Le député du mouvement Echâab, Haykel Mekki, a estimé que la Tunisie était en état de mort clinique depuis dix ans. Selon lui, durant la période 2011-2021, le système en place a affamé le peuple et a menacé les institutions de l'Etat. « Je reste optimiste car il n'y aura pas de retour à l'avant du 25 juillet 2021 malgré tous les défis… Cette date représente la continuité de la révolution du 17 décembre 24 janvier 2011 », a déclaré le député lors de son intervention sur les ondes de Jawhara FM. « J'avais demandé au président d'appliquer l'article 80 de la constitution depuis des mois », a-t-il révélé. Le député a considéré que le 14-janvier représente la date de la chute de Ben Ali et non-pas de son système. Il a insinué que le mouvement Ennahdha a conclu des accords avec les composantes du système de Ben Ali. Ceci a permis de continuer à mener une politique de corruption et de dégradation de l'Etat. « Le 25 juillet 2021 représente la victoire de la légitimité de l'Etat sur la fausse légitimité de système. Cette date symbolise le début de la mise en place d'un Etat socio-démocrate correspondant au rêve du peuple tunisien », a-t-il considéré. « Il est vrai qu'il y a des dossiers qui n'ont pas encore été traités. Le mouvement Echâab, ainsi que l'ensemble des patriotes continueront à suivre les dossiers relatifs aux martyrs et aux assassinats de Mohamed Brahmi, Chokri Belaïd, Mohamed Zouari et Lotfi Naguedh. Il s'agit de dossiers sensibles… Nous devons être patients ! Je crois fermement que le président de la République procédera à l'ouverture de tous les dossiers… Tous les responsables seront poursuivis en justice… Le pouvoir judiciaire doit croire en lui-même. Une justice indépendante est mieux que mille constitutions » », a-t-il expliqué. « J'appelle les juges à prendre les choses en main. Nous sommes devant une véritable occasion de rétablir la justice… Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) doit assumer ses responsabilités... C'est à la justice de trancher dans les dossiers de corruption… On ne doit pas profiter de la situation pour régler des comptes ! », a-t-il poursuivi.
Pour ce qui est de l'Assemblée des représentants du peuple, Haykel Mekki a estimé que cette institution ne servait pas les intérêts des Tunisiens. Il s'est transformé en nouveau siège du mouvement Ennahdha. « Durant deux ans, Il n'y a pas eu de propositions de lois aux profits des citoyens… Les commissions d'enquête qui y étaient formées servaient à dissimuler les dossiers », a-t-il insisté. Quant au manque d'ouverture et de communication de la part du président de la République, Haykel Mekki a rappelé que ce dernier s'entretient de façon continue avec le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail, Noureddine Taboubi. Le président, selon lui, n'applique pas une politique d'exclusion. « De plus, il n'est pas renfermé sur lui-même. Il est entouré par des conseillers et par une chef de cabinet compétents », a-t-il estimé. Il a, aussi, appelé le président de la République à entamer de nouvelles collaborations afin de bâtir un Etat socio-démocrate. « Kaïs Saïed n'est pas le seul Tunisien ! Nous le sommes aussi et nous voulons collaborer davantage afin de faire avancer les choses. Nous avons passé notre existence à militer et à lutter pour un Etat de droit et pour la démocratie. Nous sommes, également, engagés dans la création d'un Etat socio-démocrate. Je considère que le retard dans la prise de certaines décisions est peut-être dû à des questions d'ordre sécuritaire dont nous n'avons pas connaissance », a-t-il affirmé. Au sujet de la suspension de l'application de la Constitution, Haykel Mekki a estimé qu'il s'agit de la seule issue possible pour réviser le régime politique. « Nous devons soit adopter une nouvelle Constitution soit apporter des révisions au texte actuel », a-t-il affirmé. Selon lui, la Constitution de 2014 comporte plusieurs problématiques. Le changement de régime politique nécessite, également, une révision du système électoral et de la réglementation concernant les partis politiques et les associations. Les associations servent de point de passage pour permettre aux partis politiques d'acquérir des fonds de sources douteuses. « Néanmoins, le Tunisien ne se sent pas vraiment concerné par la question de suspendre la Constitution ou en adopter une autre… Le Tunisien a faim et se sent humilié. L'école nationale ne traduit plus la politique de l'ascenseur social… Nous devons réformer sur le plan économique… Le Tunisien qui part à l'étranger accomplit de grandes choses et se distingue. Nous devons garantir la même chose en Tunisie », a-t-il dit. Concernant la révision de la législation relative aux partis politiques, Haykel Mekki a estimé qu'on ne peut pas bâtir un Etat de droit en l'existence de partis qui usent de la foi des gens pour atteindre des objectifs politiques. Par la suite, Haykel Mekki a affirmé que les députés Oussama Khlifi et Fethi Ayadi ont commis un crime en se rendant à la réunion de l'union parlementaire qui s'est tenue à Vienne du 7 au 8 septembre 2021. « Ils ont fait appel à une intervention étrangère en déformant la réalité ! Ils ont trahi leur peuple et leur pays ! », s'est-il exclamé. Enfin, Haykel Mekki a estimé que les mesures exceptionnelles telles que l'interdiction de voyage ne doivent pas être appliquées d'une manière continue. Le président doit y mettre fin en établissant une liste des personnes impliquées dans des affaires de corruption ou qui doivent être traduites en justice sur la base de dossiers concrets.