Une semaine après leur prise de fonction, aussi bien Habib Essid, le nouveau chef du gouvernement, que ses illustres ministres semblent faire du sur-place. Ils ont bien fait quelques déclarations aux médias. Ils ont, aussi, dressé la liste de leurs priorités à la tête de leurs départements respectifs. Il y en a, même, qui ont, d'ores et déjà entamé leurs déplacements et leurs visites de terrain, histoire de se familiariser avec les structures qui relèvent de leur tutelle, et de connaitre de visu, les problèmes aigus qui entravent la bonne marche de ces structures... Mais ce que ni Habib Essid, ni ses ministres, n'ont compris, c'est que toutes ces priorités sur les quelles leurs choix s'est fixé, ne peuvent en aucun cas être traitées, et aucune démarche de reprise ou de mise à niveau ne pourrait être entreprise, si la priorité des priorités n'est pas abordée en premier, et avant toute autre action. Monsieur Essid, de même que ses illustres ministres, devraient savoir qu'il ne suffit pas d'avoir une bonne mécanique, et de la volonté à revendre, pour pouvoir faire redémarrer la machine enrayée depuis des années, et encrassée dans son immobilisme. Un moteur quelque soit sa puissance et sa cylindrée, et quelque soit l'habilité de son conducteur, ne peut redémarrer, si on y garde l'essence frelatée et corrompue dont on avait rempli le réservoir. Un bon conducteur doit savoir remplacer l'ancien carburant crasseux de son engin, et qui est, en général, en cause de la longue panne du moteur. Et c'est pareil pour un responsable. Il faut savoir qu'il pourra avoir toute la bonne volonté du monde, et disposer des meilleurs outils ainsi que du meilleur soutien possible, il ne pourra jamais remettre en branle les rouages de son département, s'il n'opère pas, auparavant, une purge et une filtration de son carburant encrassé, que sont les cadres parachutés pendant ces dernières années et qui handicapent la bonne marche des services de son administration. Il ne s'agit point de virer les personnes placées par les partis qui étaient au pouvoir, uniquement parce qu'ils sont partisans de ces partis. Il ne s'agit point, non plus, d'une chasse aux sorcières, en représailles à celle opérée par les partis de la Troïka, quelques années auparavant. Il s'agit, tout simplement, de remettre les bonnes personnes au bon endroit, et de réaffecter son personnel selon la compétence, très loin de toute considération d'ordre idéologique ou de loyauté partisane. Tout ministre qui voudrait voir son département reprendre du poil de la bête et redémarrer en trombe pour s'attaquer aux énormes chantiers qui l'attendent, doit, au préalable, revoir et réétudier les nominations qui ont été faites à la tête de ses services, et doit oser écarter les gens incapables et incompétents, et remettre à leurs places des gens connus pour leur qualification, et leur connaissance des dossiers à attaquer. Il ne faudra, toutefois, pas se laisser déraper dans une opération d'épuration en mettant à la porte des gens dont le seul tort est d'avoir été supportés par certaines parties politiques. Il faudra savoir écarter, uniquement, les responsables qui ont fait la preuve, durant ces dernières années, de leur incompétence et incapacité à conduire leurs services. Il faudra, aussi, se garder de renvoyer des gens pour ces raisons. Il suffirait de les remettre au niveau hiérarchique qui sied à leur qualification, en attendant qu'ils comprennent et apprennent suffisamment le travail pour espérer se retrouver dans les postes de commandement. Cette opération étant d'une grande nécessité et d'une extrême urgence, le fait qu'un ou que les ministres ne l'entament pas en toute priorité, laisserait à penser qu'il y a, en effet, bel et bien, eu un deal entre les responsables des partis qui étaient au pouvoir et ceux qui y sont maintenant, dans le sens de n'absolument pas toucher aux nominations opérées par les leaders de la Troïka qui ont miné l'administration tunisienne, et qui l'ont mise dans le lamentable état de décomposition dans lequel elle se trouve, depuis.