Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, s'est confié à cœur ouvert, dans un entretien publié mercredi 06 septembre 2017 par le journal La Presse, exprimant sa déception à l'égard de son principal allié le Mouvement Ennahdha qu'il a tenté de ramener dans le giron des partis politiques dit "Civils", mais en vain. "Nous nous sommes retrouvés dans une situation très difficile et il fallait prendre la décision d'une alliance gouvernementale qui constituera une solution aux problèmes posés ou au moins ne les compliquera pas davantage", a indiqué Béji Caied Essebsi, soulignant "nous n'avions pas d'autres scénarios pour réaliser ces objectifs. Ennahdha était disponible, en plus d'autres partis, ce qui nous a permis de former une alliance gouvernementale". Selon le président de la République "Ennahdha a accepté mais pas à ses conditions. Nous nous sommes dit : au moins, nous contribuerons à ramener Ennahdha au club des partis civils. Mais, il paraît que nous avons fait une fausse évaluation". Ainsi, il est clair pour Essebsi que Ennahdha n'a pas réellement, évolué vers l'orientation d'un parti civil comme il prétend l'être en officialisant la séparation entre le politique et le religieux lors de son 10ème Congrès. Evoquant le remaniement ministériel actuel, le président de la République , a souligné son importance, louant les qualités du chef du gouvernement, Youssef Chahed qu'il a qualifié de "jeune et ambitieux. Il est aussi compétent" avant de recadrer la portée du remaniement ministériel. "Mais il est tenu de choisir une équipe ministérielle homogène qui lui facilite la réalisation de ce qu'on lui demande. Ce gouvernement ou un autre doit se donner pour objectif de faire sortir la Tunisie de la crise dans laquelle elle se trouve. Si nous ne sortons pas de la crise actuelle, il ne sera pas possible que l'Etat se poursuive", a souligné Essebsi. Il a averti que "le prochain remaniement pourrait constituer le dernier espoir pour remettre les pendules à l'heure et éviter tout comportement aventurier, ce qui commande des concertations avec toutes les parties, et c'est ce que fait le chef du gouvernement à l'heure actuelle". Le président de la République a, au cours de cette interview, déploré les lacunes du système politique actuel qu'il accuse d'être à l'origine des blocages en raison des chevauchements des compétences entre les institutions. Il a aussi fustigé l'existence d'institutions dites indépendantes qui favorisent , selon lui affaiblissement de l'Etat et de son autorité. Parlant des élections municipales , le président Béji Caid Esebsi a indiqué que leur date a été fixé par l'ISIE et que son seul pouvoir se limite à convoquer les électeurs. Il a souligné l'importance des municipalités dans l'exercice de la démocratie et de la gouvernance locales, expliquant que se sont les partis politiques et l'ARP qui peuvent œuvrer à la la nomination d'un président et des autres membres de l'ISIE pour parachever les préparatifs des élections. Concernant le processus de réconciliation, Béji Caïed Essebsi a affirmé que "tous ceux qui ont peur de la réconciliation. Ils cherchent à la bloquer en exagérant ses conditions ou en la refusant en bloc et dans les détails", a ajoutant: "ma conviction est qu'il n'y aura pas d'avenir stable pour la Tunisie sans une réconciliation intégrale. Ce qui compte et ce qui restera dans l'histoire, c'est cette capacité de tolérance, de renonciation à la haine et de dépassement des conflits. Quant aux prérogatives de l'Instance vérité et dignité, le président de la République a souligné que "le processus de justice transitionnelle n'est l'apanage de personne et il n'existe aucune partie qui a le droit exclusif de la consacrer. La justice transitionnelle est une, mais les mécanismes de sa concrétisation sont multiples".