Un des passagers rescapé du naufrage d'une embarcation de transport de clandestins, survenu dimanche sur les côtes de Kerkennah, a témoigné ce lundi 4 juin 2018, sur Shems FM, racontant les circonstances de ce drame qui a fait de nombreuses victimes. « L'embarcation sur laquelle nous étions n'est prévue que pour une centaine de personnes, tout au plus. Nous étions 180 dessus et l'eau a commencé à s'infiltrer. Nous avons commencé à évacuer l'eau, à aider le capitaine, qui semblait, tout en nous sachant condamnés, calme et serein. Au dernier moment, il a sauté du bateau, juste avant que celui-ci ne chavire et que nous nous retrouvions tous, femmes enceintes, enfants, personnes âgées et handicapées, dans l'eau. Le capitaine a en gros, pris l'argent des gens pour les tuer ! » a-t-il poursuivi.
Le colonel-Major Mohammed Salah Sagaama, commandant de la base navale de Sfax a expliqué, pour sa part, que l'embarcation a quitté la région de Mellita avec 30 personnes à bord, elle devait être rejointe en mer par d'autres embarcations tranportant des passagers avant de poursuivre sa route vers l'Italie. Toutefois, le bateau, une fois plein, a commencé à rencontrer des difficultés en mer. « Nous avons pu localiser le bateau à 2h45 et nous avons pu sauver 68 personnes dont 60 Tunisiens. Nous avons repêché 48 cadavres dont le dernier a été remonté hier à 18h55. 9 embarcations maritimes, un hélicoptère ainsi que deux équipes de plongeurs, ont été mobilisés depuis ce matin pour retrouver les autres passagers. Malheureusement, les conditions climatiques ne sont pas favorables. Le bateau a chaviré dans une mer à plus 3m de profondeur et à 7 miles du port commercial de Sidi Youssef, il mesurait 9m et n'était pas destiné au transport des personnes, pourtant selon les informations recueillies, il y avait bien 180 migrants à bord » a-t-il ajouté.
« L'information selon laquelle un bateau était en difficulté nous est parvenue aux environs de 23h samedi, nous avons mis du temps à le localiser. Il y a mille et une manières de quitter l'île par la mer, et peu importe le nombre de sécuritaires à Kerkennah, il est impossible que le phénomène de la migration clandestine soit totalement éradiqué » a estimé le colonel-Major.