Depuis la révolution, la bourse de Tunis a longuement souffert du rechignement des investisseurs vue l'incertitude à propos des perspectives de croissance du pays instaurée par plusieurs évènements déstabilisants notamment les assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, les abaissements de la note souveraine de la Tunisie et la suspension du dialogue nationale. Cette perte de confiance sur le marché boursier et le rétrécissement de la liquidité bancaire ont causé une crise de liquidité boursière. N'oublions pas le nombre important des introductions en bourse et la diminution des participations étrangères qui constituent des éléments freins de la liquidité. Pour la semaine allant du 27 Janvier 2014 au 31 Janvier 2014, la reprise de la bourse de Tunis est bel et bien enclenchée pour la première séance avec une hausse de 1,50%. Cette euphorie est à l'origine de l'éclaircissement du contexte politique en adoptant la nouvelle constitution et en désignant officiellement le nouveau gouvernement de Mehdi Jomaâ. Cependant, l'indice phare TUNINDEX a clôturé la semaine légèrement dans le rouge affichant une baisse de 0,05% avec un volume d'échange qui s'est établi à 4 498,42 points, Néanmoins, la bourse de Tunis a inscrit une performance annuelle positive de l'indice TUNINDEX qui s'est fixé à 2,67%. Quant au TUNINDEX 20, sa performance annuelle est de l'ordre de 3,70%. Du côté des nouvelles introductions en bourse, Sotemail a marqué son entrée au marché alternatif le 28 Janvier 2014, Il s'agit de la troisième introduction après celle de SAH et de Cellcom. L'épanouissement de la Bourse de Tunis demeure extrêmement lié à l'instauration de certitude et de visibilité. En effet, certaines mesures doivent être implantées par la nouvelle équipe ministérielle au plus vite possible pour stimuler la croissance économique et financière. Ainsi, il faut sérieusement mettre en application une politique de rigueur en vue de réduire le déficit public, pour freiner l'inflation qui remonte à un niveau de 6% et surtout pour plus de soutenabilité de la dette publique.
Certes, le déblocage d'un montant de 506,7 millions de dollars, ayant lieu cette semaine, en faveur de la Tunisie par le Fonds Monétaire International peut être un stimulus de la croissance économique et un soutien de la transition démocratique. Cela n'empêche que ce prêt accordé aggrave encore plus la dette extérieure tunisienne qui s'accroît sans cesse depuis la révolution faute de l'augmentation du déficit budgétaire (arrivé à -4 657 MDT en 2013 selon le ministère des Finances).
Sachant que ce déficit budgétaire est amplifié par la hausse des dépenses salariales (qui alourdissent les dépenses de fonctionnement et qui ont atteint 9 780,6 MDT en 2013) et les compensations qui pèsent lourd sur le budget, ce qui nécessite un meilleur contrôle de la masse salariale dans la fonction publique et une amélioration de l'efficacité du secteur publique. En contre partie de l'accroissement des dépenses, le budget est affaibli par une diminution des recettes fiscales, due à la mollasse du niveau de développement, ainsi que des recettes non fiscales vue la paralysie de la production des industries manufacturières (le secteur des mines). Ce qui constitue une entrave devant la viabilité budgétaire et ce qui demande une réforme structurelle en matière de code de l'investissement et de code fiscale et spécialement un bon établissement de la loi des finances complémentaire.
A cet égard, une allocation optimale de ces dettes extérieures s'avère impérative et urgente puisque actuellement ses dettes sont utilisées pour combler les lacunes de la loi de budget de l'Etat et pour payer les salaires aux dépens de développement et d'investissement créateurs de valeur. Dans ce qui concerne la loi fiscale, ce nouveau gouvernement doit absolument revoir l'imposition du régime forfaitaire qui ne garantie pas l'équité fiscale et mettre fin à la concurrence déloyale établie par le marché parallèle qui détruit de plus en plus l'économie tunisienne.
Pour le secteur public, une intervention d'une grande ampleur s'impose en mettant en place une politique d'assainissement budgétaire des établissements publics souffrant des problèmes de gouvernance comme la CNAM, La STEG, l'ETAP, TUNISAIR, banques publiques… reste un socle important pour sortir de la crise actuelle. Enfin, l'année 2014 ouvre les portes de l'espoir pour l'économie tunisienne avec un taux de croissance du PIB qui s'élèvera à 2,5% en 2014 selon les prévisions de la Banque mondiale, mais surtout avec une croissance réanimée par la reprise de la demande européenne à partir du deuxième semestre.