Au Bureau de l'emploi des cadres et du travail indépendant de Tunis, la tension est à son comble. Difficile de se frayer chemin devant l'entrée du bureau. Une fois à l'intérieur, c'est la bousculade. Le bureau est plein à craquer. «Nous sommes ici pour remettre nos dossiers afin de recevoir l'allocation que le ministère de l'Emploi a annoncé, il y a plusieurs jours», nous répond Haifa, une jeune diplômée. L'annonce du programme Amal, le 22 février 2011, au profit des diplômés de l'enseignement supérieur, a suscité maints espoirs. Il s'agit d'une sorte de bourse de chômage même si on ne l'affirme pas. Elle bénéficiera à 50 mille jeunes diplômés, dans une première étape, contre l'acceptation d'une formation dans les spécialités demandées par le marché de l'emploi et des stages dans différents domaines. La sélection de ces 50 mille jeunes est basée sur trois critères : la période de chômage, la situation sociale de la famille du chômeur et le niveau de développement économique de la région à laquelle appartient le chômeur. Selon Mokhtar Farhat, directeur du BNEC de Tunis, les diplômés qui ont déjà bénéficié des mécanismes de promotion d'emploi, et qui sont actuellement au chômage, pourront également postuler pour ce programme. En chômage depuis plus de cinq ans, Haifa affirme que ce programme pourrait être une solution privilégiée pour les chômeurs de longue durée, surtout dans des spécialités à faible intégration dans le marché du travail. Ayant une maîtrise en langue arabe, elle n'a pas eu la chance, durant ces cinq années, que d'exercer en tant que secrétaire, pendant quelques mois, sans contrat ni couverture sociale. «Mon cas n'est pas isolé, il ressemble à celui de beaucoup d'autres. Ce genre d'injustice ne devrait plus persister. Les autorités doivent protéger nos droits et trouver des solutions à nos problèmes», indique-t-elle. Pour Slim, maîtrisard en physique, il s'agit d'une solution parmi d'autres, vu qu'il y aura une sélection des dossiers selon les critères précités. «Je suis au chômage depuis sept ans. Pendant ce temps là, je n'ai exercé que des emplois qui ne relèvent pas de ma spécialité. Le CAPES étant notre seule issue. Pour plusieurs diplômés qui sont dans mon cas, il faudrait plutôt penser à réorganiser ce concours ou à le supprimer tout court», estime-t-il. Jusque-là, les bureaux de l'emploi ont reçu 24.000 demandes à l'échelle nationale. Le BNEC de Tunis en a reçu à lui seul 2.100, selon M. Farhat. Il nous affirme que des centaines de diplômes affluent au bureau, chaque jour. D'ailleurs, sur place, on remarque que le personnel est très débordé, il n'a plus de souffle face à une masse de plus en plus nombreuse. Mais devant les tableaux et les ordinateurs, les jeunes sont désormais peu nombreux à consulter les offres d'emploi, occupés qu'ils sont par le nouveau programme est désormais plus fort.