L'aménagement du temps du travail compte parmi les sujets qui, assez régulièrement, ressurgissent dans le débat public. Il s'agit de faire un choix dont l'impact est déterminant aussi bien sur l'organisation de la société que sur le bien-être des individus. En effet, ses conséquences dépassent largement le cadre de l'organisation du travail mais touchent aussi le domaine énergétique, l'animation du commerce, la vie culturelle, l'organisation de la famille et l'écologie. Le régime en vigueur de la double séance présente, notamment dans la capitale, de nombreux inconvénients qu'il serait très bénéfique à la fois au pays et aux citoyens de lui substituer celui de la séance continue couplée avec la flexibilité des horaires. A cet égard, on pourrait envisager un réaménagement des horaires où l'administration et les organismes assimilés accueilleraient le public, du lundi au vendredi, sans interruption de 9h à 16h30, ce qui devrait correspondre à l'horaire de présence obligatoire pour les fonctionnaires. La flexibilité des horaires offrirait à ces derniers la possibilité de gérer librement leur temps de présence de 8h à 9h et de 16h30 à 18h et de bénéficier d'une pause de 30 minutes à 1h pour la restauration et la prière. Cette liberté accordée aux fonctionnaires devrait être encadrée par chaque administration et chaque service afin d'assurer un service aux citoyens sans interruption de 9h à 16h30 et de respecter le volume horaire hebdomadaire légal. Pour ce qui est du samedi, les administrations, selon la nature de leurs prestations, seraient incitées à assurer une permanence minimale. Les avantages d'un tel réaménagement sont nombreux et auront un impact direct aussi bien sur la productivité, le service aux usagers que sur la qualité de la vie.
Sur le plan de l'organisation du travail, les retards et l'absentéisme seront réduits grâce aux horaires flexibles qui permettent aux fonctionnaires de disposer quotidiennement de plages horaires pour s'occuper de leurs affaires privées sans préjudice à leurs obligations professionnelles. L'impact sur la productivité est de toute évidence positif dans la mesure où la double séance implique au minimum quatre périodes de sous-productivité alors que la séance continue et les horaires flexibles inciteront les fonctionnaires à optimiser le temps net dédié au travail.
Concernant le volet énergie, des économies substantielles seront réalisées dans la mesure où les fonctionnaires n'auront plus qu'à effectuer deux fois le trajet domicile/ lieu du travail au lieu de 4 actuellement, en plus des économies engendrées par la réduction de la semaine de travail à 5 jours au lieu de 6 actuellement. La flexibilité des horaires pourrait aussi inciter les citoyens à recourir au covoiturage, ce qui impliquera d'autres économies d'énergie
En matière de service rendu aux citoyens, nul besoin de démontrer que ces derniers, notamment ceux qui se déplacent à Tunis en provenance des régions de l'intérieur du pays, ne pourront que s'en réjouir.
Quant aux incidences écologiques, les économies d'énergie précédemment citées et surtout la réduction des embouteillages du fait que les fonctionnaires n'auront plus à arriver à leur lieu de travail et à le quitter en même temps, d'une part, et que l'afflux des voitures en provenance des régions de l'intérieur sera fluidifié, d'autre part, permettront de réduire substantiellement les émissions de CO2. Les transports publics seront de leur côté soulagés puisque la pression des usagers sera diluée aussi bien en début qu'en fin de journée.
L'animation commerciale et culturelle de la ville profitera aussi de cette formule puisque les fonctionnaires qui quitteront tôt leur travail pourront se consacrer aux loisirs, ce qui stimulera les activités commerciales et culturelles et participera à l'amélioration de la qualité de la vie.
Enfin, les parents, grâce à la journée du samedi devenue chômée et à la possibilité de pouvoir finir leur journée de travail à 16h30, trouveront le temps de s'occuper de leurs enfants et auront plus d'aisance à gérer les charges du foyer.
Bien entendu, l'adoption de la séance continue doit s'accompagner de mesures d'ordre technique (la généralisation du pointage électronique) et d'autres à caractère social pour aider les familles à assurer la garde de leurs enfants. Ces dernières favoriseront le développement des structures et des métiers dans les loisirs et les prestations sociales, ce qui génèrera de nouveaux emplois dont notre pays a grandement besoin.
Toutes les réformes portent en leur sein des difficultés et ont affaire aux résistances humaines au changement. Mais ces contraintes ne doivent pas nous décourager ou nous détourner des objectifs fixés car l'immobilisme et les conservatismes sont toujours des facteurs qui freinent le progrès.