TUNIS (Rédaction TAP: Mouna Esseghir) - Le Parti démocrate progressiste (PDP) propose dans son programme un nouveau modèle de développement prônant l'innovation et la promotion des activités à forte valeur ajoutée. Présentant les grandes lignes du programme économique du parti, M. Mahmoud Smaoui, membre du comité des experts et du bureau exécutif du PDP, précise dans une interview accordée à la TAP que "le modèle de développement actuel a atteint un niveau de saturation et n'est donc plus en mesure de répondre aux demandes additionnelles d'emploi ni de réaliser des taux de croissance plus élevés". Selon l'expert, la transition de l'économie tunisienne basée, jusqu'ici sur la sous-traitance, vers une économie à forte valeur ajoutée, repose sur bon nombre de réformes macro-économiques. Il s'agit de prime abord de stimuler l'investissement public dans les secteurs stratégiques (infrastructure, santé, éducation…) notamment dans les régions. M. Smaoui a relevé, à ce propos, que "dans toute crise, la relance économique par l'investissement passe obligatoirement par l'investissement public". Ces grands projets ne manqueront pas de créer une dynamique économique dans les régions, et partant d'accroître leur attractivité, précise-t-il. Parallèlement, cette politique d'investissement doit être accompagnée d'une approche de décentralisation économique qui tient compte du potentiel économique propre à chaque région. L'objectif étant de créer des projets structurants dans le cadre d'une approche cohérente de développement économique. En plus de son rôle d'investisseur, l'Etat, selon la vision économique du PDP, aura à jouer deux autres rôles complémentaires. Il s'agit de l'Etat régulateur (assainissement de l'environnement économique, amélioration du climat des affaires, simplification des procédures…) et de l'Etat stratège (préparer l'avenir, faire un état de veille, élaborer des stratégies, encourager l'initiative privée voire la financer, promouvoir l'attractivité nationale…). Le PDP propose également d'améliorer le climat des affaires, de jeter les bases d'une bonne gouvernance, d'inciter le privé à investir dans les créneaux porteurs, de renforcer les mécanismes de soutien à l'exportation et d'accroître la productivité des PME, en plus du développement d'un système national de l'innovation. Sur ce dernier point, M. Smaoui suggère le renforcement des mécanismes de financement de l'innovation, à travers la création d'un pôle pour le financement des Projets innovants qui regroupe, à la fois, banques, mécanismes de garantie, Sicar publique, conseil et suivi, en plus de la création d'un fonds national dédié au financement de l'innovation (participation de l'Etat au capital des entreprises innovantes). Le parti préconise également d'allouer un budget national à la recherche appliquée, de professionnaliser les filières d'enseignement (adapter l'offre par rapport aux orientations économiques), d'impliquer le privé dans l'élaboration des programmes d'enseignement et de recherche et de garantir la mobilité des chercheurs. Autres mesures non moins importantes évoquées par l'expert: la promotion de l'activité "capital investissement", la modernisation du secteur de la micro finance, l'optimisation de l'affectation des ressources financières et la modernisation du marché boursier. Au chapitre des ressources de l'Etat, l'expert affirme que "La Tunisie, avec les ressources dont elle dispose actuellement est incapable de concrétiser ses investissements programmés sans avoir recours à l'endettement, contrairement à ce que tout le monde pense". Il s'agit de rechercher des sources de financement sur le marché intérieur (bons de trésor, emprunts obligataires), dans un premier temps et de recourir, en second lieu à l'endettement extérieur, et ce, tout en tenant compte de l'équilibre budgétaire et de la capacité de remboursement du pays. S'agissant des mesures fiscales, l'expert suggère la baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) de 30 à 20 pc, l'imposition au taux de 10 pc des bénéfices provenant des exportations et des dividendes en plus du dégrèvement fiscal dans la limite de 100 pc des revenus réinvestis dans les sociétés opérant dans les secteurs technologiques et à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, M. Smaoui estime que tout programme économique doit être accompagné d'un programme social "fort" qui tend essentiellement à préserver le pouvoir d'achat du tunisien et à améliorer ses conditions de vie. Il propose à cette fin, de réviser le barème d'imposition des salariés, de supprimer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 6 pc, appliquée à ce jour aux produits de première nécessité, et d'accroître le nombre des logements sociaux créés annuellement de 11 000 actuellement à 22 000. Le PDP a été fondé en 1983 sous le nom de Rassemblement socialiste progressiste (RSP) et a oeuvré dans l'illégalité jusqu'à 1988, date à laquelle il a obtenu l'autorisation officielle. Il a été rebaptisé le parti démocrate progressiste (PDP) en juin 2001. Le PDP de tendance démocrate socialiste publie le journal "El Mawkef".