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Chronique : L'embrassade de Marzouk et Morjane sous les auspices de Bourguiba
Publié dans Tunivisions le 04 - 08 - 2015

On n'a pas encore fini de parler de l'anniversaire de Bourguiba, comme on ne devrait pas finir de parler de Bourguiba, pour ne jamais perdre de vue non seulement le devoir de mémoire, mais aussi et surtout l'impératif de concevoir l'avenir à la lumière de cette mémoire.
Le cérémonial de commémoration du 3 août a donc vu affluer un grand public, preuve que jamais la Tunisie moderne n'oubliera le symbole de sa fondation. L'événement a vu courir aussi, vers le Mausolée Bourguiba, plusieurs personnalités politiques de différentes générations, « chacun sa mer, chacun son vent », preuve que jamais on n'arrêtera de monnayer Bourguiba, par adhésion ou par opposition.
Dans la volée du flux en images qui a rapporté l'ambiance de la cérémonie de Monastir, une image a par trop retenu l'attention, aussi bien par ce qui en paraît que par ce qui s'y cache. Celle de Mohsen Marzouk et Kamel Morjane se tenant par les épaules de telle façon à laisser croire autant au duel qu'à l'effusion affectueuse. Du coup, c'est la course aux interprétations et aux spéculations sur ce qui se préparerait dans les relations complexes entre deux hommes qui, avec des moyens et des outils presque opposés, en tout cas différents et inégaux, donnent l'impression qu'ils concourent sur le même terrain et qu'ils rivalisent pour le même objectif. Pourtant, on n'ose vraiment y croire, vu au moins l'évolution du parcours de chacun et l'évaluation du rapport de force de chaque côté.
Un témoin se trouvant assez près de Marzouk et Morjane, au moment de l'embrassade, nous a rapporté que celui-ci aurait commencé par lancer à son interlocuteur : « Mais Bourguiba est le nôtre ?! ». Contentons-nous de cela, car cela seul mérite une profonde réflexion.
Notons d'abord que nous relayons cette affirmation avec beaucoup de réserve. En effet, nous doutons qu'un diplomate chevronné comme K. Morjane puisse avoir un tel lapsus, même à titre de plaisanterie, surtout dans ce contexte précis. A moins qu'il n'y ait là de la provocation franche et préméditée, et cela deviendrait plus déplorable, car relevant plus du sensationnel que du pragmatisme politique.
Il est vrai que le président d'Al-Moubadara Al-Watania rappelle souvent son ancrage familial dans la tourbière bourguibienne pour faire valoir son attachement à la pensée politique du Zaïm, mais celle-ci est un patrimoine ouvert, propriété de tous les Tunisiens qui s'en reconnaissent et acceptent de le promouvoir pour le faire perdurer. Ainsi, même si ce n'est pas tout à fait le cas, un opposant du vivant de Bourguiba peut s'avérer plus bourguibien, de cœur et d'esprit, que l'un des fieffés partisans de l'apparat d'une icône et du mythe d'une idole.
C'est l'occasion pour nous de rappeler ici ce que nous avions souligné à plusieurs reprises : la pensée bourguibienne est cette configuration médiane, basée au centre de la pensée politique, une main tendue vers la gauche centriste et une autre vers la droite centriste, toutes deux supposées assez souples (par l'esprit médian, justement) pour réaliser un consensus avec le pilier central et centriste qui, en Tunisie, trouve son expression la plus cohérente et la plus pratique dans la pensée bourguibienne. Nous disions alors, au tout début de la déclaration de Béji Caïd Essebsi lançant « l'Appel de(pour) la Tunisie » (Nidaa Tounes), avant même que ce mouvement ne devienne un parti, que le parti du Destour avait raté deux chances historiques de résoudre son conflit avec une partie de la gauche tunisienne qui puise sa pensée dans les mêmes sources où Bourguiba avait puisé la sienne, en l'occurrence le réformisme tunisien.
Au milieu des années soixante-dix du siècle dernier, les Destouriens avaient choisi de renforcer l'islamisme pour affaiblir la gauche. L'erreur a été fatale et ses conséquences désastreuses. Après ils étaient obligés de combattre l'islamisme par tous les moyens, sans pourtant corriger l'erreur commise à l'égard de la gauche modérée et c'était tout aussi maladroit.
Puis vint Ben Ali qui chercha au début à corriger cette faute en attribuant les secteurs clés de l'édification sociétale moderniste à cette gauche-là dont les ténors avaient trouvé refuge dans l'action syndicale et la lutte pour les droits de l'homme. Ces trois secteurs sont : l'enseignement, la culture et la jeunesse. Qu'est-ce qu'on a fait avec cela, qu'est-ce qu'on en a fait, après un démarrage prometteur ? Un autre déplorable divorce dont on peut aujourd'hui accuser abusivement n'importe qui, d'un côté comme de l'autre, juste pour trouver un bouc émissaire et se détourner du sens de la responsabilité partagée, alors qu'il serait plus heureux de l'analyser dans la juste raison des effets et des causes afin d'en tirer une leçon édifiante pour l'avenir.
Or l'opportunité de cet avenir est venue avec Nidaa Tounès, la troisième chance de la réconciliation des sensibilités politiques fondées sur les valeurs médianes et les principes centristes. Aujourd'hui encore, cette opportunité est en passe d'avorter par trop d'égoïsme, d'égocentrisme, d'opportunisme, par manque d'un leadership qui soit composé de vrais épigones de Bourguiba, autant dans la pensée politique que dans la plateforme éthique et patriotique qui conduisait son parcours militant.
C'est ici qu'un retour à la photo Marzouk-Morjane s'impose. Indépendamment de ce qui a été échangé ou non entre les deux politiciens, force est de reconnaître que nul avenir n'est solidement concevable pour le centrisme tunisien sans une alliance concertée et adoptée sur la base d'un programme politique intégral et une déontologie politique qui ferait de la différence relative un facteur d'enrichissement pour l'ensemble et non une cause de divergence. Cela ne pourra se faire que par un rassemblement de la base destourienne large sous l'égide d'une structure politique rénovée, insensible à toute personnalisation et à toute manipulation d'ordre régional, social, sectoriel ou autre. Cela lui donnerait une entité de négociation paritaire de par le poids dont elle pourrait se doter.
De l'autre côté, la gauche modérée, celle dans le Nidaa ou celle qui n'y est pas, comme Al Massar, devra revoir ses positions à l'égard de la famille destourienne élargie et négocier avec elle, de façon tout aussi paritaire, cette plateforme de base pour une Tunisie de demain, riche des acquis de son passé, des enseignements de son présent et des ambitions de son futur. Dans cette dynamique de base, la pensée bourguibienne, plus que Bourguiba, constituerait le premier document de travail et le souffle inspirateur.
Pour tout dire, la logique historique impose aujourd'hui, à tous ceux qui veulent sauver la Tunisie, une coalition de fond avec Al Massar et ses environs (le discours de Samir Ettaïeb est on ne peut plus bourguibien dans son essence), les Destouriens et leur famille élargie, ainsi que le Nidaa, toutes démarcations internes confondues, un rassemblement structurel dans ce dernier qui dispose de l'assise pratique et politique la plus favorable, d'autant plus que son dernier conseil du 2 oaût 2015 à Hammamet vient de se revendiquer encore de la pensée bourguibienne. D'autres partis qui se reconnaîtraient de cette mouvance seraient bien accueillis, pour peu qu'ils adhèrent à l'éthique et aux principes de base de la nouvelle coalition. Resteront en face les partis idéologiquement inconciliables avec cette mouvance, comme le Front populaire qui sera bientôt confronté à sa propre logique de cohérence idéologique et politique. Ceux-là joueront leurs cartes dans le pluralisme politique, dans les règles de l'art et conformément à la nouvelle constitution de la Deuxième République.
Le paysage politique tunisien n'en sera que plus clair et plus adapté à l'entendement des Tunisiens et la Tunisie ne s'en portera que mieux, peut-être le mieux possible, dans le contexte actuel.


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