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Tunisie - Derrière les barreaux, un monde à part
Publié dans Business News le 13 - 04 - 2012

Les prisons, les détenus, les évasions, les amnisties, autant de sujets qui ont fait couler beaucoup d'encre, depuis la révolution. A commencer par le «Prison Break» des premières journées, les incendies, les évasions multiples, avant d'arriver à la polémique autour des amnisties, sans oublier certains échos concernant la persistance de la torture dans nos prisons.
Conscient de l'importance du sujet aux yeux des détenus, des agents et, bien évidemment, de l'opinion publique, le ministère de la Justice a déclenché une série d'actions en vue d'éclairer les citoyens. Après une conférence de presse, tenue le samedi 7 avril, une visite des représentants des médias a été organisée dans certaines prisons le dimanche 8 avril 2012 et à laquelle nous avons participé avec d'autres collègues de la presse tunisienne.
A 30 kilomètres de Tunis, la prison de Borj El Amri, s'étend sur 4 hectares, elle est la deuxième plus grande prison de Tunisie après celle de Mornaguia. Dès qu'on franchit le portail d'entrée et les murs considérablement hauts, une impression d'isolement et d'enfermement nous a envahis. Bien entendu, le personnel était, à la fois, excité et stressé à l'idée d'accueillir le ministre ; ce qui conférait aux lieux, une animation inhabituelle. Une fois arrivé et salué par un rang de haut-gradés des agents pénitentiaires, M. Bhiri a eu droit à un exposé descriptif des lieux, de ses atouts et, également, de ses difficultés.
Abritant, actuellement, quelque 1330 détenus, la prison n'est pas surpeuplée en ce moment selon son directeur.Ce dernier a présenté la prison de Borj El Amri tout en mettant en évidence les nouvelles installations et programmes de réhabilitation des détenus. Au cours de la visite des différentes sections de la prison, nous avons découvert l'étendue des dégâts occasionnés par les troubles postrévolutionnaires. Des portes arrachées des murs de certaines cellules à l'aide des lits en fer des prisonniers, témoignent des violences qui se sont produites dans cette prison.
Nous avons été invités à visiter le nouveau centre de réhabilitation. Des ateliers d'informatique, de menuiserie métallique, de coiffure, de joaillerie, d'électricité, flambant neufs sont mis à la disposition de certains détenus triés selon des critères d'âge, de discipline et de peine.
Le responsable, qui nous a guidés, a également parlé d'activité sportive, de jeux, de bibliothèque et d'animation culturelle pour les prisonniers.
Ensuite, les portes verrouillées de deux cellules nous ont été ouvertes. La première est celle de la contenant des jeunes délinquants détenus, pour la plupart, pour consommation de drogue. Ces détenus étaient, dans leur majorité, des adolescents. Ils étaient entassés à quarante dans la même cellule, ils ne pouvaient que susciter la compassion. La deuxième cellule contenait des dizaines de trafiquants de drogue, aux visages plus endurcis, se chamaillant pour avoir la parole et se faire entendre par le ministre, exposant chacun son cas, et appelant au pardon ou à la remise des peines.
Le long des couloirs de la prison, les agents et les gardiens, voulaient, également, s'exprimer et attirer notre attention sur leur situation de travail. Un gardien s'est empressé de dire : «Pourquoi vous intéressez-vous uniquement aux détenus? Et nous alors, vous pensez que notre travail est facile? Vous prétendez qu'il y a toujours de la torture, comment peut-on torturer et pour quelle raison ? C'est nous qui sommes violentés par les détenus, c'est nous qui subissons les humiliations! Eux au moins, ils paient leurs dettes envers la société pour les crimes qu'ils ont commis, alors que nous, nous sommes chargés de les surveiller et nous souffrons autant qu'eux, si ce n'est plus. Nous sommes très peu nombreux. Chaque gardien s'occupe, en effet, de plus de deux cents détenus, à lui seul! Je vous invite à vivre notre calvaire, ne serait-ce qu'une journée de 8 heures du matin à 17 heures de l'après-midi».
Une fois arrivés à la deuxième prison à visiter, celle de Mornag, la nature tout autour était si belle. Mais bien évidemment la situation à l'intérieur était loin de l'être. Plutôt sinistre. Le directeur de la prison nous a expliqué que la bâtisse était très vieille et qu'à l'origine ce n'était qu'une ferme agricole, donc l'infrastructure n'est absolument pas adaptée pour servir de prison. Et en attendant l'achèvement de la nouvelle construction, encore en chantier, les détenus sont toujours logés dans les 12 vieilles cellules.
Une cellule a été ouverte et nous avons pu accéder et entrer en contact avec les prisonniers. Il s'agit de la cellule «des personnes âgées, des malades et des non fumeurs», abritant quelques dizaines de personnes. Dans leurs cellules sombres et d'où émane une forte odeur de moisissure, ces détenus y sont déjà depuis plusieurs mois voire des années.
Les détenus, cherchant à s'adresser au ministre, dans l'espoir de « glaner » une libération ou une accélération des procédures, ont essayé de l'aborder. Ce dernier a surtout rappelé la possibilité pour ces coupables de se racheter dans la société et d'obtenir leur droit à la réintégration. Un détenu «phare» s'est fait remarquer, c'était le célèbre homme d'affaires et entrepreneur, Khaled Kobbi. Il a profité de la présence des médias afin de crier à l'injustice et d'énumérer toutes ses réalisations, projets et actions de bienfaisance. Il ne s'est arrêté de parler que lorsque la porte blindée de la cellule a été verrouillée.
Les conditions de détention ainsi que les conditions de travail des agents et gardiens, vues de si près, confirment la complexité de la situation.Les prisons souffrent évidemment d'un manque d'effectif, mais également d'équipements et de moyens de transport. Par exemple, le médecin de la prison de Borj El Amri, a déploré ne pas disposer d'ambulance. A titre anecdotique, il a raconté qu'une fois, un patient parmi les détenus devait être transporté d'urgence vers un hôpital, mais il était tellement grand de taille que les portes arrière de la voiture de service ne pouvaient être fermées et les pieds du malade débordaient !
De son côté, le ministère de la Justice a annoncé la décision de certaines réformes, dont certaines sont urgentes et d'autres, à long terme. Pour les mesures urgentes, il s'agit d'abord de reconstruire les prisons endommagées lors de la période postrévolutionnaire. A ce titre, M. Bhiri a annoncé la création d'un fonds, sous forme de compte bancaire, qui sera alimenté par des donations et cotisations et qui servira à financer les travaux d'aménagement et de reconstruction des prisons. Le ministre a, également, affirmé qu'il préconise de revoir le statut des agents travaillant dans les prisons, de les former, de les encadrer et d'améliorer leurs conditions de travail. Il a précisé qu'on envisage, aussi, de renforcer les équipes par des recrutements périodiques.
Concernant les réformes à moyen terme, le ministère de la Justice prévoit la refonte du Code pénal et l'amendement de certains textes légaux régissant le secteur.
Ces mesures pourront certes améliorer en partie le système pénitentiaire, mais nos prisons restent loin de l'harmonisation avec les normes internationales, et la réforme de la Justice semble prendre un chemin long et semé d'embûches.


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