Le marché de l'électricité dans les pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) a de beaux jours devant lui. Des investisseurs avertis étrangers commencent à s'intéresser de près à ce créneau. La France est bien partie pour occuper le terrain. Elle est en négociation assez avancées avec plusieurs pays du Maghreb pour réaliser à long terme des centrales nucléaires à usage civil destinées à produire de l'électricité. Pour le cas de la Tunisie, le nucléaire est de plus en plus perçu comme une alternative de grande urgence. La note d'orientation de la décennie (2007-2016) révèle que les ressources énergétiques disponibles actuellement (pétrole, gaz,) ne couvriront les besoins du pays que durant une période de 15 ans, si, bien évidemment, de nouvelles ressources ne sont pas découvertes, d'ici là. En attendant, les autorités tunisiennes ont programmé de nouveaux projets. De nouvelles turbines à gaz à la Goulette, Feriana et Thyna, d'une capacité de 120 Mégawatts viennent d'entrer en production (fin 2005). Le XIème Plan (2007-2011) prévoit une hausse de la demande d'électricité. La puissance globale prévue au cours de ce quinquennat est estimée à 600 Mégawatts. Concrètement, cette hausse se traduira par la création d'une centrale tuniso-italienne, à Haouaria et par l'extension de la centrale de Ghannouch dont la capacité sera portée de 50 mégawatts à 400 mégawatts. Quatre multinationales vont soumissionner l'appel d'offre lancé pour la réalisation de ce projet. ALSTOM (France) , ANSALDO (Italie), SIEMENS (Allemagne) et GENERAL ELECTRIC (Etats-Unis). Coût du projet : 200 millions d'euros. Le choix définitif est prévu en juillet 2006. Au niveau régional, la Tunisie est bien ancrée dans un réseau d'interconnexion électrique avec les pays voisins. Elle est reliée par cinq interconnexions à l'Algérie. La plus importante est celle entre Jendouba et El Hajjar. Cette ligne transporte du 400 KV. La connexion avec la Libye est assurée par deux lignes de 220 KV. Un lien avec l'Italie est actuellement encore au stade de projet. Pour mémoire, le Comité technique mixte tuniso-italien de coopération énergétique a convenu, à la mi-septembre 2005, de finaliser le projet de réalisation d'une centrale électrique à cycle combiné à gaz naturel, à El Haouaria (au cap bon), dont une partie de la production sera destinée vers l'Italie. Il a été, également, décidé lors de la réunion de ce comite, de réaliser un câble sous-marin reliant la Tunisie et l'Italie (Sicile). Les études techniques et de faisabilité de ces projets devraient être concrétisées en 2006, avant le lancement d'un appel d'offres. La réunion du comite s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre de l'accord de coopération énergétique tunisoitalien signé à Rome en juin 2003. Tunisiens et Italiens ont convenu de renforcer le partenariat énergétique tuniso-italien. C'est ainsi que les travaux de ce comité ont été consacrés notamment à l'avancement des études relatives aux interconnexions électriques entre les deux rives de la Méditerranée dans la perspective de favoriser l'intégration du marché de l'électricité euro-maghrébin. Au plan institutionnel, l'ensemble de ces projets d'interconnexion sont encadrés par deux projets. Le premier MEDRING qui vise pour 2005/2010 à la création d'une boucle méditerranéenne de l'électricité. Ce projet ferait, pour l'instant, l'objet de réserves techniques. Le second projet, ELTAM a pour objectif, à l'horizon 2005, 2010 et 2015, de créer un marché maghrébin de l'électricité d'une capacité variant entre 400 et 500 KV. Ce marché, qui englobera, dans une première phase, cinq pays (Egypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc) sera financé par le Fonds arabe de développement économique et social (FADES) et l'Union européenne. A cette fin, une convention a été signée, au mois de Décembre 2005, entre la Commission européenne d'une part, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, d'autre part. Cette convention vise à intégrer les trois pays du Maghreb dans le marche énergétique européen. L'Union européenne contribuera à ce projet à hauteur de 5,6 millions d'euros, pour un coût total de 6,2 millions d'euros. Cette enveloppe sera fournie par MEDA, mécanisme mis en place par l'Union européenne pour financer son partenariat euro méditerranéen. Ce projet régional d'une durée de 3 ans soutiendra en particulier l'harmonisation des normes ainsi que la structure industrielle de ces trois pays. Pour les chancelleries européennes à Tunis, ce financement devrait ouvrir des marchés aux entreprises européennes spécialisées dans la mise au point des normes et la sécurisation des systèmes électriques. Tout récemment, le groupe français Cahors, spécialisé dans les équipements électriques de basse tension, vient de se délocaliser en Tunisie. Le site tunisien servira au groupe comme tête de pont pour se déployer dans tout le Maghreb où il détient des intérêts. Le groupe va exploiter, à cette fin, les avantages des accords de libre-échange et de cumul des règles d'origine conclus entre les pays de la région. En Tunisie, Cahors va investir, dans un premier temps, 1,7 million de dinars (1,06 million d'euros) pour créer un point franc devant employer 50 personnes. Cette filiale entrera en production, en juillet 2006. Le groupe projette également de soumissionner les nombreux appels d'offres qui seront lancés par la Société tunisienne d'électricité et de gaz (STEG). Dans les autres pays du Maghreb, Cahors est leader sur son segment de marché en Libye et en Algérie.