La JCI Menzel Bouzelfa a organisé samedi dernier dans cette localité une formation ayant pour thème « Préparer et bien vivre sa retraite ». Destinée aux personnes âgées en voie de prendre leur retraite, on trouvait également dans la salle des retraités et des nouveaux membres de la JCI. La formation a été assurée par le formateur chevronné Salah Taboubi, qui en l'espace de deux heures, a tenu l'assistance en haleine avec la maestria qui est sienne. Salah Taboubi, formateur international JCI
« Préparer et bien vivre sa retraite », voilà donc un thème qui ntéresserait plus d'un, quand on sait et imagine le stress que cela provoque chez certaines personnes, qui après avoir été cigale toute une vie, pense à redevenir fourmi au crépuscule de leur longue carrière professionnelle. Tandis que sous d'autres cieux, le débat est à l'âge du passage à la retraite, chez nous, et notamment à Menzel Bouzelfa, grâce à la jeune équipe dynamique de la JCI de la localité, il est question de réunir jeunes et moins jeunes pour parler de la question du passage au troisième âge. Il a d'abord été question pour Salah Taboubi de différencier les expressions « être à la retraite » et « prendre sa retraite ». Ainsi, être à la retraite traduit l'état d'une personne qui se retire des affaires, de la vie active, du monde. Et, prendre sa retraite, s'agit d'opérer un repli, de se retirer. D'où ? De quoi ? Pour aller où ? Et pour quoi faire ? il en ressort que pour certains, le mot retraite est synonyme de libération après une vie professionnelle bien remplie, pour d'autres, il s'agit de la perte d'un statut social d'actif, la rupture entre un temps structuré et un temps déstructuré qui provoque une angoisse pouvant aller jusqu'à la dépression. Ce faisant, les facteurs « temps », «valeurs » et « bilan » se présentent à nous avec acuité, et se traduisent par des questions telles : qu'avons-nous fait ? Que reste-t-il à faire ? Qu'avons-nous appris ? Que désironsnous transmettre ? Faire le bilan d'une vie, est aussi réfléchir sur nous-mêmes, car nous sommes confrontés ici à un croisement de chemin qui, comme à l'adolescence, s'accompagne d'une crise d'identité, de rôle, et de statut. Loin de la fuite effrénée en avant pour occuper son temps, pour combattre la peur du vide et de l'inaction, peut-être allons nous alors réévaluer certaines de nos croyances, de nos anciennes certitudes, nos vieux schémas, nos habitudes, afin de réadapter nos comportements ou peut être même en adopter de nouveaux plus appropriés à notre nouveau contexte ou cadre de vie. Il est donc clair que ce passage n'est pas rien, car nous sommes loin du repli, de la retraite, du camp retranché ou au contraire de l'hyperactivité. Ce moment se prépare, et pris sous cet angle, c'est une opportunité extraordinaire de nouvelle vie, de changement de cadre. Se préparer, c'est alors s'initier à passer le seuil de la porte et entamer un nouveau voyage, écrire un nouveau chapitre. C'est aussi l'espoir de concrétiser un nouveau projet de vie et de transmettre car la vie est un mouvement, c'est une spirale qui nous emmène toujours plus haut, vers plus de sagesse, de compréhension, de compassion, pour devenir témoins et porteurs d'espoir pour les générations à venir. A condition bien entendu que nous le voulions. les participants à la formation
De nouvelles habitudes La retraite se traduit également par des changements dans nos habitudes quotidiennes qui nécessitent une adaptation, une remise en question, parfois même une rupture totale avec nos habitudes. Le début de la retraite fait parti des grands changements dans la vie. •Changement pratique On se rend rapidement compte qu'on n'a pas besoin de prendre rapidement son petit-déjeuner, et de courir prendre le métro. Tout devient surréaliste. Tout passe au ralenti. Les journées se suivent et s'étalent devant nous comme des plages horaires de disponibilités sans fin. Plages ensoleillées pour certains, nuageuses pour d'autres. Car les vacances, c'est bien quand on sait qu'on va reprendre le travail. •Changement de perspective Quand on n'a plus la perspective de reprendre le travail au bout de quelques semaines, le temps libre prend une autre dimension. L'illusion d'une période de vacances étalées passe vite et on prend conscience du fait qu'on est définitivement passé à une autre étape de la vie. Ce qui remet en perspective non seulement la façon dont on remplit le temps quotidien, mais amène aussi à regarder le futur sous un autre angle. •Changement d'identité On est souvent très enclin à répondre : je suis professeur, banquier, consultant, psychologue quand on nous demande ce que nous faisons dans la vie. Ainsi, le langage démontre à quel point notre activité professionnelle fait partie de notre identité. Dans cette perspective, il est normal que la fin de notre pratique professionnelle entraîne un sentiment de perte d'identité. Nous ne sommes plus ce que nous faisons, nous devons apprendre à (re)devenir ce que nous sommes. Ceci peut entraîner une réflexion profonde sur ce que nous avons atteint dans notre vie, sur ce que nous voulons être, sur les personnes qui nous entourent. La JCI Menzel Bouzelfa pour la préservation de l'environnement
Une bonne préparation Outre une bonne préparation financière (cela va de soi), il y a aussi une préparation psychologique. De l'avis de Salah Taboubi, le passage à la retraite se réalise d'une façon plus naturelle et plus tranquille quand nous avons une idée de la façon dont nous avons envie d'occuper notre temps. Pour certains, ça sera la poursuite d'une activité professionnelle dans un autre contexte, par exemple en tant que conseiller à son compte pour pouvoir faire profiter la nouvelle génération au travail, de toute l'expérience acquise pendant toute une carrière. Pour d'autres, le temps sera en (grande) partie consacrée aux petits enfants, ou au passe-temps favori pour lequel on n'avait jamais suffisamment de temps jusqu'à présent, voire à l'apprentissage de quelque chose de nouveau, comme la peinture, la cuisine, un sport.
Se réinventer Le formateur de la JCI, élu deux fois meilleur sénateur d'Afrique Salah Taboubi, pense qu'il s'agira essentiellement de se poser les questions : -Qu'est-ce qui est vraiment important pour moi ? -Comment puis-je utiliser les compétences que j'ai acquises pendant ma vie active, ma vie personnelle ? -Quelles qualités m'ont été utiles dans ma vie professionnelle ? -Comment puis-je utiliser ces qualités maintenant ? -Qu'est-ce que je veux vraiment faire ? Il va de soi que les réponses seront subjectives, et les conclusions aussi.
Profiter Une fois que nous avons trouvé ce que nous voulons faire, qui nous serons sans le travail et comment structurer nos journées pour qu'elles nous donnent un sentiment d'accomplissement, n'oublions pas de profiter pleinement de notre nouvelle activité. Que vous continuez une activité de nature professionnelle ou que vous vous consacrez à la famille, à un sport ou à la peinture, faites-le en gardant à l'esprit que vous avez la chance de faire ce que vous voulez vraiment faire, sans contrainte. Prenez le temps de profiter, de la nature, de l'art, des gens qui vous entourent. Ainsi, la retraite sera vraiment le début de quelque chose de nouveau, peut-être même le début de la période la plus enrichissante de notre vie. Raoul FONE Envoyé spécial à Menzel Bouzelfa