L'Euro est à 1,79 dinar alors que le dollar s'établit à peine autour de 1,21. Depuis quelques années, l'euro ne cesse de grimper alors que le dollar ne cesse de chuter. Conséquence : notre dinar ne cesse de se déprécier par rapport au premier et de s'apprécier par rapport au second. Seulement voilà, le principal de nos échanges se fait en euros et non en dollars. Faut-il s'approvisionner outre-Atlantique et en Asie pour améliorer, un tant soit peu, le pouvoir d'achat du tunisien ? Pour la première fois de son histoire, la monnaie européenne grimpe au delà de 1,5 dollar. C'est une bonne nouvelle pour nos exportateurs. S'agissant des réserves de change, si nos exportations drainent les devises, celles-ci sont pompées par nos importations dont les prix flambent. Le malheur des uns faisant obligatoirement le malheur des autres, cette hausse est mal perçue par les citoyens, puisque nos principales importations sont européennes. Cela va de la simple voiture à la connexion Internet en passant par les produits de consommation courante, les médicaments, les appareils électroniques, etc. La première question qui vient à l'esprit est : pourquoi l'euro grimpe-t-il ? « En réalité, ce n'est pas l'euro qui est fort mais le dollar qui est faible. Et si le dollar perd du terrain, c'est que les investisseurs craignent une crise durable aux Etats-unis, analyse le magazine français l'Express. ( ) Les propos de Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale, qui a évoqué jeudi des "pressions inflationnistes" maîtrisées, et une éventuelle nouvelle baisse du taux directeur. Les rumeurs sur cette nouvelle baisse du principal taux d'intérêt directeur, c'est à dire le taux d'intérêt auquel les banques commerciales empruntent auprès de la Fed, se font de plus en plus insistantes. Il pourrait ainsi passer de 3% aujourd'hui à 2,5% dès le 18 mars prochain.( ) Résultat, les placements en euros rapportent de plus en plus, comparé à ceux effectués en dollars. La demande en euros augmente, ce qui contribuerait davantage à son appréciation. » La conséquence pour notre dinar se fait tout de suite ressentir. Il s'est ainsi déprécié de 0,3% en janvier par rapport à l'euro et de près de 4% en 2007. Que ce dinar s'apprécie en même temps de 5% par rapport au dollar ne change pas grand-chose pour le consommateur qui continue à avoir un « faible » pour les produits européens de qualité. Concrètement, alors que la pub française propose une voiture à 15.000 euros, le Tunisien ne peut se l'offrir à moins de 38.000 dinars. Celle proposée en Europe autour de 10.000 euros est vendue chez nous à plus de 20.000 dinars. Le Tunisien, comparativement au consommateur européen dont le salaire moyen est cinq fois plus élevé, souffre, en effet, de la hausse de la monnaie européenne, des taxes à la consommation et des frais de transport. Au final, le démantèlement tarifaire vis-à-vis des produits en provenance de l'Europe, n'a pas produit (du moins pour l'instant) l'effet escompté sur le portefeuille du tunisien. La même chose s'applique pour tous les autres produits de consommation que nous importons. Même Internet et le GSM ! C'est étonnant, mais il est bon de rappeler que les opérateurs et fournisseurs d'accès achètent leurs équipements auprès de fournisseurs européens (Siemens, Alcatel, Ericsson, Nokia) et nous payons la bande passante internationale à l'Internet en euros également. Une bande passante que nous utilisons fortement, vu que l'essentiel de la navigation Internet se fait à l'international alors que l'essentiel de la navigation de l'Européen se fait en Europe (donc en local). Un euro fort, est-ce bon pour la croissance ? Malgré tout cela, les chiffres officiels font état de bons résultats. L'inflation est de 3%, alors que la croissance est de 5,7%. Pour ce qui est de l'inflation, nous demeurons sceptiques vu que ce pourcentage n'est pas vraiment ressenti par le consommateur qui estime que son pouvoir d'achat s'est érodé bien plus que des 3% officiels. C'est que le panier retenu pour mesurer l'indice des prix ne reflète pas le panier de la ménagère de 2008 et il est urgent de le mettre à jour en incorporant l'évolution de certains produits importés. Cela dit, l'euro fort fait du bien à notre la croissance vu que nos exportateurs en profitent largement et réinjectent leurs recettes et bénéfices dans l'économie et la création de richesses. Du côté européen, les choses se ressentent autrement et les industriels sont de plus en plus inquiets, notamment ceux qui exportent hors de la zone euro, comme les constructeurs automobiles et aéronautiques, les groupes de luxe ou les entreprises de l'agroalimentaire. L'appréciation de la monnaie unique rend plus chers leurs produits, par rapport à ceux proposés par les concurrents qui se situent en dehors de la zone euro, rappelle à ce sujet l'Express. On le voit bien en Tunisie : face à deux produits, l'un européen, l'autre asiatique et à qualité égale ou presque, on choisit systématiquement l'asiatique parce qu'il est moins cher. Autre avantage de la hausse de l'euro (et la dégringolade du dollar), nos achats en carburants. Ceux-ci se font en dollars, ce qui fait que nous ressentons moins fort l'augmentation du baril que si l'on était en zone dollars. En clair, l'impact des hausses du baril aurait pu être beaucoup plus catastrophique pour une économie comme la nôtre s'il n'y avait pas cet aspect additionné à l'intervention de l'Etat via la caisse de compensation. Malgré tout cela, cette hausse continue de l'euro ne peut que freiner la baisse du pouvoir d'achat du Tunisien qui ne peut s'empêcher d'acheter des produits européens qu'il le veuille ou pas. Crédit caricatures Dilem : TV5 - Euro-dollar : Worldpress