Il est avocat à la Cour de cassation, il est volontaire et indépendant, et c'est en tant que tel qu'il préside la section Sfax1 de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE). Avec la sérénité de la quarantaine, Lotfi al Habib nous confie qu'à Sfax la campagne se déroule tranquillement, exception faite d'incidents très marginaux de déchirement d'affiches par des vandales apparemment allergiques à la diversité (en vérité, cela peut coûter jusqu'à une année de prison pour ceux que l'on prendrait sur le fait). Mais, à en croire Me al Habib, la campagne pour les élections de la Constituante est globalement un peu trop tranquille. C'est comme s'il persistait une sorte de léthargie dans l'air à Sfax, même si les Sfaxiens qui sont réputés boulot-boulot ont sûrement l'intelligence de comprendre que ces élections sont capitales. ''A ce jour (nous avons rencontré Me al Habib le 5 octobre), nous en sommes seulement à 11% de taux d'affichage; c'est-à-dire pratiquement une liste sur dix!'', nous annonce-t-il. Malheureusement, le président de la section Sfax1 de l'ISIE semble avoir tout à fait raison si on observe ce qui se passe -ou plutôt ce qui ne se passe pas, dans la ville. Rien n'indique, à Sfax, que le pays passe par les élections les plus capitales de son histoire... pas de manifs de rue, pas de jeunes en train de distribuer des tracts (on dit ''Flyers'' de nos jours), pas de fanfare, ni tambour ni trompette, si l'on ose dire. Les seules manifestations sont les affiches géantes apposées sur les façades des sièges des partis et, bien sûr, les longs ''chemins de fer'' des dizaines de placards réservés aux listes et aux manifestes des listes électorales. La même circulation de voitures, les mêmes attroupements de jeunes près des établissements scolaires, le même va-et-vient des citoyens qui vaquent à leurs occupations... pas de dépaysement, pas de fébrilité, rien! Vous connaissez les bruits qui ont couru ces dernières années sur une soi-disant ambition des Sfaxiens à jouer un rôle politique au niveau national après avoir si bien réussi à jouer un rôle économique? Eh bien, le 5 octobre ce n'est pas ce que l'on ressent quand on est à Sfax!