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Entre mutisme et amateurisme, le douloureux déclin de la diplomatie tunisienne
Publié dans Business News le 26 - 11 - 2021

Les fans de Kaïs Saïed ne cessent de répéter que la Tunisie conduit une diplomatie efficace et qu'il n'y a pas d'isolement international sous l'ère de l'hyperprésident. Pourtant, c'est bien durant son mandat que la diplomatie tunisienne connait ses pires revers. Outre la parenthèse troïka, pendant laquelle Moncef Marzouki et Rafik Abdessalem étaient les chefs de la diplomatie, notre pays n'a pas connu un tel délabrement dans ce domaine depuis l'indépendance.

Plusieurs agendas s'accumulent dans le calendrier international d'une Tunisie qui, plus que jamais, a besoin de mobiliser ses relations internationales. Non seulement nous avons été incapables de faire jouer ces relations, mais en plus nous reculons sur des acquis importants réalisés après des décennies de politique étrangère sage. Le fait que des représentants de l'état tunisien soient invités à des sommets de moindre importance comme celui sur le Moyen-Orient vert ou celui de Paris sur la Libye ne veut pas dire que la diplomatie tunisienne se porte bien. Le fait de recevoir des dons de vaccin et d'équipements médicaux dans le cadre d'initiatives internationales ne représente pas, non plus, une victoire diplomatique. Quand les pays riches envoyaient des aides alimentaires à l'Ethiopie dans les années 90, il ne s'agissait pas d'une victoire de la diplomatie éthiopienne, n'en déplaise aux fanatisés de Kaïs Saïed. Par contre, être exclu du sommet américain pour la démocratie malgré les relations ancestrales de notre pays avec celui de l'oncle Sam devrait mettre la puce à l'oreille.

Puisqu'on parle d'Ethiopie, une guerre civile fait actuellement rage dans le pays. La coalition armée autour du Front de libération du peuple du Tigré s'approche dangereusement d'Adis-Abeba, capitale de l'Ethiopie. Le régime en place est en guerre et le Premier ministre, Abiy Ahmed, se rend même sur la ligne de front. Par conséquent, plusieurs pays ont émis, via leurs représentations sur place, des alertes et des avis pour faire évacuer tous leurs ressortissants. Pendant ce temps, l'ambassade tunisienne en Ethiopie est aux abonnés absents. Même le ministère des Affaires étrangères n'a pas de réponse à donner à cela, ni aux journalistes, ni à l'opinion publique à travers un communiqué. Les citoyens tunisiens n'ont, semble-t-il, pas la même importance que ceux Américains, Britanniques ou Français.

Le ministère des Affaires étrangères s'est également distingué par son silence durant le mandat de Kaïs Saïed. Le locataire de Carthage a trouvé en Othman Jerandi un ministre docile et obéissant qui ne prendra jamais d'initiatives sans l'aval de Carthage. Comme en plus Kaïs Saïed est désormais connu pour ses décisions impulsives et injustifiées – notre représentation à New York en sait quelque chose – c'est la paralysie qui règne au ministère et dans les ambassades. Sinon comment expliquer le silence honteux du département des Affaires étrangères à la décision française du 28 septembre 2021 de réduire les quotas de visas de la Tunisie de 30% dans le but, avoué et affiché, de forcer les autorités à délivrer des laissez-passer consulaires pour expulser les illégaux. Pour dire les choses comme elles sont, la Tunisie a « baissé le pantalon » et n'a pas bronché, contrairement à nos voisins algériens et marocains. Le ministère des Affaires étrangères et encore moins la présidence de la République n'ont jugé utile de communiquer sur cette affaire. Le pire c'est que la Tunisie a appliqué les ordres et a même obtenu un satisfecit français comme l'a exprimé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, le 4 novembre 2021, en disant que « les choses ont progressé avec la Tunisie puisque plusieurs centaines de personnes ont pu être expulsées parce qu'elles ont eu un laissez-passer consulaire ».

Plus grave encore, le silence, encore, des Affaires étrangères et de la présidence de la République concernant la détérioration des relations entre l'Algérie et le Maroc. Il est vrai que la chose est bien plus délicate à gérer mais cela ne justifie aucunement le silence. Par ailleurs, la Tunisie a décidé de ne pas voter le prolongement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental). Une décision qui a été prise comme la fin de la « neutralité » de la Tunisie sur un dossier qui est une source de conflit entre les deux pays depuis 30 ans. Pourtant, Walid Hajjem, conseiller du président de la République, déclarait à la TAP que la Tunisie accueillait favorablement le vote de cette résolution ! Une cacophonie au sommet de l'Etat sur un dossier d'une extrême importance. Pour l'instant, la Tunisie n'a pas de position officielle affichée outre le slogan de la « neutralité positive », mais en réalité c'est l'improvisation et le manque de compétence qui règnent. Inutile, dès lors, de s'interroger sur une quelconque réaction tunisienne au fait que le ministre israélien de la Défense ait été reçu au Maroc avec des ventes d'armes à la clé.

Faire une liste exhaustive de toutes les gifles reçues par la diplomatie tunisienne nécessiterait plus qu'un article. Il faut se rappeler que la Tunisie est complément ignorée sur la scène internationale quand il s'agit de la question libyenne. Pourtant, la Tunisie paye directement le prix de toutes les perturbations qui ont secoué le pays durant des années. Il y a également l'épisode du sommet de la francophonie qui a été retardé d'un an pour des causes politiques évidentes liées au coup d'Etat perpétré par Kaïs Saïed à partir du 25 juillet. Kaïs Saïed avait également promis aux partenaires étrangers que les mesures exceptionnelles prendraient fin au bout d'un mois, ce ne fût pas le cas. Il tente également de rouler le secrétaire d'Etat américain dans la farine…

La diplomatie tunisienne est bien trop importante pour être placée entre les mains d'amateurs caractériels comme c'est le cas aujourd'hui. La Tunisie qui patauge aujourd'hui dans la crise aurait également eu besoin d'une diplomatie économique efficace qui aiderait à sortir de l'ornière et qui pourrait se placer sur des dossiers importants comme celui du Reshoring qui aurait permis l'ouverture de plusieurs usines en Tunisie. Pourtant, une secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères chargée de la Coopération internationale a été nommée dans le gouvernement de Najla Bouden. Depuis sa prestation de serment, nous n'avons plus revu Aïda Hamdi –puisque c'est d'elle qu'il s'agit- pas même lors des déplacements de la cheffe du gouvernement.
Devant tous ces challenges et ces dossiers, Kaïs Saïed continue d'agir d'une manière irréfléchie qui ne fera que paralyser encore plus une diplomatie qu'il semble prendre un malin plaisir à maltraiter et à martyriser. Le 24 novembre 2021 un décret présidentiel publié au Jort fait état du limogeage de pas moins de seize diplomates entre ambassadeurs et consuls. Faute supplémentaire de goût, ces limogeages sont prononcés deux mois après la rentrée scolaire, ce qui va constituer un vrai casse-tête pour les diplomates tunisiens par rapport à leurs familles et leurs enfants.

Comme presque toutes les autres administrations, la diplomatie tunisienne a perdu son éclat durant le mandat de Kaïs Saïed. Le fait que celle-ci fasse partie des prérogatives exclusives du président de la République était susceptible de lui garantir une certaine stabilité comme ce fût le cas sous feu Béji Caïd Essebsi. Mais l'amateurisme au sommet de l'Etat s'est violemment répercuté sur un acquis historique de notre pays.


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