Le Doyen Sadok Belaïd, spécialiste en droit constitutionnel, a déploré que des mois de tractations entre les partenaires du Document de Carthage II aient menés à une impasse. Dans un entretien accordé au quotidien La Presse et publié dans son édition de lundi, Sadok Belaïd a affirmé qu' "il est regrettable de constater qu'une nouvelle fois, tout un peuple soit mis en balance et en danger de déflagration dans les mois qui viennent, exclusivement pour des raisons politiciennes, dont les partenaires au dialogue se défendent tout en les pratiquant ouvertement, les uns avançant des exigences politiciennes de renonciation des futurs ministres à un droit constitutionnellement indiscutable et les autres exigeant, de plus, le changement du chef du gouvernement !..." Il a dénoncé aussi "la conception exclusive de la démocratie" qu'ont les partenaires de Carthage II, ajoutant qu'il est à déplorer que leurs manœuvres, tractations et surenchères politiciennes se traduisent par un dramatique blocage de la vie politique du pays et par l'aggravation de l'incertitude quant aux chances de la relance de l'activité économique nationale et de la sortie de la crise profonde dans laquelle le pays se trouve plongé..." Pour Sadok Belaïd l'échec de ces tractations, en raison de l'opposition sur le sort du gouvernement, représente "une bagarre de personnes qui n'a pas de sens du moment que de toute façon, le gouvernement intérimaire qui finira par être désigné sera incapable de réaliser ne serait-ce qu'une part insignifiante du programme Carthage II". L'expert en droit constitutionnel a souligné aussi que ce processus "extraconstitutionnel" censé débloquer la situation économique, déjà très inquiétante et contourner les blocages politiques au niveau des institutions, a débouché sur un échec en raison de l'incapacité de toutes les formations partisanes de transcender leurs interminables et vaines querelles de clochers". Evoquant les prochaines élections, il a exprimé ses craintes que "dans ces conditions – les mêmes causes produisant globalement les mêmes effets -, et à moins qu'un miraculeux changement radical ne vienne bouleverser l'équation politique actuelle, on ne peut que présager un sombre avenir pour les futures échéances de la fin 2019". Par ailleurs, il a salué l'intervention du chef du gouvernement, Youssef Chahed, dans laquelle "il a dénoncé devant l'opinion publique le blocage de la vie politique de ce pays et les causes qui sont à son origine". Il a rappelé la guerre lancée il y a deux ans contre la corruption par Youssef Chahed, affirmant qu'avec cette deuxième initiative "c'est un défi audacieux à l'establishment politico-partisan instauré par le duumvirat des deux +cheikhs depuis 2013. Il est aussi temps de mettre fin à cet arrangement politicien aux conséquences désastreuses et d'opérer une radicale redistribution des cartes de la vie politique de ce pays, un peu comme cela s'est passé avec la rébellion d'un certain Emanuel Macron en France…".