Le secrétaire général de l'Union tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi s'est déclaré ouvert aux réformes économiques à condition qu'elles respectent la souveraineté nationale, appelant le FMI et les bailleurs de fonds à comprendre les particularités de la situation sociale fragile de la Tunisie après la révolution. Dans une interview accordée à l'agence Reuters et rapportée par plusieurs médias de la place ce lundi 25 janvier 2021, M. Taboubi a assuré : « Nous sommes bien conscients que nous avons besoin de réformes, mais des réformes qui respectent la souveraineté nationale et sans conditions ... Chaque pays a ses propres particularités ». Et de marteler : « Le FMI et les bailleurs de fonds doivent comprendre les particularités de la situation sociale fragile en Tunisie, dans ce pays considéré comme une exception dans la région ».
Le secrétaire général de la centrale syndicale a exprimé sa volonté de négocier avec un gouvernement fort pour s'entendre sur des réformes économiques, soulignant que le syndicat est prêt à étudier le dossier de toutes les entreprises publiques au cas par cas. Et de soutenir que l'organisation n'est pas contre une baisse des effectifs de certaines entreprises publiques, si cela s'avère nécessaire, à titre d'exemple. Mais de souligner la nécessité que l'Etat y nomme d'abord des fonctionnaires compétents, pour assurer une bonne gouvernance et mettre fin à la bureaucratie qui entrave le travail dans un climat concurrenciel. Pour preuve, il a affirmé que l'UGTT avait accepté le départ de 1.200 employés de Tunisair, pour alléger la charge de la compagnie, mais l'Etat n'a pas encore respecté ses engagements financiers, ce qui a entravé la mise en œuvre de l'accord.
Noureddine Taboubi a estimé qu'instaurer une justice fiscale pour tous est l'une des réformes urgentes nécessaires à entreprendre, considérant qu'il est injuste que 75% des impôts soient payés par les salariés, tandis que les banques, les compagnies d'assurance et autres ne payent que 20%, alors que que le secteur privé ne contribue qu'à hauteur de 5%. Alors que les politiciens blâment le syndicat et l'accusent d'être un farouche opposant à la réforme de l'économie et de ne chercher qu'à renforcer son influence dans les entreprises publiques, le secrétaire général du syndicat estime que ces allégations sont « ridicules et indiquent la faiblesse des politiciens qui ne respectent pas leurs promesses et qui n'envisagent les réformes que par le biais de la privatisation ».