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Kaà ̄s, un ami qui vous veut du bien
Publié dans Business News le 29 - 06 - 2022

Rien ne peut se faire, rien ne peut se construire, sans un minimum de confiance. A moins que l'on trouve, ici aussi, une approche révolutionnaire inconnue du monde moderne, cette maxime s'applique aussi en Tunisie. On aura beau écrire les meilleurs textes, concevoir les meilleures lois et faire naitre le plus beau des systèmes politiques, rien ne peut fonctionner si les intervenants de la chose publique ne supposent pas un degré minimum de bonne foi partagée.

Or cette confiance n'existe pas en Tunisie. Tout le monde se méfie de tout le monde et le président de la République, Kaïs Saïed, a largement contribué à installer ce climat de défiance. On nous demande aujourd'hui, en tant qu'opinion publique de faire confiance au président de la République car il n'a pas de parti, ni de lobby et à en entendre certains, il n'aurait même pas d'ambition politique et serait comme une espèce d'envoyé de Dieu pour nous sauver de la perdition. Ayant souffert durant des années, et à cause de son déficit de culture politique, le peuple tunisien s'est agrippé corps et âme à cette image du sauveur qui va faire que tout ira mieux. L'image du commandant suprême résolvant tous les conflits et assurant notre pitance quotidienne a ressurgi avec une vigueur qui laisse penser qu'elle n'a jamais vraiment disparu.
Soit, c'est notre réalité culturelle et historique et on ne va pas importer un peuple de Norvège comme le disent si bien nos politiciens. Mais il faut quand même un minimum. C'est vrai que le peuple tunisien aime se faire prendre pour un pigeon, qu'il fait la même erreur une quinzaine de fois pour être sûr, mais il y a sûrement une limite. Au 29 juin 2022, Kaïs Saïed aura gouverné sous le régime des mesures exceptionnelles pendant un peu plus longtemps que le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Après les élections de 2019, c'était bien ce gouvernement qui cristallisait, selon Kaïs Saïed et ses fanatisés, toute la corruption et l'incompétence du monde. Est-ce que le régime des mesures exceptionnelles a permis la moindre avancée, le moindre développement, ni même le moindre changement dans la vie des Tunisiens ? Le seul changement notable est que Kaïs Saïed a les prérogatives d'un empereur de l'ancien temps et qu'il consacre toute son énergie à concevoir un nouveau système politique régi par une nouvelle constitution qu'il veillera à élaborer. C'est ce président de la République qui a juré de respecter la constitution de 2014, et qui n'a pas hésité à la transgresser allégrement dès que l'occasion s'est présentée. C'est ce même président de la République qui regrettait amèrement de ne pouvoir dissoudre l'Assemblée des représentants du peuple, et qui l'a fait deux jours plus tard. C'est ce même président de la République qui jurait de respecter l'indépendance de la justice et qui a dissous un Conseil supérieur de la magistrature élu pour le remplacer par un CSM temporaire nommé à qui il a, ensuite, retiré une prérogative pour se mettre à limoger directement des juges en exercice.

Il s'agit aussi d'un président, comme le dit le politicien Hatem Mliki, qui ne travaille pas. Le pays vit des problèmes réels et les Tunisiens ont de plus en plus de mal dans leur vie quotidienne, loin des préoccupations des élites autour de la constitution, des systèmes politiques et des lectures juridiques. Il s'était engagé, en grande pompe, à lutter contre la spéculation et le monopole. Ses valets de ministres ont mobilisé beaucoup de moyens. Le ministère du Commerce avait même communiqué, officiellement, la saisie de 12 kilos de poires ! Ensuite, Kaïs Saïed s'est fendu d'un décret qui rendait le trafic de drogue bien moins dangereux que celui des denrées alimentaires subventionnées. Au final, outre une campagne de communication en faveur du président, qu'est-il resté ? Rien, sauf que le prix des produits alimentaires et des matériaux de construction ont flambé. Le chef de l'Etat ne comprend rien à l'économie. Les négociations qui doivent avoir lieu avec le FMI ne figurent pas dans son agenda. Dans l'une des rares fois où il a pris une initiative dans ce domaine, il s'était tourné vers la ministre des Finances en lui ordonnant un audit minutieux de tous les prêts et dons accordés à la Tunisie durant les dix dernières années. C'était le jeudi 28 octobre 2021. Où en est ce rapport ?
Comment est-il possible de faire confiance à un président de la République qui transgresse les lois qu'il a écrit tout seul dans un coin ? Comment faire confiance à un président qui ne cesse de dire protéger les couches les plus faibles alors que celles-là même payent le prix de l'inflation, des augmentations, de la flambée des prix des hydrocarbures ? Comment faire confiance à un président qui a nommé un gouvernement capable d'enlever 600 millions de dinars au budget de la santé pour les donner au ministère de l'Intérieur ?
En plus, il paraitrait que le chef de l'Etat serait la cible d'un plan visant à l'assassiner. Jamais on n'aura entendu parler d'un président de la République que l'on essayerait d'assassiner aussi souvent, alors qu'il n'est président que depuis 2019. Même les chefs d'Etat étrangers, qui avaient envoyé des télégrammes et publié des communiqués de soutien quand on avait, dit-on, essayé de l'assassiner avec une enveloppe toxique –encore une affaire passée sous silence- ne réagissent plus depuis cet épisode.

Sans la confiance, on ne peut rien construire et on ne peut pas avancer. L'amère ironie de la situation dans laquelle Kaïs Saïed a mis le pays, est que la crise resterait ouverte même si la constitution des scribes Belaïd et Mahdoudh était adoptée le 25 juillet prochain. Le président Kaïs Saïed n'hésitera pas à la transgresser de nouveau si jamais cela représente un intérêt pour lui. Au pire, on aura perdu un an, au mieux on aura un autre bout de papier à ajouter à la pile.


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