Je pense que vous commencez à connaître ma vieille amie Marie Chantal dont les frasques s'étalent à travers mes articles et certains me demandent comment je connais ce monument d'arrivisme ; que voulez-vous, le premier jour où on va à l'école, on ne choisit pas ses copains de classe, et dans la trentaine de gamins et gamines de 5 à 6 ans tout de neuf vêtus et en pleurs certains vous accompagnent toute votre vie comme amis ou ennemis. Alors dans mon bled natal où l'eau et l'électricité venaient tout juste d'arriver, je me suis retrouvée le premier jour à côté d'un joli minois bien habillée de pied en cap et qui venait du village d'à côté et qui, déjà à cet âge, présentait les signes néphrotiques de l'égocentrique intégral ; elle commença par me dire que son père avait le plus grand magasin de son village, un village de 248 âmes dont la majorité s'était allé soit dans la grande banlieue de Tunis ou avaient traversé la Méditerranée normalement ou anormalement.
Et le temps passa, et les diplômes aidant et le charme aussi, Marie Chantal passait son temps à contempler les ascenseurs là où elle allait, et elle n'avait qu'un seul objectif : où trouver la clé de l'ascenseur social qui la mènerait de cette Tunisie d'en bas où l'on naît malgré soit vers celle d'en haut où on a la chance d'y naître ; et comment passer du stade où l'on compte ses sous à celui où l'on ne compte même pas ses comptes ..
Elle finit par trouver la clé dans les mains d'un jeune riche qui avait besoin d'une âme sur qui le soutienne ; les parents de ce dernier firent la moue, ils réservaient leur rejeton au boudin du voisin, mais le charme de Marie Chantal et le gosse en était tellement entiché que les parents finirent par plier et on vit arriver la smala du bled assister au mariage et la mère un peu perdue dans ce monde de belles robes avec des décolletés à vous donner le tournis.
Depuis, elle nage dans l'argent, oh pardon dans le bonheur ; peu ingrate et comme si elle voulut oublier son bled natal, elle fit venir ses parents qui découvrirent qu'on peut vivre sans s'éreinter à la tâche et depuis ce jour passa plus de temps dans les aéroports que chez elle, et croisait son mari entre 2 valises ..
Ce dernier, quelque peu las de sa femme volatile, devint volage et se réfugia dans d'autres bras et Marie Chantal, consciente de tout et fidèle à ses principes, ne cherchait qu'à monter l'ascenseur et aller encore plus loin et elle attend impatiemment que Dubaï construise sa tour de 1100 m pour aller s'acheter un appartement au sommet de cette tour et contempler les nuages et se dire : 'j'ai atteint le nirvana .Sacrée marie Chantal !