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Nabil Karoui et Kaïs Saïed valent mieux que Bourguiba et Ben Ali
Publié dans Business News le 23 - 09 - 2019

« Le Tunisien, celui qui se gare en deuxième file, qui bloque la circulation, qui fume dans les espaces non fumeurs, qui ne respecte pas les files d'attente, qui achète ses fruits chez les camions garés dans les ronds-points, qui achète cigarettes algériennes, essence libyen, qui paye le gardien d'un parking 1 dinar à la place de deux dinars sans prendre de ticket, qui n'a jamais payé de taxes municipales, qui achète une FCR (privilège fiscal destiné aux Tunisiens vivant à l'étranger) pour acheter une voiture moins chère en devises alors qu'il réside en Tunisie, qui voyage même à la Mecque avec quelques centaines d'euros non déclarés, qui loue son garage et une chambre sur le toit sans payer d'impôt, qui regarde les chaînes françaises et Bein sport en payant juste un abonnement Sharing et iptv. C'est lui qui traite Nabil Karoui de mafieux et préfère voter Kaïs Saïed ».
Ce magnifique texte à l'auteur inconnu, fait le buzz ces derniers jours sur Facebook et reflète à merveille notre réalité de tous les jours. On pourrait citer des dizaines d'autres exemples du quotidien ordinaire d'un Tunisien ordinaire qui fait les 400 coups le matin et donne des leçons de moralité le soir.
Depuis la proclamation des résultats du 1er tour de la présidentielle, on ne cesse de lire ici et là des textes moralisateurs et culpabilisateurs contre ceux qui ont l'idée de voter pour Nabil Karoui ou de critiquer « le prophète » Kaïs Saïed.
C'est qui Kaïs Saïed, c'est qui Nabil Karoui ? Personne ne saurait répondre avec exactitude à ces deux questions, mais interrogez n'importe qui et il vous donnera l'air d'en savoir mieux que quiconque. Il vous dira que Nabil Karoui est un mafieux, que Kaïs Saïed est un anarchiste et que tous les deux sont dangereux pour la démocratie et l'Etat. Il vous dira que le Tunisien est idiot en ayant porté ces deux là au deuxième tour de la présidentielle.

Si l'on prend cependant un peu de recul et de distance, il s'avère que c'est ce discours-là qui est dangereux pour la démocratie et l'Etat.
Parmi les blagues ayant bien circulé cette semaine, au lendemain du 1er tour, celle-ci se distingue : « maintenant, on comprend mieux pourquoi Bourguiba et Ben Ali votaient à notre place ». Le message est très vicieux et en dit long sur notre état d'esprit, celui d'une « intelligentsia » bien-pensante au QI supérieur à la moyenne. Parce que le deuxième tour n'a pas porté quelqu'un comme Abdelkarim Zbidi, Youssef Chahed, Mehdi Jomâa ou Saïd Aïdi, le Tunisien est donc idiot. Qu'en est-il alors des Etats-Unis qui ont amené George Bush père et fils et Donald Trump à la Maison Blanche ? De la France qui a porté Marine Le Pen au deuxième tour, de l'Italie qui a porté Silvio Berlusconi et Matteo Salvini au pouvoir ou encore, tout récemment, de l'Ukraine qui a ramené, à la tête de l'Etat, l'humoriste de 41 ans Volodymyr Zelensky ?
La Tunisie a choisi en 2011 le chemin de la démocratie et, à ce titre, le Tunisien se doit d'accepter toute personne élue qui qu'elle soit.
Cette donne n'est cependant pas acceptée par ceux « qui pensent mieux que nous » à commencer par nos gouvernants eux-mêmes. Vous avez déjà ces magistrats qui violent allègrement la présomption d'innocence en laissant Nabil Karoui en prison, contre vents et marées, les islamistes et radicaux qui appellent à voter pour Kaïs Saïed alors qu'ils n'ont aucune idée sur son programme ou encore cette gauche qui appelle à voter Karoui, juste parce que Saïed est soutenu par des radicaux.

Choisir son futur président est un acte personnel que tout citoyen accomplit en toute âme et conscience. Penser que cet acte est motivé par un biffeton est juste du mépris à l'encontre de concitoyens dont la voix est identique à la vôtre et ce mépris ne devrait pas avoir sa place dans une démocratie. Toutes les histoires de « makrouna » sont donc à balayer d'un revers de la main car ce ne sont pas des pâtes qu'a offert le candidat Karoui aux nécessiteux, mais de l'espoir d'un lendemain meilleur. Un espoir que les différents gouvernants depuis 2011 n'ont pas su transformer en actes concrets.
De même, penser que les fans de Kaïs Saïed sont idiots parce qu'ils veulent l'anarchie est du mépris envers eux. Car s'ils ne veulent plus de ce système, s'ils veulent quelque chose de nouveau, c'est parce qu'ils en ont marre d'un système qui les broie, qui ne les reconnait pas, dans lequel ils n'arrivent pas à trouver de place, qui ne leur inspire rien.
Si on veut une démocratie, il faut accepter le jeu démocratique et cesser de traiter de haut et avec mépris ses compatriotes qui ont choisi Nabil Karoui ou Kaïs Saïed.

Le fait est que l'on soit loin de là. Ce mépris est quasi généralisé et il est visible chez les deux camps. Les radicaux regardent les progressistes en les qualifiant de mafieux qui ont pillé le pays pendant soixante ans. Les progressistes regardent les radicaux en les qualifiant d'incultes et anarchistes qui vont « somaliser » la Tunisie.
Ce mépris généralisé est dangereux pour tout le processus démocratique car il y a ceux qui n'attendent que cela pour fermer la parenthèse démocratique. Faut-il rappeler que Youssef Chahed a tenté, en vain, de pondre une loi sur mesure pour barrer la route à Nabil Karoui ?
Que faire ? Accepter le résultat des urnes et accepter l'autre, même si c'est le diable, même si c'est un clown. C'est ça la démocratie. Le combat ne peut pas se faire avec les injures sur Facebook et encore moins en jouant des rouages juridiques à double tranchant. Une justice aux ordres du pouvoir exécutif peut se retourner contre vous en un rien de temps, dès lors qu'il y a un changement de la direction du vent.
A défaut de vouloir accepter l'autre et le résultat des urnes, on va devoir accepter que quelqu'un vienne voter à notre place et ce n'est pas du tout cela qu'on veut. Pour les générations futures, pour construire un avenir meilleur pour nos enfants, il vaut mieux avoir un Kaïs Saïed ou un Nabil Karoui élus démocratiquement qu'un Habib Bourguiba ou Zine El Abidine Ben Ali qui nous sont imposés et qui réfléchissent et votent à notre place. Le prix est élevé à court et moyen terme, certes, mais sur le long terme, notre salut ne viendra que par ce chemin démocratique.

N.B : Zine El Abidine Ben Ali est décédé jeudi 19 septembre en Arabie saoudite et a été enterré à la Médine, conformément à ses derniers souhaits. Il avait une vision de l'Etat, de la suprématie de l'Etat, qui a fait qu'il décide à notre place pendant longtemps. Pour cela, on l'a appelé dictateur parce qu'il a privilégié l'Etat à l'individu. L'Histoire le jugera à sa juste valeur, il faudra encore quelques années pour ce faire. Il était peut-être dictateur et tortionnaire, falsificateur et voleur mais il était patriote qui a toujours barré la route aux ingérences étrangères, aux I Watch et Ben Sedrine et autres vendus au Qatar, Etats-Unis, France et Turquie. Comme beaucoup, il pensait bien faire en se positionnant comme tête bien-pensante en prenant des décisions à notre place. Notre éducation et notre culture exigent que l'on dise « paix à son âme ! ».


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