Depuis 2006, les tunisiens ont été de plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. Ce media apparaissait comme une échappatoire face à la chape médiatique de mise en Tunisie. La Révolution a provoqué une prise de conscience et Internet est devenu un outil d'expression de masse.
La révolution DIGITALE Tunisienne Lors des manifestations qui ont secoué la Tunisie depuis le 17 décembre 2010, la seule issue pour le peuple de s'informer, face au black-out médiatique (TV, Presse, radio fortement contrôlés par le gouvernement) était de se tourner vers les technologies digitales. Face à une pression de la rue qui a monté de façon crescendo, la soif de s'informer pour le citoyen Tunisien a atteint son paroxysme. Les Tunisiens éparpillés sur le territoire diffusent/partagent l'état de la situation de façon instantanée sur les média sociaux et assument désormais sans crainte leurs opinions. Les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour s'informer ; contrairement aux images télévisées (qui peuvent être truquées pour détournement de l'opinion publique) le mobile a réussi à gagner la confiance des internautes. Le citoyen tunisien a pris la parole en se transformant en reporter sur place pour filmer la situation. Il suffit d'avoir un téléphone avec un appareil photo et supportant la technologie EDGE/3G pour pouvoir envoyer de façon instantanée les vidéos sur internet. Mieux encore des sites comme « Justin.TV » et « Qik.com » proposent de faire du live broadcasting, les internautes pouvaient suivre en direct les manifestations, ainsi que dans certains cas l'intervention brutale de la police contre le détenteur du mobile. De plus, des centaines de pages et de groupes ont été créés pour la diffusion de contenu (articles, photos, alertes…) et ont été partagés par de centaines des milliers de personnes de toutes catégories d'âge. Twitter a aussi très fortement contribué à la révolution tunisienne. Dès le 17 Décembre 2010, la communauté tunisienne déjà présente sur Twitter et qui s'est amplifiée au cours de ce dernier mois (environ plus de 1000 tunisiens actifs), a crée un sujet de discussion « hashtag » avec lequel toute personne dans le monde pouvait suivre en temps réel le flux d'information. Ce hashtag (#Sidibouzid) est resté le plus important, se classant parmi le « trending topics » (les sujets les plus chauds du jour dans le monde sur Twitter.com). Beaucoup d'internautes dans le monde suivaient ce hashtag notamment des journalistes (France24, Aljazeera, NYTimes, Le Monde, Libération….)
La parole LIBEREE Au lendemain du 14 Janvier, le 1er changement, symbolique mais traduisant bien la volonté de rupture, a été de renommer les chaînes nationales : El Wataniya 1 et 2 sont nées. Mais la vraie révolution médiatique s'est produite dans le fond des contenus de l'ensemble des supports TV et RADIO. Débarrassées du carcan de la censure, dans un premier temps, les antennes ont été largement ouvertes aux citoyens pour témoigner et communiquer les alertes dans un élan de solidarité. Puis de nombreux programmes de débats et plateaux spéciaux ont été programmés et le Journal télévisé est devenu un rendez-vous incontournable des tunisiens. Les audiences de ces média TV et Radio ont battu tous les raccords.
Sur El Wataniya 1, les débats sur la « Volonté du peuple » ainsi que le Journal télévisé ont dominé les audiences. Sur Hannibal TV et Nessma TV débats et interviews ont été très suivis. Durant cette profonde mutation, la communication publicitaire a été totalement absente, c'est le minimum de décence que les annonceurs et les professionnels de la com pouvait faire pour être solidaire de la révolte du peuple, mais c'est aussi le temps pour se remettre aussi en cause et trouver sa voie après des années d'anarchie et d'irrespect. Ne peut-on concevoir la publicité que dans son environnement lié à la consommation? Depuis le 14 janvier, les « professionnels » de la pub sont redescendus de leur piédestal ; ils connaissent désormais les vrais gens qui sont devant leurs postes TV ou leur poste de radio. Comment se tourner vers une publicité « plus citoyenne »? Une communication plus citoyenne s'est aussi de ne plus matraquer les téléspectateurs de messages publicitaires durant les périodes de pics d'audience en limitant les tunnels publicitaires. A présent, la redéfinition des programmations des chaînes s'impose. Plus que jamais les productions tunisiennes doivent être mises en avant tout au long de l'année, les émissions doivent répondre aux aspirations des tunisiens et être diversifiées afin de réconcilier les téléspectateurs avec les chaînes tunisiennes.
Une TRIBUNE pour la Démocratie Fini la langue de bois, les journalistes retrouvent le vrai sens de leur profession : information, investigation, liberté d'expression… les plumes se délient, les tunisiens retrouvent confiance dans la presse écrite. Après l'arrêt momentané de la diffusion durant la période de la Révolution, l'ensemble des titres sont disponibles dans tous les kiosques à l'exception des journaux de DAR AL AMAL (AL HORIA et LE RENOUVEAU). La fin de l'activité de l'Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE) et la disparition de certains titres de la presse écrite qui bénéficiaient de ses largesses va réduire dans un premier temps le nombre de titres de la presse écrite. Nous pensons que, dans un deuxième temps, les changements démocratiques en Tunisie vont permettre très rapidement l'éclosion de nombreux autres titres. Les nouvelles Directions et rédactions des journaux se sont engagées vers la construction de la Démocratie en mettant leurs colonnes aux services de toutes les composantes de la société civile, longtemps réduites au silence. Ce changement radical du contenu contribuera certainement à renforcer les taux de lectorat. Les communications publicitaires, indispensables aux développements du media presse, devra cependant être repensé. Ce saut qualitatif ne doit pas être remis en cause par la profusion des pub qui avait conduit à avoir souvent plus de pub que de contenu !
RESTRUCTURER les réseaux L'affichage est sans doute le média le moins touché directement par la Révolution si ce n'est la destruction de certains panneaux. Toutefois une réflexion profonde doit être rapidement entamée pour une réorganisation des réseaux existants et l'instauration d'une réelle concurrence et une transparence des offres. L'affichage alternatif devra être davantage développé pour une plus grande créativité et permettrait de contourner les obstacles liés aux difficultés d'obtention des autorisations municipales et des coûts d'acquisition et d'implantation.