La rencontre du président du gouvernement, Hamadi Jébali, avec les médias nationaux, publics et privés, a donc, d'abord et indépendamment du contenu, une valeur de démenti quand à ce qui a été propagé par les réseaux sociaux quant à l'éventuel remplacement de M. Hamadi Jébali par M. Ali Larayedh à la tête du gouvernement. Certes un démenti latéral a été annoncé ; mais ce rendez-vous médiatique est le meilleur argument, d'autant plus que le président du gouvernement l'a d'emblée situé dans le cadre de ses rendez-vous mensuels avec les médias, des rendez-vous interrompus pour un temps mais promesse a été donnée, à l'occasion, de respecter ce rendez-vous. D'ailleurs le débat lui a permis plus tard de revenir sur ce détail pour souligner ce démenti tout en précisant le manque d'intérêt personnel qu'il a pour la responsabilité politique. Il faut reconnaître que le président du gouvernement a bien parlé en tant que tel et qu'il a essayé d'éviter de laisser paraître sa casquette partisane (sauf en parlant des compensations au profit des anciens opposants quand il a souligné son intervention pour déduire le nombre de militants d'Ennahdha à profiter de cette faveur). C'est peut-être un acquis pour le discours politique national, mais c'est surtout un coup stratégique bien réussi. Ainsi, on a pu relever déjà un autre point de divergence avec la présidence de la République quant aux élections municipales, raisonnablement impossible à réaliser avant les élections législatives, contrairement à ce qui semble être l'avis du président provisoire. L'autre dossier important, celui du conflit ou du différend entre le gouvernement et l'UGTT : les propos du chef du gouvernement a paru rassurant sur l'avenir des négociations. Cependant, les difficultés financières ayant été soulignées, quand on a évoqué le problème des compensations des anciens opposants politiques qui aurait pu être reporté pour plus tard afin d'éviter le surplus de tension au niveau de la population, Hamadi Jébali a pu intégrer son développement dans le cadre social (en profitant pour souligner ici la « gaffe » de Houcine Dimassi qui aurait sorti ses propres chiffres, fort alarmants, avant même que rien ne soit décidé). A propos des Instances Supérieures, le discours du président du gouvernement a paru plus argumenté que les idées développées par les intervieweurs (en mal de coordination entre eux, soit dit en passant). Il a insisté notamment sur la transparence et l'indépendance de la prochaine ISIE, plus même que la précédente et plus légitime, et capable de conduire les élections à temps puisque l'administration n'a pas arrêté de travailler. Quant à la date des élections pour le 20 mars 2013, elle dépend de la fin des travaux de l'ACN et surtout de son consensus sur le régime politique à adopter. La position du chef du gouvernement a été plus renforcée par l'évocation de la rumeur concernant le remaniement ministériel : il lui a été donné de souligner le comportement démocratique à l'intérieur du gouvernement, les décisions étant prises par la voie du vote. Il a eu la possibilité d'insister sur la tendance perceptible, chez certains, à ne pas reconnaître la légitimité de la majorité et à vouloir la sanctionner et la priver des nominations comme pour la punir de la majorité acquise. Ce qui est injuste, dit-il. Le président du gouvernement a souvent donné raison à Houcine Dimassi, son ministre démissionnaire des Finances, dévoilant à l'occasion les comportements mafiosi qui profitent des couches sociales aux situations précaires. Mais il a conclu par le rapport du FMI qui est favorable à la Tunisie, d'après le chef du gouvernement, invitant les médias à s'impliquer objectivement dans la manipulation des chiffres et les développements qui en découlent pour mieux éclairer le citoyen et pour servir la cause nationale. C'était le coup fatal porté, d'autorité, aux journalistes poussés alors dans leurs derniers retranchements. Finalement, ce qui est essentiellement positif, c'est l'engagement personnel du président du gouvernement à résoudre l'équation des hommes d'affaires et des entreprises en situation probléme, en vue de libérer l'initiative et la relance économique et sociale. Pour le reste, tout porte à croire que l'entretien a été décidé à la dernière minute pour remplacer une intervention du chef du gouvernement, ce qui expliquerait le déroulement par trop improvisé de l'entretien. En tout cas, le seul gagnant au change a bien été le président du gouvernement.