Le journal belge, Lesoir.be, a obtenu une interview de Rached Ghannouchi, leader d'Ennahdha. Il est présenté par le confrère belge comme étant l'homme fort de la Tunisie, en même temps politicien aguerri et idéologue. Plusieurs sujets ont été débattus lors de cet entretien. Concernant le recours à la grève de la faim par les détenus salafistes, Ghannouchi reconnait, qu'il avait eu recours à ce type de comportement, et que c'était pour attirer sur lui ou sur sa cause l'attention. Mais il dit que cette grève « est illicite si elle amène à la mort. La punition du suicide est très grave en Islam. Par ailleurs, la grève de la faim ne doit pas se transformer en moyen de pression sur les magistrats en vue d'obtenir une libération immédiate. Sinon, c'est toute l'institution de la Justice qui va tomber ». En rapport avec les groupes salafistes, il se défend d'être trop laxiste avec eux. Il prétend que trop de force avec ces éléments pourrait mener à une guerre civile, sans merci, et que c'est justement ce que veulent certaines parties. Il explique que « les salafistes sont le produit des politiques de Bourguiba et de Ben Ali… Nous appelons à appliquer la loi contre les individus qui la transgressent, tout en étant conscients que l'approche « sécuritaire » ne doit pas être la seule employée ». En abordant le sujet de Nidaa Tounes, les confrères belges se sont vus esquivés par le Sheikh, qui a balayé leur question en disant que pour lui, il n'y avait pas de Nidaa Tounes et que « C'est une construction médiatique pour montrer un soi-disant concurrent à Ennahda, qui n'a même pas encore présenté de programme ». En ce qui concerne les tensions qui caractérisent les relations d'Ennahdha avec ses alliés de la Troïka, notamment les critiques ouvertes qu'a osé Moncef Marzouki envers eux, il a répondu que « les propos de M. Marzouki ne changent rien au fait qu'il soit un ami. Disons que nous recevons là des tirs amis ! Il faut que tout le monde essaye de conserver ses amis. Nous, on le fait et on s'attend à ce que les autres en fassent autant » ! Quant à la coalition elle-même, il a tenu à relativiser le terme en précisant qu'ils ne sont alliés que pour la gestion des affaires au sein du gouvernement, mais que « les choses sont différentes à l'Assemblée constituante. L'unité est relative. Nous sommes en faveur des alliances, que ce soit avec nos partenaires actuels ou en élargissant la coalition à d'autres composantes », a-t-il notamment dit en rapport avec d'éventuelles présentations de listes communes avec d'autres partis, lors des prochaines élections.