Nos universitaires n'enseignent pas la théorie de l'ourlet (Hemline Theory) dans nos facultés de management. Ils ont tort. George Taylor, professeur d'économie à la Wharton Business School, a énoncé une théorie aujourd'hui d'une actualité brûlante. La doctrine en question établit «une corrélation entre la longueur des vêtements féminins et la cotation des actions en Bourse». L'Hebdo helvétique en a même fait ses choux gras (voir ici). En somme, «quand tout va bien, les jupes raccourcissent, on est dans la légèreté. En période de récession, le vêtement se fait protecteur, les jupes se rallongent, comme s'il s'agissait, symboliquement, de se défendre contre l'adversité». Pour ceux qui doutent du sérieux de l'observation de Taylor, le journal rappelle : «En 1922, le boom de Wall Street avait fait monter les ourlets, puis les jupes s'étaient soudain rallongées à la veille du krach de 1929. Idem dans les années 70 où la fin de la mini sexy avait précédé le choc pétrolier de 1973. Pour affronter les frimas économiques, c'est la longueur maxi qui avait alors pris le relais». Pas convaincu ? Un quotidien de la Corée du Sud, pays qui nous fourgue ses produits électroniques à tours de bras, a soulevé la polémique. Les reporters du «Chosun Ilbo» (voir ici), particulièrement perspicaces, ont constaté que «les minijupes, apparues massivement dans les rues coréennes en 2003-2004, deviennent de plus en plus courtes». Sauf que nos confrères ne font apparemment pas références au même théoricien. Pour eux : «il existe une théorie économique qui affirme que les bas rétrécissent en cas de récession. Des économiste affirment que de manière subliminale et inconsciente, la gent féminine recherche ainsi la protection masculine en cas de crise». A contrario, dans les pays où la minijupe brille plutôt par son absence, les responsables économiques ont du souci à se faire. Si la crise est particulièrement grave en Ouganda, c'est peut-être à cause de l'action répressive menée par leur ministre de l'éthique et de l'intégrité, M. Nasba Buturo (voir ici). Pour lui, «le vol et le détournement de fonds publics», et même les accidents de la circulation, sont notamment dus à la diabolique minijupe. Même son de cloche chez nos voisins de l'ouest. La minijupe, «largement portée dans les années 1970, reste un luxe vestimentaire en Algérie et n'est portée que dans des lieux très privés», nous confirme un collègue d'InfoSoir (voir ici). Or, malgré les immenses ressources en hydrocarbures, le pays frère n'a pas vraiment décollé. Les disciples de l'économiste George Taylor relèveront la quasi-absence de minijupes dans le pays. Ceci expliquant sans doute cela. Florence Muller, une historienne de la mode, nous révélera le secret qui permet de telles prévisions économiques. La mode, nous dit-elle, «a toujours été un miroir de la société dont elle sait parfois anticiper les ruptures. Les créateurs sont des hypersensibles, des éponges. Ils développent des antennes». La récente baisse de la température dans notre pays est purement conjoncturelle, une variable strictement saisonnière. Les Tunisiennes, sont de plus en plus nombreuses à oser la minijupe. Même en portant des cuissardes, ces fameuses bottes qui montent à mi-cuisse (d'où leur nom), elles prouvent ainsi leur confiance en l'avenir économique de leur pays, doté d'un taux de croissance à l'avenant. Qui oserait contredire un économiste américain abondamment cité par des titres aussi prestigieux que le «Wall Street Journal» ? La Tunisie va bien. Qu'on se le dise. Et quand Chanel, Yves Saint Laurent, Cacharel, John Galliano et autre Ralph Lauren proposent timidement des robes qui ne s'éloignent guère du genou, le couturier tunisien Azedine Alaïa, lui, lance une minijupe atteignant des hauteurs vertigineuse. C'est un indice que les experts sauront reconnaître. Notre taux de croissance, décidément racoleur, saura séduire les investisseurs étrangers.