BEN AROUS (TAP) - Une table ronde sur le thème "la justice dans la Tunisie post-révolutionnaire" a été organisée, jeudi, au théâtre de plein air de Radès. Les participants à cette table ronde ont été unanimes à affirmer la nécessité d'assainir le secteur de la justice des symboles de la corruption de l'ancien régime et de garantir l'indépendance des institutions judiciaires en réponse aux revendications exprimées par le peuple tunisien lors des dernières manifestations. Prenant la parole, Mme Kalthoum Kennou, membre du bureau de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), a présenté un rapport établi par l'AMT sur les principales revendications de l'association, s'agissant notamment de l'assainissement urgent de la magistrature des symboles de la corruption et de la libération de ce secteur de l'emprise du pouvoir exécutif et de la tutelle du ministère de la justice. Le rapport propose une série de recommandations visant notamment à apporter toutes les garanties nécessaires aux magistrats, à élire un conseil supérieur de la magistrature et à lui permettre d'un siège à l'extérieur du ministère de la justice, en plus de la création d'une commission judiciaire transitoire représentée par les magistrats. Le rapport prévoit, également, l'organisation d'un mouvement exceptionnel dans le corps des magistrats pour réparer les injustices subies par les magistrats lésés et l'élaboration d'une nouvelle perception pour l'Institut supérieur de la magistrature. Il s'agit, également, de créer l'institution du juge d'exécution des peines et de renforcer les ressources humaines au sein des tribunaux. Pour Maître Anouar Bassi, la justice transitionnelle est une condition sine qua none pour la réalisation de la transition démocratique, passant en revue, à ce propos, les obstacles qui entravent la réalisation des objectifs de cette justice. Il a, à ce propos, cité les acquis gouvernements post-révolutionnaires et l'initiative du groupe des "25 avocats". Face au laxisme des gouvernements successifs, a-t-il relevé, "les réseaux de corruption persistent encore, ce qui laisse les malfaiteurs dans l'impunité". Dans le souci de remédier à la situation, l'orateur a avancé une série de propositions visant à créer une commission de vérité et de réconciliation qui aura pour mission de faire un état des lieux de la situation qui a prévalu en Tunisie afin d'éviter toute récidive. Il s'agit, également, de mettre en place un collectif judiciaire spécialisé dans le traitement des dossiers liés à la corruption et le jugement des coupables, sur la base de procès équitables. Pour sa part, le magistrat Mokhtar Yahyaoui a souligné que la question de l'indépendance de la justice est devenue une affaire publique qui, a-t-il dit, constitue la condition sine qua non pour instaurer un climat de confiance entre la justice et la société. M. Yahyaoui a dénoncé la nature des rapports entre les gouvernements post-révolutionnaires et le pouvoir judiciaire qui, a-t-il estimé, sont les mêmes rapports entretenus sous le régime de Ben Ali. Il est impérieux à l'heure actuelle, a-t-il conclu, de libérer le judiciaire de l'emprise de l'exécutif, affirmant que la consécration de l'indépendance de la justice demeure le meilleur garant pour assurer la pérennité des institutions de l'Etat démocratique.