En quoi la Haute instance et le Dragon se ressemblent-ils? Tous deux sont de gigantesques reptiles écailleux (qui s'insinuent dans les zébrures du système); tous deux sont capables de cracher du feu (pour faire peur et détourner les regards); et tous deux sont aptes à voler grâce à des ailes géantes (se détachant ainsi du monde terrestre qui est le nôtre). Car un Dragon est en train de clôturer son apparition sur la scène politique tunisienne: la Haute instance, censée n'être que consultative mais qui grossit chaque jour qui passe par son autodétermination à devenir juge-arbitre. Ses membres s'attaquent à tout le monde, distribuent les certificats de bonne et de mauvaise conduite, menacent le gouvernement provisoire, agitent inlassablement l'amulette de la non-légitimité... et oublient qu'eux-mêmes, à en croire un récent sondage d'opinion, n'ont pas la confiance des trois quarts de la population. Mais comment terrasser ce Dragon? C'est un être mythique, magique... et seule la magie est donc capable de quoi que ce soit contre lui. Et cette magie vient, paradoxalement, du propre giron de la Haute instance qui s'est manifestement piégée elle-même en ouvrant la porte à la venue de quelqu'un comme Kamel Jendoubi à la tête de l'institution la plus capitale aujourd'hui: l'Instance des élections. En vérité, ce sont la cohérence, le calme et la logique purement ''technique'' de Jendoubi qui, par simple démonstration du contraste avec la Haute instance, ont prouvé que la sérénité était très possible! Jendoubi avait seulement énuméré les opérations techniques qui devraient être logiquement accomplies pour nous assurer que la réalisation du processus électoral garantissait l'organisation d'élections démocratiques, crédibles et transparentes. Voici: - créer un comité central de l'instance - lancer un dispositif administratif, financier et technique - mettre en place les sections régionales - identifier et aménager les centres d'inscription - préparer les programmes de formation pour les superviseurs des élections - démarrer les campagnes d'information et de sensibilisation. Les experts du processus électoral, partout dans le monde, vous diront que tout cela met de 20 à 22 semaines pour être mené à terme. Nous sommes le 24 mai... faites les comptes! Simple, logique... Jendoubi démontre ainsi que l'on peut convaincre sans créer d'inimités exagérées et sans sortir les glaives des fourreaux. Bien plus encore, il a démontré, par ricochet, que la Haute instance, ce Dragon furieux, ne devait plus être seule sur terre et dans les airs à tenir en otage l'avenir de la Tunisie et qu'il lui faut, de toute urgence, un contre-pouvoir comme il sied à toute institution dans un système démocratique. Et c'est là que les ''pluriels'' entrent en jeu: tous ces chefs de partis qui se comptent par dizaines et parmi lesquels les Tunisiens choisiront ceux qui gouverneront le pays. Pourquoi ne pas les engager à constituer un Conseil national des partis politiques qui, par delà leurs divergences naturelles, pourraient peser comme un seul homme dans la balance des grandes questions nationales?!