L'Association des magistrats tunisiens (AMT) a réagi aujourd'hui, vendredi 18 novembre 2016, aux réactions qui ont suivi l'annonce du verdict de l'affaire Lotfi Nagdh. Dans un communiqué, l'AMT a dénoncé « les campagnes visant la magistrature et les magistrats, mettant en doute leur indépendance et honnêteté, les traitants des pires noms et les accusant de suivre des agendas politiques et partisans » tout en exprimant son soutien aux juges du tribunal de première instance de Sousse « dans ces circonstances difficiles ». Et d'appeler, par la même, les magistrats à « veiller à appliquer la loi et à garantir les bases de procès équitables dans le cadre de l'indépendance et de la totale impartialité, et ce sans céder aux pressions médiatiques et à celles exercées par l'opinion publique ». Aussi, l'AMT met en garde contre « les graves écarts commis par certains partis politiques et élus du Parlement qui ont participé aux procès médiatiques et à la politisation de l'affaire » et pointe du doigt « les dangers de la manipulation de l'opinion publique contre les magistrats, sans connaissance des différents détails de l'affaire et sans avoir l'expertise nécessaire pour commenter objectivement et juridiquement les verdicts rendus ».
Les magistrats se sont dit, dans le même document, « préoccupés par la mobilisation populaire des proches, autant des accusés que de la famille du défunt, qui ont levé des slogans et semé des troubles à l'extérieur et à l'intérieur même du tribunal ce qui est contraire aux principes les plus élémentaires de respect de l'indépendance la justice et la sainteté des tribunaux et la primauté du droit et des institutions ».
On rappellera que, dans la soirée du 14 novembre, le Tribunal de première instance de Sousse a prononcé un non-lieu, très critiqué, dans l'affaire de l'assassinat de Lotfi Nagdh, dirigeant Nidaa Tounes à Tataouine, et ce en faveur de la totalité des accusés.