Une des parades à la mondialisation des marchés que les PME tunisiennes sont en train de développer consiste à monter des alliances et des réseaux. Pour ce faire, certaines d'entre elles ont trouvé dans le concept «consortium» la forme la mieux adaptée. Forme juridiquement formalisée et une structure légère de collaboration, le consortium aide les PME à mener de façon groupée des activités diverses telles que le sourcing, la veille stratégique et technologique, les études et prospection de marché, la promotion des exportations. D'ailleurs, dans toutes économies et dans tous les pays développés ou en développement- le tissu des PME est source de créativité, de dynamisme économique et d'emplois. Cependant, pour se développer rapidement et trouver des créneaux pour leurs produits et accéder aux marchés d'exportation, au lieu de rester isolées, les PME doivent s'organiser en réseaux et consortiums. Pour s'en convaincre, il suffit de voir les expériences menées dans certains pays comme l'Italie (avec les districts industriels), les Etats-Unis (avec le Silicon Valley), l'Allemagne (avec la Région de Baden-Wurtemberg) ou l'Inde (avec le Bangalore) qui montrent toutes que les PME peuvent être non seulement innovantes mais également compétitives. En tout cas, le seul rempart à la mondialisation galopante des marchés serait que les PME développent des stratégies d'alliances et de travail en réseau afin d'assurer leur compétitivité et leur pérennité. Les services d'un consortium Il y a tout d'abord des services dits traditionnels : les services de base (traduction, conseil ), la création d'une marque commune, la recherche de contrats commerciaux, ainsi que les informations commerciales ; auxquels il faut ajouter : - les informations sur les opportunités d'affaires et études de marché, - la participation à des foires et l'organisation de missions commerciales - l'organisation de colloques et de conférences, - la publicité (presse, télévision..). Ensuite, les services du consortium peuvent concerner aussi les services dits à haute valeur ajoutée : - bureaux de permanents à l'étranger - gestion de banques de données - formation du personnel du consortium et des entreprises associées, - assurance et récupération des créances, - utilisation de financements pour l'export et pour les investissements à l'étranger, - participation aux appels d'offres, - accord avec les partenaires étrangers, - assistance légale pour la rédaction des contrats et réalisation de joint-ventures, - services après-vente. En Tunisie, cette forme de collaboration structurée est relativement nouvelle puisqu'elle n'a vu le jour qu'en 2000 grâce au soutien de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), qui a intégré la Tunisie dans un programme global qui s'étale entre 2000 et 2002 ; puis, dès septembre 2003, un autre programme spécifique à la Tunisie a été élaboré avec un financement de la coopération italienne. A ce titre, il est à noter que le projet d'appui à la création et au développement des consortiums de PME en Tunisie est un projet piloté par le Bureau de Mise à Niveau (ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME). Il faut préciser en outre que le soutien des experts de l'ONUDI, encadrés il est vrai par le Bureau de mise à niveau, s'est essentiellement focalisé dans la phase stratégique d'incubation des regroupements : - aide à la constitution des groupes, - diagnostic des besoins et identification des objectifs fédérateurs, - élaboration des business plan, - plan de financement et des documents juridiques (statut, règlement et procédures d'organisation). Toujours du côté tunisien, l'implication des organismes institutionnels est de plus en plus forte, puisqu'on note la mise en place d'un groupe de travail afin de réfléchir sur l'amélioration de l'environnement institutionnel, juridique et fiscal, du système d'incitations et de formation des relais de dissémination et de soutien. C'est dans ce cadre que les consortiums constitués bénéficient aujourd'hui d'une kyrielle d'appuis institutionnels que ce soit de la part du FODEC, du CEPEX, du FAMEX, du FOPRODEX, du Programme de Modernisation Industrielle, des Chambres de commerce régionales, etc...). Ces appuis ont pu être obtenus suite à l'engagement d'un «expert national consortium» dont le rôle consiste à mener aussi bien des campagnes de sensibilisation au concept que des actions ciblées d'accompagnement de groupes d'entrepreneurs dans toutes les phases d'incubation, de création, de fonctionnement et de développement. Il a également pour tâche de créer des synergies entre les programmes des différentes institutions autour du projet et à former des relais institutionnels et privés sur la démarche de facilitation des alliances de PME de type Consortium.
Tallel BAHOURI *Dans un prochain article, vous saurez tout sur les consortiums tunisiens : leur nombre, leurs objectifs, les réussites, les handicaps, ainsi que les perspectives de développement)