Entouré de toutes parts de méga-espaces aménagés par des géants de l'industrie navale mondiale, un petit stand d'une vingtaine de m2 accueille de MC-TEC (Med Composite Technology), une entreprise opérant dans ce secteur comme l'indiquent les quelques pièces, photos et un écran présentant ses créations. Mais MC-TEC a une particularité : elle est, avec une société égyptienne, la seule entreprise de construction navale représentant un pays arabe, en l'occurrence la Tunisie, au Salon Nautique de Paris (6-14 décembre 2008). Créée en 2004 par Gonser, un groupe textile allemand fortement présent en Tunisie (spécialiste du denim et pionnier du traitement de la teinture du jeans en Europe, il y compte neuf unités industrielles, employant près de 4.000 personnes), Med Composite Technology est basée à Haouaria et produit depuis quatre ans des catamarans et des monocoques de course. Dirigée par M. Frédéric Meunier, un français, MC-TEC, peu connue en Tunisie, l'est beaucoup plus sur la scène internationale où elle commence à creuser son sillon, grâce aux bateaux qu'elle construit, baptisés «Akilaria», nom antique de Haouaria. L'un de ses bateaux, un Akilaria 40 "BELUGA RACER", a d'ailleurs fait «La Une» des journaux spécialisés, le 17 novembre 2008, à l'occasion de la victoire remportés par son équipage dans la première étape de la Portimao Global Ocean Race. Malgré sa relative jeunesse et sa taille l'entreprise ne compte que 70 employés-, MC-TEC est également connue dans son milieu par une solution industrielle inédite. Pour faire gagner du poids et de la résistance à ses bateaux, MC-TEC construit à partir d'un sandwich de trois matériaux PVC, balsa et vinylester-, là où ses concurrents font dans le monolithique. Mais l'entreprise a un autre atout : les hommes, et notamment les deux qui l'ont créée : son manager, Frédéric Meunier, un Français tombé amoureux de la Tunisie depuis qu'il s'y est installé il y a une dizaine d'années, et Florian Gonser, patron du groupe éponyme, et, surtout grand amateur de bateaux à voiles. Les deux hommes ont fait connaissance il y a cinq ans, lorsque l'Allemand, à la recherche d'un voilier, s'est adressé à «W Magic», une entreprise de construction navale basée à Bizerte, et que Frédéric Meunier dirigeait à l'époque. Le courant étant passé entre eux, l'Allemand et le Français décident de lancer ensemble une entreprise dans le même secteur d'activité. Le premier apportant le financement et le second son vaste savoir-faire, acquis sur le terrain. Car les secrets de la construction navale, Frédéric Meunier ne les a pas appris sur les bancs d'une quelconque école, mais bel et bien sur le tas. Ayant au début fait des études en gestion, mais à contrecoeur et juste pour faire plaisir à la famille, il finit par changer de cap et de suivre une formation sur le terrain dans les métiers de la construction navale. Une compétence qu'il va consolider au fil de son périple dans plusieurs pays européens avant de venir dans les années 90 la valoriser en Tunisie. Confronté à un problème de pénurie de main-d'uvre qualifiée dans ce secteur dans notre pays, il duplique le modèle qui lui a permis d'arriver là où il est aujourd'hui. «En Tunisie, on peut trouver de bons menuisiers et électriciens, mais pas spécialisés dans la construction navale. Donc, il faut beaucoup former. Il nous a fallu quatre ans pour constituer notre équipe». Le schéma est toujours le même : «Un premier contrat de trois mois au Smic pour tester, non pas la compétence, mais le sérieux, l'engagement et la volonté d'apprendre». Une fois le recrutement confirmé et la compétence acquise, la progression est rapide. «Un ouvrier ayant deux ans d'ancienneté a un salaire égal à 1,6 fois le Smic, en plus de primes de motivation, accordées selon la productivité mesurée mensurées en fonction d'objectifs mensuels», indique Frédéric Meunier. Et la méthode a fait ses preuves : l'un de ses meilleurs techniciens, un jeune n'ayant même pas le bac, mais devenu très compétent au fil des ans, a été récemment débauché par un chantier naval en Thaïlande.