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La Tunisie à la croisée des chemins
Publié dans Tunisie Numérique le 24 - 01 - 2011

La Tunisie vit depuis le 15/12/2010, jusqu'à ce jour sous le signe du réveil du Peuple décidé à reprendre en main sa propre destinée.
Citoyen franco-tunisien, j'ai cru, tout comme n'importe quel autre tunisien ou amis de la Tunisie, aux promesses lancées un 7 novembre 1987 par Ben Ali, présenté par tous les médias de l'époque, comme l'homme de la situation, du salut national contre l'obscurantisme et l'islamisme qui menaçait le Pays du jasmin. Ce fut une duperie. Le véritable danger venait, en fait, de ce Parti appelé Rassemblement constitutionnel démocratique qui s'est organisé depuis l'indépendance du Pays en 1956 comme une chaîne de cellules mutantes qui se comptent par milliers en Tunisie et en Europe, pour quadriller, encercler et si besoin menacer et enlever tous ses contradicteurs quels qu'ils soient y compris parmi ses propres fidèles, qui d'une manière ou d'une autre ont servi la République. Il a gouverné le pays pendant plus de 23 ans non pas comme un parti de rassemblement populaire, mais comme un parti fasciste
Après une vie paisible en France, pendant plus de 20 ans, d'abord en tant qu'étudiant, ensuite en tant qu'acteur, dans le cercle de mes préoccupations au services de mes compatriotes tunisiens en France, j'ai émigré en sens inverse, pour apporter ma contribution à l'essor moral et culturel de mon Pays, bien que celui-ci n'avait levé le petit doit pour m'aider dans mes études universitaires.
Inscrit au Barreau de Tunis, depuis 1999, j'ai vécu au quotidien, les humiliations, les tracasseries, les injustices, les violations des droits de l'Homme, avec un appareil judiciaire et policier complètement au service d'une dictature en mouvement, une dictature mutante.
L'intérêt général fut confisqué au profit des intérêts privés et particuliers de la FAMILLE DE ZINOCHET. L'initiative privée a été asservie au profit de cette famille. Les artistes, les intellectuels et les gens de la culture ont vécu un réel nettoyage destiné à éliminer les esprits pensants. Un jour, face à l'une de mes protestations pour la sincérité des urnes, un diplomate issu des services de sécurité accrédité à Lyon m'avait lancé au visage : " On n'aime pas ceux qui pensent, on veut des gens qui écoutent et exécutent…" En effet, même notre diplomatie, en dépit de grandes personnalités demeurées fidèles à la République, fut infestée par les services du Renseignement et de la Sécurité, comme si nous étions sous le règne de Joseph Staline, ou du Sergent Jean-Bedel BOKASSA. Personne ne pouvait ignorer l'affaire Ben Saïd, et l'affaire Abdellah Kallel, l'ancien ministre de l'intérieur de Zinochet et quelques membres du Clan de Leila Ben Ali, pour vols, escroqueries et tortures à l'égard des tunisiens, et cela, hélas, depuis le premier jour de 1987. Il suffit de se rappeler l'incendie du siège du parti au pouvoir à Bâb Souika, à l'époque il y a eu mort d'hommes. Tous les médias de l'époque et la campagne de propagande lancée par les apparatchiks du pouvoir, ses ministres, son premier Ministre Hamed Karoui, tant en Tunisie qu'en Europe et aux Etats-Unis, pour désigner les Islamistes comme étant les instigateurs de cet incendie et l'acharnement de l'Agence officielle de Zinochet pour la propagande (l'Agence Tunisienne de Communication Extérieure; l'ATCE), qui en plus de 23 ans fut consacrée complètement à présenter une image luisante du système Ben Ali , pour cacher la réalité sur ce qui passait réellement dans le Pays. Jamais une élite autant que celle-ci, n'a été essentiellement consacrée dans l'histoire contemporaine, au service de la dictature, et jamais un Peuple n'a été spolié y compris de sa dignité autant que celui de Farhat Hached.
L'économie dans toutes ses manifestations (exports/imports/fournisseurs/grossistes..) et dans tous les secteurs de vie du Pays, a vécu sous le signe du monopole (de fait) au profit de la famille de Zinochet. Un jour, trois petits vieux originaires de Kasserine et de Thala, dont je suis natif, furent arrêtés et conduits par la police de sa majesté pour être présentés devant le doyen des juges d'Instruction de Tunis pour avoir échangé (une sorte de troc) du blé tunisien contre des bananes venues d'Algérie, juste quelques jours avant le début du Ramadan, pour les écouler localement. Mon Confrère et moi, nous étions stupéfaits, car, d'une part, il y a des tribunaux à Kasserine où ils pouvaient être traduits en justice, ensuite, tout cela pour quelques cartons de bananes !
En fait, l'enjeu était beaucoup plus important car il y avait monopole national au profit de l'un des membres de la famille régnante. Heureusement, le magistrat instructeur avait remis en liberté "ces criminels de la banane… !".
Toutes les privatisations qui ont été conduites en Tunisie furent vendues au prix d'une monnaie de singe au profit de la famille de Zinochet. Un mot peut résumer les 23 ans de pouvoir de Zinochet : Nous étions tous, à une exception près, la propriété de Zinochet. Un homme de ses services de sécurité me disait ce matin que les membres de la famille du Président déchu "sont allés trop loin. Des hommes furent spoliés de tout, y compris de leurs femmes", ce qui est chez un Arabe, le summum de l'humiliation !
Aujourd'hui, le navire resté sans pirates tente par tous les moyens y compris par la peur des balles réelles, les intimidations pour faire taire les voix de la liberté, et faire accepter par le Peuple de renoncer à sa Révolution et d'en finir avec le parti qui a monopolisé la vie nationale pendant plus d'un demi siècle.
Au mois de Juin 2010, j'ai été en conflit avec une personnalité du pouvoir, l'ancien Ministre de la Justice pour ne pas le nommer, sur les problèmes des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales en Tunisie et l'absence de garanties réelles et sur le fait que la justice refusait ostentatoirement d'appliquer les dispositions de la Constitution dans ces domaines et que le texte de la constitution lui-même n'étant pas contraignant, ce qui prouve que le tunisien n'est pas protégé pas sa Constitution qui consacre cependant un certain nombre de droits et libertés restées lettres mortes, en lui lançant :
«Si le citoyen français ou celui qui vit en France peut tirer le respect de ses droits de la Constitution, de l'autorité judiciaire gardienne des libertés fondamentales ,de ses juridictions judiciaires et administratives, du Conseil Constitutionnel et de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, quel document le tunisien pouvait-il invoquer pour faire respecter ses droits si la Cour de Cassation de notre Pays refuse d'appliquer la Constitution pour des raisons politiques » ?
Après avoir démenti ma démonstration en public, avec un style policier indigne de son rang, il s'est crié face à l'auditoire :
"Vous vous rendez compte de ce que dit cette personne ? Mais nos juges, ici présents, appliquent en toute liberté la Constitution ! ». Avant d'ajouter : "On dirait QU'IL ne vivait pas avec nous "! Une semaine plus tard mon Cabinet fut soumis à une surveillance policière permanente, mes téléphones jusqu'à cet instant sont sur table d'écoute, mon e-mail est souvent piraté ou bloqué. Les impôts se sont occupés de moi, certes bien avant cet incident, en raison de mes prises de positions et la défense des inculpés sur la base de la loi du 10 décembre 2003 relative à la répression du terrorisme. Dès lors, j'ai dû défendre des jeunes, qui avaient l'âge de mes enfants, si crédules qu'ils ne savaient pas ce qui leur arrivait, pour terrorisme, subversion contre la sûreté intérieure de l'état, intégrisme, certes avec véhémence. Mais c'était ma vocation de défenseur de TOUT prévenu quel qu'il soit. Cela n'a pas plu à Zinochet qui m'a envoyé le fisc. Pour me ruiner. Il est vrai, il a réussi à me ruiner mais jamais à m'humilier ni à me faire fermer ma gueule. En dépit de cet état des choses, j'ai gardé mon âme et ma liberté d'expression dans le cadre de ma vie professionnelle, je suis resté en contact avec les organisations de défense des Droits de l'Homme , et j'ai même poussé un peu la provocation en demandant à Amnesty International de m'adresser son rapport sur les violations, la torture, et les morts inexpliqués dans les services de sécurité de Zinochet, entre 1990-1993, un rapport intitulé : « Tunisie :du discours à la réalité » qu'A.I – Section Française m'avait adressé après m'avoir demandé mes coordonnées. C'était une précaution supplémentaire prise par A.I qui était, d'après mes sources, espionnée par le Ministère de l'Intérieur de Zinochet, pour intercepter toute correspondance. La lettre, qu'A.I m'avait adressée le 19/11/2010, fut ouverte par les services de Zinochet, comme pour me dire « Tu es dans l'œil du cyclone… »
Un dernier mot, rappelez-vous que la loi sur l'incrimination du terrorisme, votée à l'instigation de G. W. Bush n'avait trouvé aucune date autre que le 10 décembre qui correspond à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. C'est dire l'état d'idiotie atteint par la folie de cet homme, comme disait Henry de Montherlant : "Quand la folie gouverne, la raison est un délit. Quand la bêtise gouverne, l'intelligence est un délit…"
Mohamed Bouazizi qui s'est immolé par le feu, ouvrant grande la voie à cette Révolution, a sans le savoir lié la dictature de Zinochet à celle du Treizième César de Rome "où consuls, sénateurs, chevaliers se précipitent dans la certitude…"
Cette Révolution, certains commentateurs la qualifient de " révolte du Jasmin". Ce qualificatif est à mon sens quel que peu déplacé. Certes, en tant que Tunisien, j'adore mon Pays et j'aime le Jasmin, en tant que fleur de saison, d'une excellente senteur. Mais elle se fane très vite. Et notre Révolution, nous la voulons à l'image de la Révolution de 1789, en France, d'une portée humaine, universelle, car le vocabulaire, les slogans, et les revendications des manifestants sont très clairs, en ce sens. Le jasmin nous rappelle un peu les mille et une nuits de Shéhérazade, symbole d'une grande féminité, sensuelle et éternelle. C'est cela le jasmin de Tunisie. Quant à tous ceux et toutes celles qui ont conduit cette Révolution et qui en sont encore les gardiens, ils sont très durs pour la dictature, ils ont affronté les balles réelles de Zinochet, ils ont affronté le feu, rien ne leur fait plus peur. Et pourtant, ils ont le cœur si tendre et si humain qu'ils n'ont jamais cherché à nuire à la vie d'autrui. Cela me parait essentiel d'être signalé !
Si les Tunisiens continuent à occuper le pavé et à exiger la dissolution pure et simple du RCD, c'est parce qu'ils sont conscients de la capacité de ce parti fasciste à se réorganiser et à tuer dans l'œuf la liberté retrouvée et la démocratie envisagée. Ce parti est comme le sel « alimentaire », il n'existe pas un seul service, un seul commerce petit ou grand, un seul atelier petit ou grand, une seule administration, tant à l'échelle du quartier qu'au plan local, régional et national où ce parti n'est pas présent .C'est vraiment la dictature du parti qui surveille le Pays et les individus.
En outre, les Tunisiens savent pertinemment que le Gouvernement de transition est en contradiction avec les termes de la Constitution, pour ne pas dire qu'il est dénué de toute base légale. En effet, comme chacun a pu le voir, en moins de 48 heures (du 14 au 16/01/2011), la Tunisie a connu deux présidents par intérim. Le premier est Monsieur Mohamed Ghannouchi, Premier ministre de Zinochet qui s'est autoproclamé Président par intérim sur la foi des dispositions de l'article 56 de la Constitution tunisienne qui dispose qu' «en cas d'empêchement PROVISOIRE, le Président de la République peut déléguer par décret ses attributions au Premier ministre, à l'exclusion du pouvoir de dissolution de la Chambre des députés ». Dans ce cas de figure, il est précisé selon cette disposition constitutionnelle que « le Gouvernement même s'il est l'objet d'une motion de censure, reste en place jusqu'à la fin de cet empêchement ». Or, chacun sait que Zinochet, avant de prendre la fuite, avait prononcé la dissolution de son Gouvernement pour ouvrir la voie à ses snipers, aux agents de sa sécurité qui sont formés et entrainés pour les sales opérations, et qui seraient selon des sources émanant du pouvoir au nombre de 3000 «combattants pour le maintien de la dictature» et 10.000 associations et près de 120.000 miliciens à travers tout le Pays, à travers toutes les administrations de l'Etat, pour intimider, espionner et moucharder les citoyens et les agents de l'Etat de Zinochet et pour protéger la dictature de la Régente de Carthage et lui permettre de revenir au pouvoir, comme réponse à l'anarchie, aux massacres et saccages du pays. Or, en l'espèce, il n'y a pas eu un empêchement provisoire. Le Président a choisi délibérément de prendre la fuite. Il n'y a pas eu un décret présidentiel transférant provisoirement les pouvoirs du Président à son Premier ministre. En outre, d'après cet article 56 de la Constitution, en «cas d'empêchement provisoire, il n' y a pas lieu ni à prêter serment, ni à s'entourer des deux Présidents de la Chambre des députés et des Conseillers. Les apparatchiks du Parti avaient sans nul doute gardé en mémoire le premier coup d' état fait par Zinochet le soir du 6 Novembre 1987 en prétextant que les Islamistes se préparaient à prendre le pouvoir. Alors, il les avait pris de court en le faisant avant eux. En effet, dans la nuit du 6 au 7 novembre, il avait requis un collège de médecins, en les sommant de donner un avis d'expert sur la sénilité de BOURGUIBA, pour le déclarer totalement et définitivement inapte à assumer les charges de la République. Cet acte de zèle n'était pas du tout prévu par la Constitution. Mais Daly Jazy, en son époque avait déclaré que cette mesure était destinée à confirmer qu'effectivement le Président était devenu inapte définitivement, avant d'être appelé lui-même à occuper des fonctions ministérielles très importantes, jusqu'à son décès. Dès lors, en s'entourant de messieurs Abdallah Kallel, et Fouad Mbazzaa, il a voulu afficher la légalité externe de la mesure qu'il avait envisagée pour briguer le poste de Président par intérim, et laisser ainsi ouvertes toutes options pour Zinochet et ses combattants pour la dictature. C'était le Plan A, enfanté par les experts de la dictature de Zinochet. Le coup de téléphone, échangé entre le Premier ministre et le Président déchu moins de 30 minutes après la formation du Gouvernement de transition prouve bel et bien la crédibilité de ce scénario. Mais voilà que les juristes tunisiens, le Professeur Yadh Ben Achour le premier, avaient relevé l'illégalité du recours à l'article 56 de la Constitution. En réaction à ce rejet aussi net que tranchant, le Conseil Constitutionnel s'est réuni de plein droit et a sorti le Plan B, selon lequel il fallait recourir à l'article 57 de la Constitution et non à l'article 56. Or l' article 57 alinéa 1 est ainsi rédigé : « En cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, démission ou empêchement absolu, le Président de la Chambre des députés est immédiatement investi des fonctions de Président de la République pour une période variant entre 45 jours au moins et 60 jours au plus . ». La constitution a donc prévu limitativement trois conditions expresses et pas une autre. Or, le Président en fuite n'est absolument dans aucune de ces trois conditions : Il est encore en vie, il n'a pas démissionné de ses fonctions, et il a choisi délibérément de prendre la fuite, en emportant avec lui les membres de sa famille, les biens des Tunisiens et l'avion de la République. Dans ce cas, il ne pouvait en aucune façon être considéré comme étant dans le cas d'empêchement absolu prévu par l'article 57 de la Constitution.
En fait, tous les experts de l'ex-pouvoir se sont livrés et se livrent encore à une guerre au couteau pour préserver la vie du RCD et de ses lieutenants. En effet, ce parti, qui se targuait d'avoir à son actif 10.000 associations et 2,5 millions de sympathisants, n'a visiblement que des lieutenants restés orphelins, sans chef et qui se bagarrent contre le peuple pour garder leur fauteuil sans plus. Une chose est sûre, le Peuple invincible est décidé à reprendre en main sa propre destinée.
Dans ce face à face subtil et tranchant de la théorie des jeux de Thomas Schelling auteur de "The Strategy of Conflict" (Stratégie du conflit) appliquée à la réalité ici et maintenant en Tunisie, il nous est permis de dire, sans trop nous tromper, que le Peuple du poète Abulkacem Chabbi est en train d'accumuler gain sur gain, alors que l'équipe de Zinochet ne cesse de reculer et chaque fois qu'elle recule, elle accumule sans cesse les pertes. Elle a perdu Zinochet, qui est devenu passible de la Haute Cour de Justice de l'article 68 de la Constitution pour haute trahison et non respect des obligations liées au serment constitutionnel qu'il avait prêté, l'article de la Constitution qui dispose : « Je jure par Dieu Tout Puissant de sauvegarder l'indépendance nationale, et l'intégrité du territoire, de respecter la Constitution et la loi et de veiller scrupuleusement sur les intérêts de la Nation.»
Les membres de son parti font la queue au pied du Peuple pour démissionner soit du parti, soit du Gouvernement provisoire.
Et c'est le Peuple et lui seul qui détient les cartes du Plan C, et qui jusque-là fonctionne à merveille.
Demain sera sans nul doute un autre jour de lumières pour ce peuple tolérant et accueillant, qui ne cherchait qu'à vivre paisiblement et dignement, et que Louis XVI a voulu renvoyer au treizième César de Rome. Vive les Peuples invincibles qui font trembler les dictatures de notre espace géographique arabo-musulman. Vive la Tunisie.


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