La clovisse, sorte de coquillage alimentaire dénommée également «Vénus verruqueuse», est très appréciée pour la finesse et la saveur de sa chair. Elle est très prisée par de fins gourmets à l'étranger. Ce mollusque, qui génère, chaque année, 4 à 6 millions de dinars en devises et emploie 4.000 personnes dont 80% des femmes, est actuellement en butte à certaines difficultés. Depuis quelques années, la production est en net recul en dépit de la disponibilité d'importantes potentialités en Tunisie. La clovisse est tout simplement victime d'un empoisonnement naturel par la biotoxine, poison produit par les algues marines. Les autorités de pêche tunisiennes ont été amenées, jusqu'à interdire la pêche de ce mollusque dans certaines zones coquillères. Parallèlement, elles ont renforcé le contrôle périodique d'une vingtaine de zones coquillères localisées sur les côtes de Bizerte, Tunis, Sfax, Gabès et Médenine. La contamination dans ces zones aurait atteint un seuil inacceptable. Des experts de Tunisie, de France et du Portugal se sont penchés sur ces menaces qui pèsent sur la clovisse dans le cadre d'un séminaire, tenu le 5 décembre 2008, à Djerba. Premier constat : les coquillages ne peuvent être désintoxiqués que par le biais du nettoyage de la clovisse ou par son élevage dans des zones coquillères qui ne contiennent pas d'algues marines. Deuxième constat : la mesure du taux de biotoxine dans la clovisse doit être vérifiée régulièrement. Cette mission a été confiée à une cellule créée spécialement, à cette fin, au laboratoire de l'Institut des recherches vétérinaires à Sfax. /p Troisième constat: des chantiers sont mis en route dans le cadre de partenariat avec des pays étrangers visant à désintoxiquer les clovisses. Le premier est engagé avec la France et le second avec le Japon. Quatrième constat : le traitement de la biotoxine en Méditerranée et dans le monde fait, actuellement, l'objet de recherche à travers le monde. Leurs résultats ne manqueront pas d'éclairer les parties concernées sur les voies et moyens de tirer le meilleur profit de la clovisse d'autant plus que l'apport socioéconomique de ce coquillage n'est plus à démontrer. Si rien n'est fait, la consommation de clovisses contaminées peut tout simplement causer la mort. En voici les symptômes à toutes fins utiles. L'ingestion de mollusques contaminés par l'acide domoïque, une phycotoxine qui cause l'empoisonnement amnésique aux fruits de mer. Ses effets sont perceptibles à travers une forte nausée, des vomissements et de la diarrhée dans un délai variant entre une demi-heure et 6 heures. Si l'intoxication n'est pas grave et si la personne n'est pas atteinte par ailleurs par d'autres maladies (par exemple : problème rénal), le rétablissement est normalement complet après quelques jours. Malheureusement, si l'intoxication est assez grave ou si la personne ne peut excréter facilement l'acide domoïque, il peut y avoir des dommages temporaires ou permanents au cerveau. Le syndrome est complexe, mais sa caractéristique la plus notable est une perte de mémoire à court terme; c'est pourquoi on appelle parfois l'acide domoïque toxine amnésique, ou ASP. Dans les cas les plus graves, comme la crise des moules de 1987 à l'Île-du-Prince-Edouard, l'intoxication peut être mortelle. A bon entendeur.