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Chronique, le mot pour le dire : L'Amnésique
Publié dans Tunivisions le 27 - 09 - 2013

« Il est une forme d'amnésie qui survient suite à un heureux changement de situation qui pourrait avoir, sur le bénéficiaire, l'effet d'un traumatisme. Ce type d'amnésie en particulier s'attaque, dans le patient qui en est frappé, à ses seules vertus, de sorte que, peu à peu, le militant de droits de l'homme, à titre d'exemple, se métamorphose, en un fanatique intransigeant ».
Personne – Voir : L'Odyssée
Le Dr Mohamed Moncef Marzouki se rappelle-t-il encore son passé tout récent, ou la présidence de la république, toute décharnée qu'elle est, lui aurait-elle fait oublier ses croisades contre le despote dont il occupe aujourd'hui le trône ? Cette question est d'autant plus légitime que les déclarations de M. le provisoire, qui s'éternise, lors de son dernier passage aux Etats-Unis (aux frais du contribuable tunisien et d'une princesse d'un conte de fées qui ne regarde que lui) ont estomaqué la majorité écrasante de ses malheureux administrés et de l'un d'eux en particulier : un certain Jabeur Mejri.
Il est heureux que les honneurs, qui ont été prodigués à notre Provisoire par son hôte américain, ne lui aient pas sorti de la tête le souvenir de ce malheureux jeune homme qui croupit en prison depuis quelque temps – et qui devrait y moisir sept ans et demi durant – pour avoir osé avouer, dans la jeune démocratie de son Excellence, son irréligion comme bien d'autres qui eux, ont osé, et osent crier, vociférer leur piété partout, malmener, et descendre parfois, ceux que cet excès de religiosité indispose ou agace. Nous sommes reconnaissants à son Excellence le Provisoire de s'être rappelé le cas pathétique de ce malheureux qui n'a pas agressé une mouche, mais nous déplorons que l'ex-militant des droits de l'homme ait parlé de lui en Président, et seulement en sa qualité de président. A l'entendre, on se croirait en présence d'un permanent chevronné et non d'un novice qui n'a pas encore bien maîtrisé son métier de roi, pardon de roisident.
Le Provisoire, qui attend impatiemment l'occasion de se faire titulariser, a parlé comme aurait parlé son prédécesseur s'il était toujours en vie (entendez au pouvoir), et s'est plu à justifier l'incarcération de Jabeur Mejri qui – ô miracle ! – s'est révélée être une mesure de clémence à l'égard de cette tête brûlée, victime seulement de ses idées fantasques. Ce jeune écervelé aurait oublié que la société tunisienne est conservatrice et que, par conséquent, il aurait dû laisser ces cogitations saugrenues pour lui. Le Président a omis de préciser si ce jeune téméraire a été placé en détention par lui-même ou par une autre instance, dans l'attente que son affaire se tasse et que les choses s'arrangent un peu. La durée de la détention, décidée par un magistrat intègre, un humaniste imbu des valeurs de la révolution du 23 octobre 2011, a été judicieusement calculée pour faire oublier jusqu'au souvenir de cet aventurier.
En tout cas, le juge espère bien – et le Provisoire aussi – que, dans sept ans et demi, les salafistes, qui empêchent notre guide de dormir, auront oublié l'ignoble crime de ce fervent adepte de la laïcité ou que, par chance, le criminel ne survivra pas à sa peine. Ainsi, l'affaire sera classée, et personne ne pourrait imputer la responsabilité de la mort de ce prisonnier obscur à la resplendissante démocratie tunisienne, concoctée par son Excellence le Provisoire. Bref, le malheureux doit se tenir à l'ombre – de son plein gré, cela s'entend – plutôt que de courir le risque de se faire égorger au premier coin de rue par le plus modéré parmi les barbus. Le locataire de Carthage a expliqué a ses hôtes que le dénommé Mejri est en prison parce que l'Etat, dont il est le chef, a décidé de le protéger contre les terroristes, enfin les « microbes », ces extrémistes impulsifs qui s'agitent un peu plus qu'il n'en faut. L'Etat a pris cette mesure humanitaire parce qu'il est plus facile, et moins coûteux surtout, d'emprisonner une personne que d'en emprisonner des milliers !
L'argument est imparable, mais le Provisoire a noté les grimaces d'indignation et de dépit sur les visages, en apparence impassibles, de ses hôtes. Mais pourquoi, nom de nom, l'Etat mettrait-il un homme, qu'il voudrait protéger, en prison ? La vie en contrepartie de la liberté est un troc indigne d'une jeune démocratie, et de la démocratie tout court. C'était ça que son Excellence a surpris dans les regards agacés de ses auditeurs. Et puis diable, pourquoi traduire en justice un homme qui a juste besoin d'être protégé ? Pourquoi lui faire subir cette ignominie, alors qu'il aurait été de loin plus logique, et certainement plus juste, de condamner les bandits qui en veulent à sa vie ? Le Provisoire a fait l'effort de ne pas rougir de confusion, mais l'insistance de son auditoire lui a fait perdre ses moyens et il s'est fait ainsi arracher une promesse bien inconsidérée : Jabeur Mejri serait libéré au bon moment. Comme si cela dépendait de lui !
Maintenant que le mal est fait, le Provisoire doit assumer les conséquences fâcheuses de sa précipitation ou espérer que, dans une année ou deux, ses hôtes auront oublié aussi sa malheureuse bévue ! La bêtise de ce jeune écervelé est telle qu'il serait hasardeux, voire risqué de soulever son cas à l'occasion du prochain Aïd. S'il s'était agi d'une autre connerie, une razzia, un acte de pédophilie ou un attentat contre l'un de ces incorrigibles extrémistes de gauche, le locataire de Carthage aurait tout fait pour que le nom de Jabeur Mejri soit sur la liste des graciés. Mais le cas de ce malheureux (le Provisoire compatit, mais ne tolère rien) est malheureusement intraitable. Un sacrilège est un crime impardonnable quoiqu'en pensent les gens de l'autre rive.
Alors, que faire ?
La solution, la meilleure, serait que Jabeur Mejri reste là où il est, bien en sécurité. Le Provisoire pourrait demander qu'on le surveille plus étroitement pour qu'il ne soit pas zigouillé devant tous les pensionnaires de sa chambrée. Après sept ans et demi, il sera relâché, et il lui reviendra alors de veiller lui-même sur sa sécurité. Même après tant d'années, il et possible qu'il tombe sur quelqu'un qui estime qu'il n'a pas suffisamment payé pour son ignoble crime et, se faisant le croisé d'un sacré que l'Etat n'arrête pas de profaner, il égorgerait le mécréant en pleine rue. Légitime défense !
Ah ! Que c'est dur de gouverner un peuple si conservateur ! Les extrémistes, qui donnent du fil à retordre au Provisoire, devraient se persuader que l'Etat ne pourrait pas prendre leur parti contre celui de la majorité. Ce serait là un suicide que son Excellence n'est pas prêt de consentir. S'il voulait durer à Carthage – et le Provisoire ne rêve que de cela – il devrait être toujours, en démocrate qu'il est, du côté de sa majorité. Jabeur Mejri n'en fait pas partie, et ces agitateurs qui n'arrêtent pas de revendiquer sa liberté n'en font pas partie eux aussi.
Son Excellence le Provisoire n'a pas à se faire du mauvais sang pour une affaire si futile. Le jour où la majorité changerait de camp, Jabeur Mejri ne passerait plus une seconde de plus en prison.


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