Le président coordinateur de la Commission nationale consultative pour une nouvelle République, Sadok Belaïd a considéré que la proposition de la nouvelle constitution qu'il avait remis au chef de l'Etat, Kaïs Saïed et celle publiée par ce dernier était deux droites parallèles. Il a mis l'accent sur la différence entre les deux visions apportées par les deux projets. Intervenant le 4 juillet 2022 au micro de Shems Fm durant l'émission Houna Shems animée par Zina Zidi, Sadok Belaïd a affirmé qu'il ne regrettait pas d'avoir présidé la commission et que celle-ci avait réussi à élaborer une proposition en seulement trois semaines. Il a, aussi, déploré l'absence de conditions garantissant une coopération entre certaines personnes ou entités invitées à participer aux travaux de la commission. « Nous avons essayé d'élargir le spectre des participants aux réunions. Il n'y pas eu de réactions à ce sujet ni de la part des personnes convoquées ni de la part de la présidence de la République », a-t-il ajouté. Sadok Belaïd a précisé que le président de la République ne lui avait pas communiqué une copie du projet faisant officiellement l'objet d'un référendum. Il a expliqué que le président de la République ne s'était entretenu avec lui que lors de son hospitalisation. Il a estimé qu'il s'agissait d'une simple visite protocolaire. « Je lui avais demandé de me consulter avant de procéder à toute modification. On s'était mis d'accord... Je sais que nous avions seulement un rôle consultatif... J'avais imaginé que le président de la République allait me contacter pour débattre ou non des modifications apportées... Le silence du président signifie un refus de dialogue », a-t-il poursuivi.
Pour ce qui est du projet de constitution publié par le chef de l'Etat, Sadok Belaïd a souligné l'existence de plusieurs défaillances. Il a critiqué la composition de la cour constitutionnelle se limitant exclusivement à des magistrats. Il a considéré que l'exclusion des universitaires était un danger et signifiait que le président de la République s'était vengé contre les professeurs n'ayant pas salué son initiative. Il a évoqué à ce sujet le refus des doyens des facultés de droit et de sciences juridiques de participer aux travaux de la commission. Il a, aussi, rappelé que le président de la République procédait à la nomination des magistrats. Le doyen a estimé que certains juges pourraient chercher à s'attirer les bonnes grâce du président afin d'être nommés au sein de cette cour ou se sentir redevables au président pour cette nomiantion. « Ceci va mettre en place une cour constitutionnelle conservatrise... Ils vont se transformer en gardiens du temple. Ils vont préserver le contrôle du président », a-t-il dit. Sadok Belaïd a considéré que le projet de la nouvelle constitution se moquait de l'opinion publique, de la société civile et des acteurs politiques en reprenant quelques dispositions de l'article 80 de la constitution de 2014. Il a considéré que le président de la République cherchait à continuer à appliquer cet article. Par ailleurs, le président de la commission a nié les déclarations de Zouhair Maghzaoui , secrétaire général du mouvement Echaâb, affirmant que la commission avait émis des restrictions sur le droit de grève et que la constitution avait été rédigée dans l'ombre.