Etait-ce vraiment par hasard que l'UGTT a organisé le même jour (le 16 novembre) une conférence de presse pour expliquer l'affaire Jrad et une manifestation de soutien au même Jrad? Nous sommes très tentés de croire qu'il ne s'agissait, ni plus ni moins, que d'une énième démonstration de force de l'UGTT. En tout cas, c'est plein de confiance que Abid Briki, SGA de la Centrale syndicale, a annoncé aux journalistes le rejet des raisons insignifiantes de la décision interdisant à son patron, Abdessalem Jrad, de quitter le pays. Selon lui, la décision, prise sur la base d'accusations de la Commission de Abdelfattah Omar contre Jrad n'est qu'une tentative de semer le trouble au sein de l'UGTT... Suit une longue tirade de colère, de menaces et d'accusations des médias d'amplification des mouvements de protestation. Une ambiance assez insupportable dans la petite salle de réunion de l'UGTT alors que les journalistes étaient très à l'étroit au milieu d'un espace plein à craquer de militants qui criaient à chaque fois, pour et sans raison, le nom de Jrad. Ils signifiaient ainsi qu'ils étaient du côté de leur patron et que les médias devaient sentir la chose et faire passer ce sentiment aux Tunisiens. Une démonstration de force et un rappel que l'UGTT peut souffler le chaud et le froid en Tunisie. Briki a d'ailleurs lourdement insisté sur le fait que la réussite des élections du 23 octobre doit beaucoup à l'UGTT qui a appelé ses adhérents à éviter toute forme de grève et à reporter les protestations après cette date! Nous avons compris! La Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Tunis a également compris, car elle a décidé, le même jour, d'annuler l'interdiction de voyager qui a été prononcée contre Jrad.