Slogan fédérateur, fondateur et représentatif de la révolution tunisienne, le terme « Dégage » est beaucoup plus qu'un mot, beaucoup plus qu'une interjection, c'est d'abord un état d'esprit, une manière de voir et un soubresaut de l'histoire. C'est tout un programme. Encore moins, le terme « Dégage » n'est pas une insulte que la justice sanctionne ou un coup bas que la morale conteste. Ce n'est point un doux euphémisme, un sentier battu ou un lieu commun. C'est avant tout un cri de colère, à haute charge symbolique et à grande densité socioéconomique et politique. A-t-on idée de préconiser des mesures de sanction d'ordre judiciaire et administratif contre le symbole ? La Tunisie croule sous le poids de la crise politique, du chaos social et du désordre économique. L'instabilité sociale, l'iniquité, l'arbitraire, le désordre et l'insécurité sont les principales facettes de notre quotidien. Toutes ces tares de régression sont les enfants incestueux de la Troïka. La débâcle est une réalité quotidienne à divers niveaux. C'est une insulte non seulement à la révolution mais à toute l'histoire de la Tunisie, pays ouvert, séculier et bien enraciné dans son identité. Le peuple tunisien a démontré son attachement indéfectible et irréversible aux valeurs de démocratie et de liberté et aux impératifs de développement partagé et de distribution équitable de la richesse En ce triste moment, « Dégage » est une réclamation populaire et un impératif historique. Face à l'incompétence des gouvernants, au modèle défaillant de gestion publique, au constat d'échec, au bilan en cache misère, à la faillite gouvernementale sur tous les plans, à l'absence d'une vision d'ensemble, d'un véritable programme socioéconomique et d'une stratégie de gouvernance.........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage » . Face à la logique de butin, à l'invasion des articulations de l'Etat, à la tentative d'assujettir l'administration publique, au règne de la médiocratie, à la conditionnalité d'allégeance politique et partisane, aux prédateurs politiques de tout bord, à l'esprit rapace, jamais repu, de la Troïka..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face aux velléités de bafouer le droit, d'inféoder la justice, de pourfendre les libertés individuelles et collectives, à un appareil judiciaire à géométrie variable, sur commande et à la tête du client, à l'instrumentalisation du mensonge comme fonds de commerce, à la logique d'omerta et à la loi du silence, élevées au rang de plan de communication. .........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face à l'insécurité multiforme, à la violence à tout coin de rue, au terrorisme rampant, à la multiplication d'actes d'agression, à l'assassinat politique, à la prolifération d'armes, de milices et groupes armés dont le référentiel politique, idéologique ou confessionnel est un fait établi. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face au champ de ruine de la justice et de la sécurité dont la Troïka a miné et détruit les piliers fondateurs, à savoir l'indépendance, la neutralité, l'impartialité et le fondement républicain. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face à la déchéance de la citoyenneté, à la volonté de marginaliser la jeunesse et d'exclure la femme, pour n'en faire qu'une citoyenne de second ordre, pédoncule attitrée de l'homme, à la mise en otage de tout un peuple, à la confiscation de son avenir, subissant, à longueur de journée, les affres d'une onde de choc, terrible et interminable. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face au nivellement social par le bas, au vertigineuse dégringolade tous les indicateurs sociaux et toutes les courbes de croissance économique, à l'élargissement de la base de la pauvreté, à l'aggravation du chômage, au déséquilibre régional, au développement national à multiple et inégale vitesse, au pouvoir d'achat en peau de chagrin, au coût de la vie en flèche, au délogement de l'ordre des priorités nationales des problèmes endémiques, causes directes de la révolution..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face à l'impunité, au traitement politique et partisan des dossiers de corruption, à la transformation de l'acte de vol ou pillage en moyens de pression ou de chantage, à la quête effrénée de la Troïka de recycler et de reprendre à son compte le système mafieux de naguère de la dictature déchue. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face à la sous-traitance diplomatique, à la déchéance de la Tunisie sur la scène internationale, à son alignement inconsidéré sur les positions, voire même les injonctions, d'autres pays, à cette nouvelle et non moins éhontée posture de relais, laquais, instrument vassalisé dans la guerre des axes et des enjeux mondiaux, à l'incohérence de la politique extérieure, devenue, fragmentée, désarmée et inopérante, de par la cécité diplomatique de la Troïka. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face au séquestre et à l'exploitation politique des lieux de culte, à la guerre déclarée pour s'approprier les mosquées, à la montée en puissance des mouvements extrémistes saisissant ces tribunes pour faire l'apologie de la haine, de la sédition et de l'élimination physique et cultiver un discours de division opposant les tunisiens entre musulmans et mécréants et installant un climat de discorde, de tension et de violence...........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face à la théorie de la conspiration que la Troïka use et abuse comme unique argument d'attaque et moyen de défense, à l'accusation répétée de comploter à l'encontre des forces vives de la Tunisie (classe politique, opposition, média, centrale syndicale, société civile,....), devenues adversaires, voire ennemis, et non partenaires, investis, au même titre, d'un destin national et chargés, tout autant, de contribuer à construire le pays et son futur. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ». Face à la Troïka, qui n'a jamais fonctionné comme une alliance tricéphale équilibrée, lucide et performante, mais comme un corps, hétéroclite et bâtard, composé d'une tête et deux épaules, d'un roi et de ses deux danseuses, à l'ANC, principal dépositaire de la légitimité, transformée en antichambre, appendice et boite d'enregistrement du gouvernement. ..........Il n'y a qu'une seule revendication : « Dégage ».