peine ! Les dernières élections législatives lui ont certes mis du plomb dans l'aile, surtout à la Chambre des représentants où il perd la majorité. Mais miraculeusement, encore une fois, il a été épargné puisqu'il contrôle encore le Sénat. Il y a peut-être là, quelque part, une justice divine ! Obama qui a démontré un grand sens de l'honneur de la justice et de la responsabilité, un désir profond de faire la paix au Moyen-Orient et une belle combativité à circonscrire la crise économique profonde de son pays, a été bien abandonné par ses alliés dont Israël, mais pas par les Dieux de la politique ! Il lui reste à notre avis quelques flèches à son arc : persévérer dans sa voie réformiste avec détermination et courage et revoir sa tactique un peu trop molle vis-à-vis de ceux qui s'opposent au changement réel en Amérique ! Ce changement qui l'a justement porté à la présidence des Etats-Unis. Sa démarche d'aller sur la défensive comme il l'a fait au cours de ces dernières années à la Maison Blanche sur toutes les questions d'intérêt majeur notamment le retrait des troupes d'Afghanistan et la paix en Palestine en imposant les deux Etats à Israël, ne peut qu'accroître la déception, puis la sanction de ceux qui l'ont élu et qui sont les forces vives et la jeunesse américaines. Attention 2012 c'est demain !