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Réforme du système sécuritaire en Tunisie : sommes-nous sur la bonne voie?
Publié dans Business News le 25 - 01 - 2013

Les forces de l'ordre en Tunisie ont, pendant de longues années, été instrumentalisées pour servir le pouvoir, le protéger contre les opposants ou dissuader et décapiter tout bourgeon de révolte. Cette image ternie tarde à se dissiper, plus de deux ans après la révolution.
La répression des manifestants du 9 avril 2012, les tirs à la chevrotine à Siliana, l'échec de la sécurisation de l'ambassade américaine lors de "l'invasion islamiste" du 14 septembre 2012; de nombreux exemples de défaillances prouvent que, malheureusement, même si on parle de réformes voire même « d'assainissement » du secteur, cela demeure encore utopique, limité et peu efficace.
Dans le but de faire bouger les choses, et convaincue du rôle important de la société civile dans la réforme du système sécuritaire, l'association "Reform", née après la révolution, suite à l'initiative d'un groupe de citoyens tunisiens en vue d'agir en faveur de la réforme de l'appareil sécuritaire, a organisé, les 25 et 26 janvier 2013 à Tunis, un colloque international intitulé : "La réforme du système sécuritaire post-révolution: état actuel et défis".
Ont participé à ce colloque des personnalités tunisiennes liées directement ou indirectement à l'institution sécuritaire, dont notamment Saïd Mechichi, secrétaire d'Etat actuel auprès du ministre de l'Intérieur chargé de la réforme, l'ex secrétaire d'Etat au même poste au gouvernement de Béji Caïd Essebsi, Lazhar Akremi et Abdessattar Moussa président de la LTDH. En outre, d'autres experts et responsables sécuritaires occidentaux ont pris part à ce colloque, dont Eka Zgouladze, ministre de l'Intérieur géorgienne depuis septembre 2012 et célèbre pour avoir réussi une "reconfiguration" de la police dans son pays. Autre participant, Christopher Stone, président de l'Open Society Foundation et expert international en réforme de la justice criminelle, et Jonas Loestscher coordinateur de projets "MENA" (division opérations Afrique et Moyen-Orient).
Parmi les autres participants, on a noté la présence de Kamel Jendoubi, ancien président de l'ISIE, le colonel Major Mokhtar Ben Nasr du ministère de la Défense nationale, Nadia Chaâbane et Sami Ettaïeb, tous deux députés à l'Assemblée nationale constituante, Tahar Belkhoja ancien ministre de l'Intérieur au gouvernement de Bourguiba et des juristes et avocats tels que Ghazi Gherairi, Jawhar Ben Mbarek et Abdennaceur Laâouini. A noter bien évidemment la présence de plusieurs anciens ou actuels membres des syndicats des forces de l'ordre, des représentants de la société civile et des journalistes tunisiens et internationaux.
Le constat général qui fait l'unanimité est qu'il y a actuellement un sentiment d'insatisfaction et une appréciation négative du rendement du système sécuritaire, que ce soit de la part de politiciens, de citoyens lambda et même parmi les forces de l'ordre elles-mêmes. Des questions se posent alors: Pourquoi la réforme n'a-t-elle pas bougé d'un pouce? Pourquoi un agent de l'ordre vit-il encore avec un salaire de misère? Et d'un autre côté, pourquoi meurt-on encore sous la torture dans un poste de police?
Autant de questions auxquelles ont tenté de répondre les conférenciers du premier panel réservé aux intervenants tunisiens. Le secrétaire d'Etat Saïd Mechichi, pour sa part, a rappelé que pour évaluer la situation, il faut traiter la question d'une manière globale et "mettre les choses dans leur contexte". "La situation est très compliquée par les legs de l'ancien régime, une crise de confiance entre les agents et les citoyens et des moyens matériels déjà réduits et qui le sont devenus encore davantage à cause des attaques perpétrées contre les postes et véhicules des forces de l'ordre et qui persistent encore". M. Mechichi a également réagi à certains intervenants qui se sont plaints de mauvaise situation matérielle de l'agent ou d'un "limogeage abusif". Il a admis que la réforme passe obligatoirement par l'amélioration de l'agent et la confirmation de ses droits syndicaux.
Quant à la question embarrassante concernant l'usage de la torture lors des interrogatoires, M. Mechichi a affirmé qu'il ne s'agit pas d'une politique mais d'actes isolés, dont les responsables assumeront les conséquences de leurs pratiques sur le plan judiciaire. Par ailleurs et suite à son affirmation concernant la collaboration en cours avec la commission relative à la réforme administrative au sein de l'ANC, Nadia Chaâbane est intervenue pour le contredire et affirmer que le ministère de l'Intérieur travaille en catimini et refuse de répondre à leur requête, une intervention qui a valu des applaudissements parmi l'audimat.
Lazhar Akremi, ancien secrétaire d'Etat chargé de la réforme sécuritaire, a estimé que les agents ont beaucoup de mérite car ils ont été la cible d'insultes et de dénigrement, mais n'ont tout de même pas failli à leur devoir de protéger les citoyens. Il a ajouté que les agents ne sont pas le maillon faible du système. Ils ne constituent pas la source de faiblesse, le problème consiste dans la politique adoptée. M. Akremi a soutenu: "Il ne s'agit pas de revendiquer une police républicaine, mais plutôt une police neutre et démocratique. L'exemple de la police britannique, qui est une police royale, en est bien la preuve!".
M. Akremi, ayant élaboré un manuel intitulé "le livre blanc" justement sur le thème de la réforme sécuritaire est revenu sur son œuvre pour en citer quelques exemples. Il a résumé son approche en affirmant que "la réforme se base obligatoirement sur le dialogue et la transparence".
Cette première partie du débat a été clôturée par une série d'interventions assez touchantes. Entre le blessé de la révolution amputé de la jambe qui exprime son désarroi, l'officier limogé et toujours écarté en dépit d'un jugement du tribunal administratif en sa faveur qui crie à l'injustice et le retraité des forces de l'ordre qui fait le récit d'une vie au service de la patrie, l'émotion était fortement ressentie.
La seconde partie du colloque a été animée par les intervenants internationaux venus témoigner de leurs expériences dans le domaine de la réforme sécuritaire.
Eka Zlouladze, la ministre de l'Intérieur de la Géorgie, devenue ministre à l'âge de 33 ans, a apporté son témoignage sur l'expérience géorgienne avec une restructuration globale du système sécuritaire. Elle a, entre autres, cité le limogeage de 20 000 agents et le lancement d'une nouvelle école de police avec de nouvelles recrues. Elle avait également décidé de construire un nouveau siège du ministère de l'Intérieur, entièrement vitré, afin de consacrer la notion de transparence morale et matérielle entre la police et la communauté et instaurer une nouvelle mentalité: "la police est proche et est au service du peuple". A titre d'anecdote, elle a cité l'exemple des conducteurs pris en flagrant délit de conduite en état d'ivresse, elle a affirmé qu'outre le PV de l'amende et la confiscation de la voiture, les conducteurs ivres étaient reconduits chez-eux "sains et saufs", ce qui a amélioré l'image des agents et les ont rapprochés de la communauté.
Mme. Zlouladze a, également, avoué être au départ sceptique et même hostile à la police, ayant elle-même vécu une épreuve, mais qu'au fil des années, elle avait compris qu'il fallait tout effacer, repartir sur de nouvelles bases avec de nouvelles personnes à la tête de tous les postes importants. "C'était une réponse responsable" à un peuple qui attendait beaucoup de nous et qu'on ne voulait pas décevoir", a-t-elle conclu.
Ainsi, il n'y a pas de "recette miracle", ni de "mode d'emploi" pour une réforme sécuritaire dans l'absolu. Une combinaison d'ingrédients : C'est avec le dialogue, la transparence, le regain de confiance, la lutte contre la corruption, un programme clair et des mesures concrètes qu'on peut espérer réussir notre "transition sécuritaire" générée par la transition démocratique que nous visons.
Par ailleurs, il reste tout de même indispensable, pour toute réconciliation, de répondre aux questions troublantes telles que: "Qui a tiré ou qui a donné l'ordre de tirer sur les blessés et martyrs de la révolution? Ou bien encore : Y a-t-il eu vraiment des snipers ? Si oui, où sont-ils passés ? Des questions qui exigent des réponses, pour que justice soit faite, sinon la plaie risque de ne jamais cicatriser.


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