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Chronique, Le mot pour le dire : La secte des Hallucines
Publié dans Tunivisions le 01 - 10 - 2013

« L'imposture est le masque de la vérité ; la fausseté, une imposture naturelle ; la dissimulation, une imposture réfléchie ; la fourberie, une imposture qui veut nuire ; la duplicité, une imposture à deux fins ».
Marquis de Vauvenargues, Introduction à la connaissance de l'Esprit humain
Plusieurs organes de presse nationaux et étrangers annoncent aux Tunisiens, et au monde entier, le 27 septembre 2013, que la formation Ennahdha accepte « sans conditions » l'initiative du quartette, attestant par là que ce « parti » consent enfin à prendre part au dialogue national dans les plus brefs délais pour mettre fin à la crise politique qui étouffe le pays. Le jour d'après, ces mêmes organes de presse nous apprennent, par la bouche de Rached Gannouchi en personne, qu'il n'est pas question que le gouvernement nahdhaoui démissionne avant la finalisation de la constitution, confirmant ainsi le véto du chef du gouvernement Ali Lârayedh, répercuté par plusieurs faucons du mouvement islamiste, dont Noureddine Bhiri, Adjmi Lourimi et le ministre du transport Abdelkarim Harouni.
Ces déclarations musclées du noyau dur du mouvement islamiste ont été reprises en substance par le président du bloc parlementaire nahdhaoui Sahbi Atig qui a eu l'obligeance d'expliquer l'apostrophe de l'intransigeant A. Harouni : « N'attendez pas la démission du gouvernement, et ne perdez pas votre temps », en ajoutant, à son tour, une nouvelle condition qui devrait ruiner tous les espoirs que l'opposition attendent du futur dialogue national : « Aucun gouvernement ne peut succéder à celui de Lârayedh, déclare celui qui a menacé, il n'y a pas très longtemps, de lyncher les « putschistes », sans l'aval de l'ANC », autrement dit de la Nahdha et de ses satellites. En termes plus clairs, le parti islamiste qui s'est employé, deux mois durant, à noyer le poisson, estime être aujourd'hui suffisamment fort pour imposer la carte de la route qui arrange ses affaires, et rien que ses affaires. Encore une fois, l'opposition est battue à plate couture. La Nahdha ne lui concède rien, absolument rien.
Et le quartette ? Et l'accord que le président du « parti » s'est donné la peine de signer de sa main bénie ? L'avalanche de déclarations contradictoires dont nous bombardent jour et nuit les « dignitaires » de la secte régnante, est un avertissement éloquent au quartette, dont la neutralité est, pour le moins, se plaignent les nahdhaouis, incertaine. La Nahdha espère pouvoir neutraliser le quartette, et en particulier l'UGTT, son noyau dur, avant d'assener le coup de grâce à l'opposition chancelante. Il semble donc que ce ne soit pas un hasard, qu'aussitôt l'accord signé, les potentats du mouvement se mettent à souffler du chaud et du froid, et beaucoup plus du chaud que du froid, accentuant ainsi le désarroi de leurs adversaires, le quartette compris, et le dégoût et le désenchantement des Tunisiens, exaspérés par l'allure rocambolesque d'un feuilleton de bas étage. Si le peuple lâchait prise – et c'est ce qu'il est en train de faire – la Nahdha aurait gagné son pari : encore une fois, elle aurait eu ses ennemis à l'usure.
Dans ce cadre précis, la duplicité s'avère être une arme redoutable. Dire la chose et son contraire, en une seule et même formule, est un art divin, une sorte de bénédiction dont le ciel aurait pourvu la Nahdha pour la soutenir dans son combat contre le mal. Donner l'impression d'être d'accord, alors que vous ne l'êtes pas suffisamment, ou pas du tout, est le moyen le plus sûr de gagner du temps et de venir à bout – et c'est là le plus important – de la résistance de l'adversaire. Donner dans le vague, le vaporeux, l'imprécis, le probable, l'approximatif, voire l'abscons, est le meilleur moyen de distraire l'attention de l'ennemi de sorte qu'il perde de vue l'essentiel pour s'occuper, chaque jour, d'un nouveau faux problème.
Israël a eu raison des Palestiniens grâce à cette stratégie. La Nahdha aura raison du peuple tunisien grâce à cette même stratégie. Face aux tonnes d'immondices qui ont transformé leur pays en un véritable dépotoir à ciel ouvert, au terrorisme qui gagne chaque jour un peu plus de terrain, au scandale du Jihad An-nikah qui meurtrit leur amour-propre, au fanatisme galopant qui métamorphose à une vitesse vertigineuse leur mode de vie séculaire, à la déliquescence du système éducationnel public, à la faillite économique imminente et à bien d'autres fléaux qu'il serait fastidieux d'énumérer dans cet aperçu ; face à toutes ces calamités, les Tunisiens ne savent plus où donner de la tête et, tout à leur désarroi, ils laissent les coudées franches aux « gens de Dieu » pour mieux prendre possession de la Tunisie – que R. Gannouchi assimile à un « Souk », une sorte de « Terre promise », que Dieu aurait offert à sa secte –, de l'Etat et des privilèges attachés au pouvoir absolu. Car la Nahdha entend gouverner la Tunisie, pendant d'innombrables décennies, en maître incontesté.
C'est pourquoi l'avalanche de déclarations contradictoires des dignitaires nahdhaouis ne peut pas être le fruit du hasard. Bien au contraire, il s'agirait là, comme toujours, d'une ingénieuse distribution des rôles dont l'objectif évident est de vider l'accord, consenti et signé par le président de la secte, de son sens. En moins de deux jours, le mouvement a changé radicalement de position. Mieux encore, fort de son droit inaliénable – pour ceux qui l'auraient oublié, nous rappelons que la Nahdha prétend détenir une « légitimité » inusable –, la secte se permet d'accumuler les réserves, les objections, les vétos et les interdits, condamnant d'avance à la nullité un dialogue qui n'a pas encore démarré. Le « sans conditions », annoncé solennellement par Lotfi Zitoun, s'avère être un leurre ou, plus précisément, une feinte de plus de la part d'un parti qui confond sciemment duplicité et stratégie.
Cette fois-ci cependant, un élément déterminant vient s'ajouter à l'argumentaire nahdhaoui, que le président de la secte formule, lors de sa rencontre avec la « jeunesse de la Nahdha », au moyen d'une métaphore mercantile très éloquente : « Nous aspirions à avoir juste une Boutique, dit-il en substance, pour entrer en contact avec les Tunisiens, Dieu nous a donné le Souk tout entier ». Ce même élément a été repris le samedi 28/9/2013 par le ministre du transport Abdelkarim Harouni, lors d'un meeting à Mnihla. Ce dernier en a reproduit l'esprit, et non le texte. Le résultat est sidérant puisque le constat de R. Gannouchi a pris, dans la bouche de A. Harouni, l'allure d'un axiome dont le ministre hyper-enthousiaste s'est servi pour justifier le refus de sa secte de céder le pouvoir. Pour une fois (et c'est là un mérite que nous reconnaissons à M. A. Harouni), un leader nahdhaoui parle sans le moindre détour : « La mission que Dieu nous a confiée, dit-il, il nous a aussi ordonné de ne la rendre qu'à ceux qui nous ont mandatés, et c'est là un ordre divin, qui se situe au-dessus de la constitution et au-dessus de la loi ».
Si en traduisait en langage commun cet énoncé lapidaire, l'on se rendrait aisément compte que A. Harouni parle, lui aussi, à sa manière de la « boutique » et du « souk », mais en insistant sur le fait que l'une et l'autre sont un don divin au profit de la Nahdha, laquelle aurait été élue par Dieu – et non par le peuple (dont le rôle aurait consisté simplement à matérialiser la volonté divine) – pour gérer ce « souk » selon la loi divine et non selon la loi des hommes. Il est donc normal que A. Harouni déclare caduques la « constitution » et la « loi », autrement dit les dispositions humaines que la loi divine a rendues obsolètes. Nous présumons que le génie nahdhaoui fait allusion ici à la Shari'a pour laquelle sa secte s'est longuement battue, faisant perdre à la communauté nationale six mois d'une phase transitoire qui ne devrait pas excéder la durée d'une année.
Nous aurions été entièrement d'accord avec le ministre du transport, et nous aurions salué son honnêteté et son courage s'il s'était montré cohérent dans l'ensemble de son discours. Pour un homme qui préconise l'abolition de la loi humaine pour faire valoir la seule loi divine (lue et interprétée par les « Lumières » de sa secte, à commencer par lui-même), pourquoi tient-il absolument à « la finalisation de la constitution » et, à « la fixation de la date des élections » ? Si, comme le soutient R. Gannouchi et A. Harouni, c'est Dieu en personne qui avait fait don du « souk » tunisien à la Nahdha, il serait logique de supposer qu'il l'ait élue pour toujours, et non pour un misérable mandat d'une année, et que, par conséquent, les élections sont désormais inutiles pour la simple raison que les hommes ne peuvent en aucune manière contester le verdict divin en vertu duquel les nadhaouis sont devenus les maîtres, absolus et éternels, de ce misérable « souk » qui s'appelle Tunisie.
Le choix divin est, par essence, irrévocable. En toute bonne logique cartésienne, l'ANC devrait cesser incessamment ses activités, mais avant cela, il devrait annoncer au « souk » tunisien qu'il serait régi désormais par la seule loi de Dieu. Les Tunisiens auraient applaudi cette mesure révolutionnaire qui a le mérite incontestable de leur épargner de se saigner à blanc pour une constitution que les « gens de Dieu » ont la ferme intention de jeter à la poubelle ! Les Tunisiens espèrent que messieurs Gannouchi et Harouni s'expliquent davantage sur ce point litigieux. Les Tunisiens seraient encore plus reconnaissants à M. A. Harouni s'il leur évitait le désagrément de choisir ceux qui devraient succéder aux « gens de Dieu », actuellement au pouvoir, et le prient, en conséquence, de ne jamais lâcher le pouvoir qu'ils leur ont confié (les Tunisiens se permettent de rappeler à M. Harouni que c'est Dieu, et non eux, qui a confié le pouvoir à la Nahdha et qu'il ne leur revient pas donc de le lui enlever) à aucune autre partie parce qu'ils ne veulent pas, en dehors de la Nahdha, d'autre gouvernant. Or, la Nahdha est là, qu'elle y reste donc, et pour l'éternité !
Il appert de ce qui précède que la Nahdha se présente comme le porte-parole attitré de Dieu et, de ce fait, et en vertu d'un mandat – A. Harouni parle d'ordre, laissant entendre par là que sa secte serait une sorte de prophète collectif mandaté par Dieu pour mener les Tunisiens vers le salut – divin explicite, celui du peuple. L'on comprend aisément alors que l'ex-ministre des affaires étrangères ait dit de l'ex-gouvernement qu'il était le meilleur que le pays ait jamais eu, et l'on comprend également que son beau-père n'ait pas cessé de répéter que sa secte gagnerait les élections. En effet, quel parti politique pourrait-il prétendre battre un « parti » qui n'en est pas un ? Un « parti », soutenu par Dieu en personne, est imbattable. Un « parti » de ce type ne s'abaisserait jamais à dialoguer avec le menu fretin laïc !
Aucun échange politique, sensé et conséquent, ne peut se faire avec un « parti » de cet ordre, dans lequel chaque militant, aussi humble soit-il, est un « parti » à part entière. En fait, il n'y a pas, à proprement parler, de parti Ennahdha, il y aurait, à l'évidence, autant d'Ennahdha qu'il y a de chefs nahdhaouis. Toutes ces têtes couronnées font part aux Tunisiens de leurs saintes vues et, ce faisant, ils se contredisent à qui mieux mieux, et cela pour mettre en évidence la « fibre démocratique » de leur « mouvement », mais ils sont tous d'accord sur point : ils veulent tout le « souk » pour eux, parce qu'il n'est pas dans leurs habitudes de partager. Les élus de Dieu œuvrent entre eux, pour leur compte, parce qu'il est dans l'ordre des choses que les purs n'admettent aucun commerce avec les impurs.
L'opposition laïque et le quartette, qui arbitre le différend qui la sépare du pouvoir, font incontestablement partie de la caste des impurs. C'est là tout le problème. Et c'est ce problème que les purs cherchent à contourner par tous les moyens pour ne pas subir l'affront de devoir dialoguer avec les impurs !
A bon entendeur.


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