La composition du gouvernement d'Ali Laarayedh, aussi surprenante qu'attendue, a provoqué de différentes réactions sur les deux plans, national et international. La presse internationale s'est exprimée sur ce sujet. « La Tunisie a nominé des non-alignés dans des postes ministériels clés», annonce le journal américain San Francisco Chronicle. C'est une concession de la part d'Ennahdha pour calmer la colère des citoyens incertains de leur future ainsi que les partis de l'opposition, indique le journal américain qui précise qu'après l'assassinat de Belaid, Ennahdha s'est trouvé incapable de gouverner le pays. Le mouvement a été obligé de passer par des conflits internes entre les radicaux et les modérés. La nomination d'Ali Laarayedh, un jusqu'au-boutiste accusé d'avoir échoué à s'opposer à l'extrémisme salafiste en tant que ministre de l'intérieur, à la tête du gouvernement témoigne de la victoire des radicaux du parti, conclue le San Francisco Chronicle. « Finalement, un accord sur la composition d'un nouveau gouvernement », remarque la Radio Russe, The Voice of Russia, dans un article publié sur son site officiel, une remarque qui donne l'impression que l'auteur a poussé un soupir de soulagement après des mois d'attente. « Ennahdha abandonne des ministères clés pour une nouvelle coalition gouvernementale » est le titre choisi par le journal new zélandais NZweek à un article qui s'intéresse à la composition du nouveau gouvernement. Selon cet article, le nouveau gouvernement se caractérise par 3 traits principaux : la neutralisation des ministères de souveraineté, la diminution du nombre des ministres, et la préservation de la même coalition gouvernementale. Les articles cités dans cette revue mettent l'accent sur le fait que la nouvelle composition n'a pas rompu avec l'ancien gouvernement de Jbali. « Le premier ministre tunisien maintient le statu quo de la coalition gouvernementale », commente le journal britannique Financial Times. D'autre part, le journal français Le Monde remarque que « Si le gouvernement a été élargi à des personnalités apolitiques, M. Larayedh a échoué à y intégrer d'autre partis que ceux de l'alliance sortante. Et une grande partie des ministres du gouvernement démissionnaire conservent leurs postes, tandis que d'autres obtiennent de nouveaux portefeuilles ». En énumérant les difficultés que le nouveau gouvernement doit affronter, le journal français souligne que sortir le pays de l'impasse actuelle est une « lourde tâche ». Mais Ali Laarayedh, même s'il a échoué à changer la coalition gouvernementale, il a quand même fait un effort. Il doit au moins être remercié d'avoir mis fin à une série ennuyante qu'on appelle le « remaniement ministériel ». Oui, après des erreurs et des échecs à la tête du ministère de l'intérieur, Laarayedh, contrairement à Jbali, « a fini par trouver son gouvernement », indique le titre d'un article publié dans le Huffington Post. « Si cette coalition peut achever sans difficultés la majorité requise de 109 votes pour pouvoir gouverner, ce soutien reste insuffisant pour dépasser définitivement la crise qui agite la Tunisie depuis des mois. L'assassinat de Chokri Belaid a aggravé la situation du pays. La vie politique est paralysée depuis des mois par manque d'un consensus sur une constitution, sans laquelle on ne peut pas organiser des élections », indique le quotidien espagnol Hoy.Es. Les médias arabophones se sont exprimés sur le sujet. La chaine Saoudienne Al-Arabia explique sur son site qu'il n'y avait pas un changement réel dans la coalition gouvernementale à cause du refus des partis de l'opposition de rejoindre le gouvernement d'Ali Laarayedh. Le quotidien libanais Al-Hayet a cité des membres de l'opposition tunisienne tout en qualifiant le gouvernement de Laarayedh d'une « réincarnation de celui de Jbali ».