L'ancrage dans l'économie de marché (1995-2009) Une fois le Plan d'ajustement achevé avec succès, l'économie tunisienne s'est engagée dans une politique axée sur l'approfondissement des réformes économiques et financières, sur la mise à niveau de l'entreprise, sur la promotion de la qualité et sur le renforcement de l'investissement direct étranger (IDE). La Tunisie a décidé, depuis 1994, de soumettre ses états financiers, son économie et même sa politique à l'appréciation internationale. C'est l'avènement du risque souverain, une sorte de visa d'accès aux marchés internationaux de capitaux (yen, dollar et euro). Conséquence : la capacité du pays d'honorer ses engagements financiers futurs est, depuis, régulièrement passée au peigne fin et notée par quatre agences internationales : deux américaines, Standard and Poor's et Moody's, une européenne Fitch et une japonaise, Rating and Investment Information inc (R&I). Pour l'ensemble de ces agences, le risque de défaillance de la Tunisie sur sa dette extérieure est faible malgré un endettement public supérieur au niveau moyen des pays de la strate correspondante (40%). La Tunisie a obtenu, en 1994, sa première notation BBB+ auprès de l'Agence R&I. Cette notation est relevée en 2006 à ''A-'' avec une perspective stable, c'est-à-dire une notation qui ne risque pas de subir des changements dans le futur proche (1 à 2 ans). En accédant au grande ''A'', la Tunisie fait désormais jeu égal avec des pays comme la Tchéquie (A-), la Slovaquie (A-), la Hongrie (A-), l'Afrique du Sud (A-). Elle fait mieux que la Pologne (BBB+), le Mexique (BBB) et l'Inde (BBB). Au total, la Tunisie, pays émetteur régulier sur quatorze ans sur le marché international des capitaux, a à son actif 19 émissions obligataires sur les marchés internationaux: 12 émissions en yen, 3 en dollar et 4 en euro. Capacité de résister aux chocs L'ensemble de ces réalisations socioéconomiques ont permis à une économie tunisienne, bien portante deux décennies durant, de résister à d'importants chocs exogènes qui ont constitué des facteurs de déstabilisation sous d'autres cieux. Elle est parvenue, à la faveur de la diversification de sa base de production, à résorber les effets pervers générés par les crises du 11 septembre 2001 et du 11 avril 2002 (impact sur le tourisme). Elle a su également résister aux fluctuations des monnaies d'endettement et d'investissement (euros et dollars). Est-ce nécessaire de rappeler que l'endettement extérieur de la Tunisie n'a cessé de croître, depuis 2000, du fait, entre autres, de l'effet change, responsable, selon des analystes, de 22% de cette hausse. La Tunisie, importateur net de pétrole depuis 2000, a réussi également à contenir les effets de la flambée du cours de pétrole qui a augmenté, depuis septembre 2003, au taux record de plus de 203%. L'économie tunisienne a été capable d'absorber les chocs endogènes générés par les aléas climatiques (succession de périodes de sécheresse dont certaines ont duré plus de deux ans). Apport des IDE Au nombre des facteurs qui ont contribué au succès de l'économie tunisienne, figurent les investissements directs étrangers (IDE). Néant, il y a un demi siècle, les IDE constituent, de nos jours, plus qu'un appoint à l'épargne nationale, un support majeur pour le développement de la Tunisie. Les IDE financent selon les années 10 à 15% des investissements productifs (10,2% en 2004), génèrent environ le tiers des exportations, contribuent à la création d'emplois (17% du total), ainsi qu'à l'équilibre des comptes extérieurs. Le nombre des entreprises étrangères implantées en Tunisie s'est accru, jusqu'à fin décembre 2008, à 2966 entreprises off shore (européennes, américaines, asiatiques et arabes) dont plus de la moitié sont à capital 100% étranger et totalement exportatrices. Ces entreprises ont créé 303.000 emplois et mobilisé un stock global d'IDE de 31,5 milliards de dinars. Autre performance de l'off-shore, il contribue au fort taux de 70% aux exportations. Seulement, les bénéfices générés par cet effort à l'exportation reviennent aux maisons mères et dans une proportion infime aux sous-traitants locaux. Portée de l'intégration à l'espace Euromed Un autre facteur a beaucoup contribué à la modernisation de l'économie du pays : l'Accord d'association Tunisie-Union européenne, conclu en 1995. Cet arrangement a été d'un grand apport pour booster l'économie tunisienne. De portée stratégique, l'accord a été un véritable raccourci heureux pour moderniser les rouages de l'économie du pays et les mettre sous pression. Il a permis surtout d'harmoniser les réglementations, pratiques administratives et procédures en vue d'une plus grande convergence. Ainsi, depuis 1995, les fondamentaux de la Tunisie (taux d'inflation, déficit commercial, déficit courant...) sont maintenus dans les limites (3%) des règles de convergence européennes de Maastricht. L'UE a soutenu, entre autres, la modernisation du secteur portuaire, et aidé l'administration tunisienne à introduire la concurrence. Couronnement de ce partenariat tuniso-européen, l'adhésion de la Tunisie, en janvier 2008, à la zone de libre-échange euroméditerranéenne pour les produits manufacturés tandis que des préparatifs sont en cours pour entamer les négociations sur la libéralisation des échanges des services et des produits agricoles....