Il n'échappe à personne que ces jours-ci, qui précèdent le 23 octobre 2012, constituent une occasion propice pour l'animation du jeu et de la surenchère politiques, à coup d'accusations qui ont valeur d'insultes et de prétendues critiques qui résonnent comme des supercheries. Dans la ligne du viseur ? Nidaa Tounès, évidemment ! En arrière fond du champ de tir, comme pour cueillir les balles perdues ? L'UGTT ! Commençons par souligner la sage décision prise par l'équipe d'Essebsi et leurs partenaires d'annuler leur grand rassemblement du Kram (faute d'obtenir la « Qobba » ou le Zouiten). En effet, ils ont épargné ainsi au pays un surplus de violence qui aurait aidé à noyer le poisson encore une fois et à divertir l'attention et les revendications pour les détourner de l'essentiel. Au fait, nous croyons savoir que Nidaa Tounès et ses alliés ne veulent pas le départ du gouvernement actuel et refusent même de participer à un autre qui le remplacerait ou le corrigerait. Tout au plus veulent-ils se fonder sur la valeur symbolique du 23 octobre pour appeler à un échéancier précis et entendu en vue de réussir la seconde étape de la transition démocratique et à des garanties pour le bon déroulement des prochaines élections. Pourquoi donc, au vu de tout cela, la troïka (à part la timide et suspecte concession d'Ettakattol et l'attitude pendulaire d'Ennahdha) s'entête-t-elle à exiger l'exclusion de Nidaa Tounès de la discussion de l'initiative de l'UGTT ? On semble comprendre désormais, un peu partout, que « la bande du CPR » n'a rien de la défense des droits de l'homme et qu'elle serait capable « de perdre le pays pour assouvir une vengeance », dit-on dans certains cercles. Mais n'y aurait-il que cela dans son calcul ? De l'avis de certains spécialistes, c'est l'UGTT qui est visé à travers la condition d'exclusion de Nidaa Tounès. Car l'initiative de la centrale syndicale a longtemps constitué une épine au pied de la troïka. La conjoncture l'a contrainte à l'accepter pour ne pas se discréditer totalement. Elle serait alors en train de chercher à casser le consensus autour de cette initiative pour la réduire à néant, ou à peu de chose, en tout cas à rien de largement mobilisateur. Or, les responsables de l'UGTT, comme ceux de Nidaa Tounès, ne répondent pas à la provocation et ne tombent pas dans le piège, semble-t-il, puisqu'ils restent sereins et bien fixés sur leurs principes. Cela est sans doute d'autant plus heureux pour la transition démocratique (d'autant plus malheureux pour la troïka, diraient certains) que le Front Populaire désormais affirmé et confirmé comme une force politique importante, une alternative même, est de nature à faire valoir l'intérêt d'un pluralisme sincère, où chacun est fidèle à ses principes et dont la troïka n'a senti ni le besoin ni la nécessité.