Œuvrant beaucoup plus à asseoir ses structures et à implanter son réseau de bureaux qu'à s'investir dans sa mission première, l'Instance Vérité et Dignité (IVD) brille par son silence depuis quelque temps. Peut-être que ses membres sont en pleine bourre, sur la brèche et préfèrent travailler sans bruit. Mais l'instance a toujours évolué dans le remous médiatique pour donner crédit à une telle affirmation. Il serait vraiment étrange que la présidente, Sihem Ben Sedrine (SBS), habituée à nourrir la controverse , à défrayer la chronique et à se placer au cœur de la polémique et de la tourmente, s'en détache pour épouser une posture muette et bizarrement silencieuse. Il n'est pas interdit de conclure que l'IVD n'anime l'actualité qu'à travers les frasques et les bras de fer de sa présidente. Quand SBS se tait, l'IVD est aussitôt silencieuse. La visibilité de l'IVD est confisquée par sa présidente, laquelle donne à l'instance le ton, le rythme et l'image. Elle fait la pluie et le beau temps. En retrait ou au-devant de la scène, la posture que choisit SBS entraine dans son sillage l'actualité de l'IVD. Depuis le 15 Décembre 2013, date de la promulgation de la loi organique, la justice transitionnelle peine à décoller et l'IVD tarde à établir son agenda de travail et à se lancer dans le vif du sujet, en matière de vérité, de poursuite, de réparation et de réforme institutionnelle, soit les quatre piliers de la justice transitionnelle. L'instance reste encore en phase de collecte des plaintes et des doléances. Phase certes importante, conditionnant tout le processus, mais qui ne devrait pas s'éterniser au mépris de l'essentiel.A ce jour, selon le site de l'IVD, le nombre de séances d'audition s'élève à 3766, quant au nombre de dossiers déposés, il est de l'ordre de 29176. Pour justifier le retard constaté, SBS invoque des problèmes de communication et d'implication de différents départements ministériels, outre l'absence des décrets organiques relatifs à l''IVG que le Gouvernement est censé promulguer au plus vite. En tout cas, la récente réunion avec Hatem El Euchi, ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, a permis de baliser le terrain, de négocier des arrangements de nature à débloquer certaines situations en rapport avec l'Etat et d'inciter le chef du contentieux de l'Etat à une meilleure collaboration. Sur un autre plan, le tableau de chasse de l'IVD a épinglé un autre gibier, difficile à abattre auparavant, à savoir le projet de loi sur la réconciliation économique et financière, initié par le Chef d'Etat et approuvé par le Gouvernement et contre lequel SBS a mené une guerre sans relâche. Le projet présidentiel moisit maintenant dans les placards et reste voué à une mort subite. Serait-il faux de dire que SBS soit parvenue à tordre le cou audit projet et faire échouer le plan présidentiel ?! A moins que Carthage fourbe ses armes et examine le timing pour revenir à la charge.