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Discours au temps du coronavirus
Publié dans Business News le 18 - 03 - 2020

Dans son allocution du 17 mars 2020, le président de la République, Kaïs Saïed, s'est livré à un exercice périlleux. Le contexte de crise sanitaire dans lequel vit actuellement la Tunisie ne facilite pas sa tâche, mais il faut bien avouer qu'il ne s'est donné aucune chance.
Kaïs Saïed a dit que les « Hommes libres de Tunisie sont capables de relever tous les défis ». Lui, n'a pas réussi à relever le défi du timing en faisant poireauter tous les Tunisiens qui attendaient son intervention, pensant y puiser de l'espoir et de la force. Le désormais légendaire « sous peu » affiché laconiquement sur la page de la présidence a éreinté les nerfs de Tunisiens perdus et apeurés à cause de la pandémie due au coronavirus.
La mesure phare annoncée par un président qui se voulait martial et solennel est l'annonce du couvre-feu de 18h à 6h du matin. Osons espérer que cette décision n'a pas été prise par le président en conclave avec ses conseillers et qu'elle a fait l'objet de concertations avec les chefs militaires et sécuritaires pour en étudier tous les aspects. Cette décision a suscité la polémique et les Tunisiens sont divisés concernant son utilité et son efficacité dans le contexte actuel. Les débats tournent depuis hier soir sur cette question de couvre-feu qui peut avoir différentes interprétations. Mais il est des choses dites dans le même discours qui ne laissent aucun doute sur le fait que le président est malheureusement à côté de la plaque.
Kaïs Saïed a évoqué la nécessité pour l'Assemblée de mettre en place des lois concernant le remboursement des dommages que causera la crise à l'activité et aux revenus de plusieurs milliers de personnes. Il est curieux de la part d'un président de la République d'ignorer que ces mécanismes existent déjà au niveau législatif et dans les mécanismes de fonctionnement de l'Etat. Ils ont été activés, par exemple, lors des inondations du gouvernorat de Nabeul en septembre 2018 pour rembourser les victimes. Il est surréaliste de penser que l'Etat tunisien n'a prévu aucun mécanisme législatif pour faire face à une catastrophe naturelle comme la propagation d'un virus. Par ailleurs, un président de la République devrait savoir qu'il peut proposer des projets de loi et qu'il aura même la priorité d'examen par l'ARP. En outre, la seule possibilité législative si on souhaite passer obligatoirement par l'ARP est une loi de finances complémentaire 2020 qui allouerait de nouveaux fonds à la lutte contre le Covid-19. Parce que M. Saïed, doit sûrement être au courant que l'allocation des fonds de l'Etat aux différents ministères se fait en vertu d'une loi, appelée loi de finances. Et donc, changer cette allocation nécessite également, une loi.
Serait-ce une manœuvre de la part du président de la République pour jeter le discrédit sur une Assemblée inefficace présidée par un Rached Ghannouchi qu'il ne supporte pas ? Kaïs Saïed oserait-il profiter du contexte de crise sanitaire pour lancer des piques politiciennes ? Non, sa sainteté n'y penserait même pas, diraient ses fans.

Plus loin dans le discours, Kaïs Saïed émet une prophétie, une prévision qui lui a été inspirée par je-ne-sais quel pouvoir. « Si les consignes sont respectées, nous reviendrons à une situation normale dans deux semaines au plus ». Il n'y a absolument aucune donnée scientifique ou modèle ou projection qui permettent d'étayer une telle affirmation. Il avait pourtant commencé par dire qu'il avait consulté tous ceux qu'il se devait de consulter en pareille situation. Comment un président de la République peut se permettre une telle approximation, une telle promesse ? Ce qu'il a dit est tout simplement faux. Se baser sur les deux semaines d'incubation du virus pour lancer une telle affirmation est au mieux naïf. Manque de pot pour Kaïs Saïed, dans deux semaines nous serons le 1er avril…

Une autre proposition du président de la République a suscité les commentaires. Elle concerne le don de la moitié du salaire ou plus à l'Etat pour participer à la lutte contre le coronavirus. Pour donner l'exemple, Kaïs Saïed a déclaré qu'il allait lui-même s'appliquer cette directive. Il a aussi précisé qu'il s'agissait d'une proposition qui ne concerne que ceux qui le peuvent. Mais justement, combien de personnes peuvent se permettre cela en Tunisie ? Il en existe très peu. Au final, cette annonce a eu l'effet de montrer un président déconnecté des réalités et qui demande des efforts financiers à une population qui a déjà beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Kaïs Saïed a donné l'impression de ne pas être conscient des réelles difficultés des Tunisiens qui se préoccupent plus de leur avenir professionnel et donc économique que de la propagation du risque d'infection.
Au final, ce n'est pas dans le discours de Kaïs Saïed que les Tunisiens auraient pu trouver un semblant d'espoir ou des ressources pour faire face à la crise sanitaire qui frappe le pays. Les discours des présidents ne sont pas faits pour présenter des mesures ou pour tenir un discours technique. D'autres personnes sont mieux outillées que Kaïs Saïed pour cela. Les peuples cherchent à être rassurés par leurs leaders, ils cherchent à avoir l'impression que la situation est sous contrôle, que l'on sait ce qu'on fait. Les gens cherchent à se rassurer par rapport au leadership de leurs chefs. Il est clair que cet objectif n'a été accompli ni par Kaïs Saïed, ni par Elyes Fakhfakh.


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