TUNIS, 4 Juil 2009 (TAP)- La tenue de la consultation nationale sur la productivité, prévue pour le 18 juillet 2009, vient couronner le dialogue national sur la productivité, ordonné par le chef de l'Etat. Cette conférence sera marquée par la signature du pacte national sur la productivité par les différentes parties concernées (ministères, structures professionnelles, partis..). Il convient de rappeler que le président Zine El Abidine Ben Ali a ordonné au début de 2009, la création d'une commission nationale technique de préparation du dialogue sur la productivité afin de renforcer la contribution de la productivité dans l'accroissement du taux de croissance et l'amélioration de la compétitivité du pays, notamment en cette période de crise. Un pacte national sur la productivité En prévision à cet évènement, plusieurs séminaires régionaux ont été organisés sous la présidence des membres du gouvernement, en vue d'approfondir la réflexion et de sensibiliser les différents acteurs économiques quant à l'importance du rôle que joue la productivité dans la réalisation des objectifs visant à hisser la Tunisie au rang des pays développés. Dans une déclaration à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), M.Sadok Ben Jemâa, président de la commission, a souligné que l'amélioration de la productivité ne manquera pas de donner les effets escomptés aussi bien au plan micro-économique que macro-économique. Il a fait savoir que la Tunisie dispose de vastes opportunités d'amélioration de la part de la productivité dans le PIB, afin de réaliser les objectifs fixés en matière de croissance et d'emplois. En dépit des résultats forts positifs enregistrés par la Tunisie au plan de la productivité au cours des deux dernières décennies, avec une part au PIB estimée à 44%, la réalisation de l'ensemble des objectifs nécessite de poursuivre les efforts sur la voie de l'accroissement de la productivité globale de tous les facteurs de production au taux moyen de 3%, au cours de la prochaine période, contre 2% durant la dernière décennie. Pour ce faire, il y a lieu d'accélérer le processus de réformes dans les différents domaines d'activités, notamment ceux propres à favoriser l'intégration à la sphère économique internationale. Accroissement de la productivité globale au taux moyen de 3% Les études menées jusqu'ici, montrent que le niveau de productivité diffère d'un secteur à un autre en fonction du degré d'ouverture. Il ressort de ces études que les secteurs qui sont les plus ouverts à l'international et qui opèrent dans un environnement très concurrentiel, à l'instar des Industries mécaniques et électriques (IME) et le textile-habillement, ont un meilleur taux de productivité que d'autres secteurs, tels que les services. Pour ce qui est des facteurs de production, ces mêmes études relèvent que la productivité des facteurs travail et capital a enregistré une évolution remarquable dans la plupart des domaines hors agriculture, plus particulièrement les services, les communications et les IME. L'analyse sectorielle des facteurs de croissance montre que ce sont les secteurs à haut contenu de savoir qui ont vu leur productivité s'améliorer à un rythme plus accéléré. La part de ces secteurs au PIB a évolué pour atteindre 25% (actuellement), contre 16% en 1995, sachant que ces secteurs se distinguent par leur fort taux de valeur ajoutée atteignant 58,4% du volume de la production contre 48,1% de l'économie en général. Ces indicateurs témoignent de l'enjeu d'amélioration des taux de la haute valeur ajoutée de tous les secteurs en tant qu'outils pour l'augmentation de la productivité. La commission nationale technique chargée de la réalisation du dialogue national sur la productivité se déploie pour définir les divers facteurs déterminant l'amélioration de la productivité en Tunisie. Après une analyse de la situation de la productivité en Tunisie et des acquis réalisés en la matière, l'action de la commission est axée, selon M. Ben Jemaa, sur deux principaux volets, en l'occurrence la productivité intégrale (l'économie en générale) et la productivité de l'entreprise. L'enjeu d'amélioration des taux de la haute valeur ajoutée L'accent a été mis sur l'entreprise, à travers l'audition d'un nombre d'entreprises qui ont présenté leurs expériences dans ce domaine. Un intérêt particulier a été accordé, en parallèle, aux secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme, des services, de la logistique et du transport. Après avoir identifié les facteurs d'amélioration de la productivité, la commission a relevé, selon son président, l'absence de la culture de productivité malgré un environnement extérieur propice à l'amélioration de la productivité et la compétitivité de l'entreprise. Il a souligné que l'amélioration de la productivité demeure tributaire des efforts déployés au niveau de l'entreprise pour organiser le travail et mettre à niveau les ressources humaines, ce qui nécessite le développement de la formation en général (enseignement et formation professionnelle), la motivation des employés, l'amélioration des conditions de travail au sein de l'entreprise et l'amélioration des taux d'encadrement. Les études réalisées sur la productivité révèlent une absence de la planification du travail au sein de l'entreprise et montrent que l'absence de contrôle est à l'origine d'une baisse de l'ordre de 75% de son efficience et par conséquent d'une régression de sa productivité. Pour remédier à cette situation, l'action doit être axée sur l'incitation à l'innovation et à la recherche, que ce soit au niveau de la présentation du produit et des méthodes de production, de l'organisation du travail au sein de l'entreprise et de l'amélioration du contenu technologique en général. Un autre facteur et non des moins importants dans l'amélioration de la productivité, est celui de l'entretien des équipements (partant de l'appel d'offres jusqu'à la détermination des budgets d'achat et d'entretien). L'investissement dans les nouvelles technologies de la communication et de l'information constitue également un instrument efficace pour l'amélioration de la productivité, d'autant que les efforts s'orientent vers l'instauration d'une économie basée sur le savoir, les sciences et la technologie. Les études réalisées à l'échelle internationale sur la productivité révèlent que les entreprises qui ont le plus recours aux technologies de l'information et de la communication (TIC) enregistrent des niveaux plus élevés de productivité dont le taux atteint 4% pour les entreprises qui utilisent des logiciels modernes. Cet écart est de 11% concernant les entreprises disposant de centres d'appels, de liaisons avec les réseaux extérieurs et de moyens audiovisuels pour les conférences et il est évalué à 17% s'agissant des entreprises utilisant la messagerie électronique pour 50% des employés. Le Forum de Davos définie la compétitivité selon 14 indicateurs portant notamment sur les ressources humaines, le financement, le rendement de l'administration, l'infrastructure, le marché du travail, le niveau de l'enseignement et de la formation professionnelle, la culture d'entreprise, outre la lutte contre la corruption et la stabilité macroéconomique. M. Sadok Ben Jemaa a expliqué que la commission a également démontré l'importance grandissante que revêtent l'aménagement du territoire et l'urbanisation dans la délimitation des espaces d'animation, d'infrastructure de base, de services et autres, lesquels doivent constituer un catalyseur pour l'amélioration de la productivité. Il a estimé que les efforts doivent être axés également sur la poursuite des réformes structurelles, de manière à renforcer l'efficience de l'économie, améliorer la productivité globale des facteurs de production et fournir un environnement propice au développement de l'activité de l'entreprise. La commission a adressé un ensemble de propositions axées notamment sur l'intégration de l'économie tunisienne dans le circuit économique international et ce à travers la libéralisation des services, l'intégration des services public et privé, la promotion des secteurs porteurs (Outsourcing, services de santé et d'aviation, biotechnologies), tout en améliorant les services logistiques et l'infrastructure de base y afférent. La commission nationale de préparation du dialogue national sur la productivité qui regroupe environ 75 personnes (compétences nationales, universitaires, experts et représentants des ministères concernés et des organisations nationales et professionnelles), a tenu plus de 16 réunions. La commission a également créé un site "web" auquel peuvent être adressées les suggestions sur les meilleurs moyens d'accroître la productivité.