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Kaïs Saïed et la politique du bâton : les fonctionnaires sous pression
Publié dans Business News le 20 - 12 - 2024

Limogeages, instructions judiciaires, mandats de dépôt… On ne compte plus les mesures disciplinaires et judiciaires lancées contre les hauts fonctionnaires pour manquement à leur travail ou pour concussion. Kaïs Saïed l'a dit et répété : il tient les fonctionnaires dans son viseur.

« C'est une perception, elle n'a rien d'objectif ni de mesurable, mais la perception est bel et bien là : les fonctionnaires font mieux leur travail depuis quelques mois. On ne procrastine plus et on ne nous oppose plus le sempiternel "reviens demain". Il y a une certaine efficacité et une volonté d'en finir avec les dossiers qui dorment. On peut critiquer Kaïs Saïed jusqu'à demain quant à sa politique archaïque et son manque de maîtrise des dossiers, mais il a été diablement efficace pour pousser les fonctionnaires au travail. Il y a des personnes qui ne fonctionnent qu'avec le bâton et la peur, c'est comme ça ! »
Ce témoignage appartient à un chef d'entreprise qui réalise plusieurs millions de dinars de chiffre d'affaires par an et entretient un rapport quasi quotidien avec l'administration, vu la nature de son activité. Sa perception est certes subjective et n'a rien de scientifique, mais elle s'explique.
Il y a une réelle peur dans l'administration tunisienne à cause des pressions venues des ministres de tutelle et de la présidence de la République. Et cette peur, semble-t-il, fait bouger les choses.

Des directives présidentielles répétées
Mercredi 18 décembre, Kaïs Saïed a présidé une réunion avec les membres du gouvernement dans laquelle il a épinglé, une énième fois, l'administration et les fonctionnaires. Il a insisté pour que chaque responsable, quelle que soit la responsabilité qu'il assume, intègre les aspirations du peuple tunisien, comprenne ses attentes et s'efforce de trouver des solutions urgentes tout en surmontant les difficultés rencontrées par les citoyens.
Ces directives présidentielles ont été répétées des dizaines de fois par le chef de l'Etat lors de ses rencontres régulières avec ses ministres.
Si Kaïs Saïed ressent le besoin de répéter la même chose depuis des mois, c'est que l'administration ne tourne pas comme il se doit à ses yeux. Un constat que tout Tunisien peut faire, soit dit en passant.
En dépit de la sévérité du constat, et indépendamment de l'efficacité réelle ou supposée sur le terrain, force est de reconnaître que Kaïs Saïed manie bien le bâton pour pousser l'administration à être efficiente.

Des limogeages en cascade
Début novembre, le PDG de la Pharmacie centrale a défrayé la chronique en déclarant que la situation de son entreprise a conduit à réduire ses commandes de médicaments importés et à prolonger les délais de paiement pour ses fournisseurs étrangers. L'UGTT est montée au créneau pour dénoncer les propos du responsable, qui laissent entendre que certaines personnes, au-delà d'un certain âge, pourraient être privées de traitements médicaux.
La polémique est parvenue au président de la République, qui a fini par limoger le PDG jeudi 19 décembre 2024.
Quelques jours plus tôt, c'est la numéro deux du ministère de la Justice qui avait été limogée. L'inspectrice générale, théoriquement au-dessus de tous les magistrats, aurait mal géré certains dossiers. Les échos du palais font même valoir que la dame serait sous le coup d'une instruction judiciaire.
Rien qu'au mois de novembre, pas moins de quatre hauts responsables ont été limogés, entre PDG et chefs de cabinet.
Le régime ne ménage personne et il tient à le faire savoir. Le message est adressé à tous les fonctionnaires : « Vous travaillez ou vous êtes limogés ! »

Un climat de peur dans la fonction publique
Cette politique de limogeages à tout-va, accompagnée parfois d'ouvertures d'instructions judiciaires, jette un véritable climat de peur dans la fonction publique.
Le risque de démotivation est évident, mais Kaïs Saïed a la réponse à cela. Il l'a dit et répété : tout fonctionnaire qui refuse de faire son travail sera désormais sanctionné, voire poursuivi en justice.

Pour ce faire, il a ordonné, en mai dernier, l'amendement du célèbre article 96 du Code pénal, véritable terreur de tous les fonctionnaires.
Cet article prévoit une peine de dix ans de prison et des amendes à l'encontre des agents publics qui usent de leurs fonctions pour enfreindre les réglementations en vigueur afin de se procurer un avantage injustifié pour eux-mêmes ou pour autrui.
Le président de la République a ordonné l'insertion d'une nouvelle disposition criminalisant le fait de s'abstenir délibérément d'exécuter un ordre lié à ses fonctions dans le but d'entraver le bon fonctionnement du service public. Selon lui, beaucoup invoquent l'article 96 du Code pénal pour refuser d'accomplir leurs devoirs.
Sept mois après, l'amendement de l'article 96 n'a toujours pas vu le jour, mais son effet se ressent d'ores et déjà.

Une pression renforcée par les gouverneurs
Mal payés et souvent privés de carottes, les fonctionnaires ont désormais un bâton derrière pour les pousser à travailler. Non seulement il y a la menace des sanctions administratives classiques, à la tête desquelles le limogeage, mais il y a également le risque d'instructions judiciaires.
On ne compte plus les ministres et les PDG qui sont actuellement derrière les barreaux ou devant les tribunaux. Cela peut même toucher les petits ouvriers et leurs responsables directs, comme on l'a vu avec le scandale du drapeau turc hissé par erreur, en octobre dernier, sur un bâtiment de la SNCFT.
Les gouverneurs, représentants du chef de l'Etat dans les régions, font fréquemment des visites inopinées dans différentes administrations qui ne relèvent pas de leurs compétences pour tancer les fonctionnaires.
On se rappelle encore le scandale de l'ancien gouverneur de Ben Arous, qui s'est rendu à une recette des finances pour humilier ses agents devant les caméras. Au mois de novembre, le gouverneur de Kasserine a fait au moins deux visites de terrain à deux administrations, à savoir une briqueterie et un dépôt de la SNCFT. Constatant des abus, il a décidé de transmettre les dossiers à la présidence de la République.
La pression du chef de l'Etat trouve donc du répondant chez certains ministres et gouverneurs, qui l'exercent à leur tour sur les agents.


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